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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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battre. Cela promet pour l’avenir ! »
    Tristan ne regrettait rien. Il avait remisé Teresa dans son fourreau. Il la tapotait parfois : sa présence le rassurait. Une seule idée occupait son esprit : revenir à Zaldiarân, se réchauffer à un feu gros ou maigre et dormir. Était-ce l’approche du printemps qui lui donnait tout à la fois cette mollesse et cette gravité – plutôt cette maussaderie ? Il regarda passer comme un éclair la bannière or et argent de Castille avec ses lions et ses tours, puis le bassinet de don Tello grand ouvert. Un nez blême pointait à cette lucarne de fer. « Il est tout essané ! La peur lui tord les tripes. » Il entendit le frère du roi s’écrier à l’intention des Français :
    –  Ce n’est pas une défaite, seulement une déconvenue. Ils étaient plus nombreux que je le pourpensais !
    Des voix s’élevèrent :
    –  Nous nous revancherons, messire !
    –  Paciencia ! Espéra !
    « Espérer quoi ? » se demanda Tristan. « Ils ont fui sitôt que les Anglais leur ont montré leur détermination dans ce qui ne fut qu’un esparcin 242 . Guesclin a raison : si nous devons livrer une grande bataille, ils fuiront dès que les Goddons se montreront entreprenants, comme des brebis en présence d’un chien hargneux, Pèdre les escarchera 243 pour se venger de leur trahison. Et le sang dissoudra ce qui reste de neige ! »
    Il avançait, songeur, dodeliné par un Malaquin aussi maussade que lui. De nouveau, il était entouré d’hommes d’armes, – quelques-uns blessés, penchés sur l’encolure de leur genet à la robe parfois rougie de place en place. Il n’osait regarder ces guerriers qui avaient accompli leur devoir. Envers les bêtes blessées, il se sentait enclin à une compassion qui n’était pas un sentiment neuf. Leur innocence, leur obéissance, leur ardeur, leur courage – car elles en étaient pétrie – eussent dû être respectés. Mais pour hâter la fin des adversaires, d’aucuns pensaient obligatoire de meshaigner sinon d’occire leurs montures. Eût-il couru  aux Goddons en abrochant Malaquin s’il avait été Castillan ? Vaine question. Il n’était qu’un mercenaire assujetti au roi de France. Un chevalier d’aventure dont la solde, depuis deux mois, n’arrivait plus dans la tasse 244  : des trésoriers avaricieux thésaurisaient pour le meilleur et pour le pire – du moins le prétendaient-ils.
    Il s’aperçut que la compagnie ne suivait pas les mêmes voies qu’à l’aller. Don Tello la menait entre des collines assez hautes, verdâtres, qu’il semblait connaître. Où allait-on ? Certainement vers Ariniz donc vers Victoria.
    –  Personne, dit Paindorge. On nous avait dit que Felton…
    –  Il chevauche à volonté. S’il est présent, nous verrons… Tiens, vois ces hommes qui sortent d’un bois !… Rassurons-nous : c’est la bannière de Castille.
    –  Ils sont moult nombreux !
    Les deux compagnies s’assemblèrent.
    –  Dénia, Sanche et leurs hommes commenta Tristan. Où sont passés Guesclin, Villaines, Audrehem… et les autres ?
    Quoiqu’il les trouvât indignes d’intérêt, voire, tout simplement, d’égard ou de déférence, il se sentait sans eux esseulé, vulnérable. Or, il pouvait évaluer à deux mille le nombre de cavaliers qui l’entouraient. De quoi se défendre d’un ennemi nombreux ou de l’attaquer avec succès.
    Soudain, au moment même où il y songeait, les Anglais apparurent, poussant devant eux des bœufs, des porcs, des moutons.
    –  Merdaille ! gémit Paindorge. Va falloir recommencer.
    On s’arrêta et consulta. Deux mille contre cinq cents fourrageurs. C’était moins une bataille qu’une aubaine.
    –  Un chevaucheur vient vers nous, dit Paindorge.
    –  C’est un héraut de Felton. Je le reconnais d’autant mieux que, courtoisement, il ôte son bassinet… Ne te souviens-tu pas qu’il était à Paris lorsque l’Anglais vint défier Guesclin au Parlement ?
    –  Non, messire. J’en ai tant vu, des visages, depuis que j’erre auprès de vous !
    Le comte de Dénia avait décidé d’avancer seul à la rencontre de l’Anglais. Point trop loin, cependant, pour qu’il fût écouté des siens.
    –  Sire, dit-il au héraut, qui êtes-vous ? Dieu vous pardonne.
    –  Un des hommes liges de William Felton messire. Le compagnon de son frère Jean et d’autres chevaliers : Richard Tanton, d’Angus, Hastings, Gaillard Vigier… et

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