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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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la hampe. Il ne put faire autrement que d’occire, en l’empointant à la poitrine, un homme qui tentait d’abattre son fléau d’armes sur lui.
    « Un de moins !… Je les hais et les admire ! »
    Ils étaient furibonds et vaillants, capables de résister jusqu’à la venue des renforts. Malgré l’appoint inattendu de ceux de Zaldiarân il lui semblait que la bataille durerait jusqu’à la nuit. Par malheur pour les tenants du roi Henri. Et comme il se défendait d’une atteinte à l’épaule, portée par un seigneur dont il crut reconnaître l’armure, il sua soudain d’angoisse, irrémédiablement :
    « Naudon de Bagerant ! »
    Était-ce le routier ? Sa visière était close. Belle armure. Épaisse, donc pénible à porter en cette occurrence où tout allait vélocement sur une pente friable. Un épieu vola, redoutable. «  Non ! Pas moi ! » Le bois vibra en frôlant la cubitière dextre et l’arme atteignit la croupe d’un genet qui s’enfuit, emportant son cavalier dont un cuissard ruisselait de sang.
    –  Vive Pèdre !
    Était-ce Naudon ? Impossible. Il eût combattu découvert des sourcils au menton. Il reculait. Il disparut derrière un cheval et dans un court espace inencombré, Tristan vit des piétons de sa compagnie occupés à tirer sur les colletins de mailles ou de fer des gisants pour leur planter leur lame dans le cou.
    Il les maudit. Il ne concevait pas la guerre ainsi. Un homme à terre, incapable de tenir une arme, méritait  d’être épargné.
    La ruée anglaise alentissait ses descentes. Maintenant, les premières vagues hésitaient à s’élancer à   corps perdu contre les Castillans. Des chevaux virevoltants passaient à portée de leurs armes, mais c’était aux hommes seuls qu’ils assenaient leurs coups. Cependant, les Felton s’encoléraient sous leur bannière. Ils avaient attaqué, attaqué à outrance et se sentaient épuisés, – perdus.
    « Audrehem !… La fin serait donc prochaine ? »
    Le maréchal donnait de grands taillants en direction d’une armure de fer qui reculait, reculait, tombait à la renverse après avoir trébuché sur un corps. Avec un « han » de bûcheron, le Français abattit sa lame sur son adversaire qui l’évita d’une roulade. Un coustilier se précipita et derechef, passant par le défaut du colletin et du plastron, une lame commit un sacrifice.
    « Des malandrins sans desserte 247 … Sans charité… Il faudrait leur hurler maintenant de se rendre !… Felton !… Thomas ou son frère ? Est-ce bien Thomas ou Jean ? L’autre, c’est William… Voilà l’un des deux percé par une lance… L’autre monte à cheval 248 … galope… la lance baissée… Il perce d’outre en outre un chevalier de Castille… On l’entoure. Vingt armes… Il est mort ! »
    La bannière du prince de Galles était maintenant entourée d’une centaine d’hommes décidés à se défendre uniquement. Les arcs crachaient encore des sagettes mortelles ; les arbalètes adverses, d’un maniement lent, incertain, tiraient à leur tour, tuant les archers. Les cris ne cessaient point, au contraire : la hurlade ne se composait plus que de cris brefs dépourvus de toute autre signification que la douleur : «  Aïe ! Oh ! Tue ! » Des chevaux, une jambe brisée ou tranchée par une guisarme, frémissaient, incapables de se lever, la mâchoire tremblante, les yeux au ciel.
    « Merdaille de guerre qui s’en prend toujours aux innocents ! »
    Les Anglais étaient si proches qu’on pouvait voir leurs prunelles exorbitées, leur bouche méchante, leur résolution de tenir coûte que coûte ; les sinuosités du sang sur leur poitrine ou leurs membres de mailles ou de fer. Un cheval. Mort, une sagette entre les yeux. Un autre, une genetoire 249 fichée dans le troussequin de sa selle orfevrée…
    –  Ils descendent !
    Qui criait ainsi ? Audrehem.
    –  Castille au au rrroi…
    Villaines. Les Anglais dévalaient la pente, excités par l’envie de mourir en beauté. Tristan vit surgir devant les premiers rangs castillans, où il était, une multitude d’armes, pennons et bannières. La fin. Nul espoir de renfort pour les Goddons, alors qu’une nouvelle escadre 250 apparaissait pour la Castille.
    « Nous sommes fous ! »
    Il le fallait, en vérité, pour s’entre-tuer maintenant. Pour s’entre-tuer pour deux hommes, Pèdre et Henri, aussi méprisables l’un que l’autre. Il fallait être fou pour

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