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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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permettez que je m’arrête là.
    Il immobilisa son cheval, reprit son souffle et lança d’une voix où le dédain vibrait, hostile et menaçant :
    –  Et vous, qui êtes-vous ?
    –  Je n’en ferai pas secret. Je suis le comte de Denia qui sied en Aragon et mes compagnons sont Espagnols.
    –  Or, dites, messire, si cela vous semble bon : Bertrand Guesclin est-il en votre compagnie ?… N’en faites point mystère…
    –  Nenni, messire, dit Dénia en s’inclinant avec cérémonie. Vous ne pourriez lui chercher querelle. Nous sommes Espagnols et quérons le combat. Je vous le dis pour moi. S’il plaît à Dieu, nous l’aurons contre les Anglais.
    –  Vous l’aurez à bref délai !
    Le chevaucheur tourna bride et galopa vers ses compères. À peine leur eut-il adressé la parole que la plupart des fourrageurs mirent pied à terre après avoir éloigné leur butin bêlant et mugissant. D’autres galopèrent vers une éminence à la pente abrupte auprès de laquelle ils libérèrent leurs chevaux et les poussèrent vers le sommet afin de les protéger.
    « Cinq cents hommes. Les écus au col et les armes au poing. Les pennons sont levés… Ils se placent bien mais sont trop près l’un de l’autre. Ils jettent leurs cris et nous attendent. »
    –  Apprêtez-vous à prendre votre eslai 245  ! hurla Dénia, entouré de ses ricos hombres.
    La colline se composait de terre et de cailloux qui se dérobaient sous les pieds, roulaient, bondissaient. Les genets, tout alertes qu’ils fussent, seraient en difficulté pour gravir cette pente : un sol traître et les sagettes ennemies.
Salauderie de guerre ! grommela Tristan.
    Il cracha et vit Tello tourné vers ses capitaines :
    –  Seigneurs ! Par la poitrine de nous !… Nous tiendrons meshuy-ci 246 ces gens ! Nous les devrions ore avoir dévorés ! Avant ! Avant ! Combattons-les de meilleure ordonnance. On n’a rien si on ne le compare !
    Les roncins de France et les genets d’Espagne refusèrent d’aller plus avant que cinq ou six toises de talus. Les chevaliers jurèrent et, redescendant, se mirent à encercler les Anglais, à revenir gravir la pente, à la redescendre encore. Quelques arbalétriers hardis décochèrent des carreaux sur cette masse d’hommes par trop agglomérés d’où jaillissaient des invectives. Se penchant sur Malaquin, Tristan qui n’avait pas encore bougé, vit du sang perler dans l’herbe. Aucun doute : la sole de l’antérieur gauche avait touché quelque chose de dur et de coupant. Il mit pied à terre, vit la blessure et s’adressant à Paindorge :
    –  Je combattrai ainsi. Emmène mon cheval au large et restez-y.
    –  Mais, messire…
    –  Obéis. Malaquin est navré. La sole avant senestre. Essaie de le soigner : je ne veux pas le perdre.
    Les premières sagettes galloises sifflaient. Paindorge s’éloigna, menant les chevaux par la bride. Les Espagnols se mirent à pousser leurs montures vers la pente, encore et encore.
    « Deux cents hommes d’armes et autant d’archers prêts à périr ! »
    Déjà des genétaires basculaient de leur selle. Déjà des chevaux seuls s’en allaient au galop. Le bruit confus d’une bataille qui ne se décidait qu’incomplètement retentissait : halètement des hommes secoués par les foulées et froissement des jambières – fer et coutil ou futaine – sur le flanc des bêtes en rangs serrés. Déjà des cris de mort et hurlements de haine. Des cliquetis assaisonnés du frissement des viretons et des sagettes. Putain de guerre !
    « Tu n’es pas seul à pied, Tristan. On te fait signe. Vas-y. Tu ne peux passer pour un couard !… Oui, oui, tout ça est plein de grosse déplaisance… Vas-y… Ce sont aussi tes ennemis ! »
    Voire ! Il avait partagé avec certains d’entre eux vie quotidienne et mangeaille. Ils ne différaient point de lui. « Tiens, Shirton, par exemple… » Était-il présent ce matin, sur cette pente ardue, son long bow prêt à cracher des sagettes meurtrières ?
    –  Castille au roi Henri !
    Dénia furibond désignait les Goddons de la pointe de son épée.
    –  Avant ! Avant !
    Les chevaux tourbillonnaient, inutiles dans ce qui deviendrait, infailliblement, un combat de piétons.
    Un Anglais téméraire jaillit de l’ensemble de ses compères. À cheval. L’épée haute, il fournit quelques coups pour se dégager et parvint à percer la muraille mobile pour fuir et chercher du secours. Des

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