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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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sabots ; il importait de se croire « innombrables » et plus ardents, plus hardis que les ennemis. Il faudrait deviner où se tenait Lancastre Comment, de quelle armure il s’était adoubé. S’inquiéter d’une envaye 239 à revers conduite par Calveley ou quelque autre puissant seigneur. Revenir à Lancastre se demander s’il monterait son cheval et en cette occurrence quelle serait la robe de celui-ci, non point pour l’occire mais pour les retrouver, lui et son maître, s’il advenait qu’on les perdît de vue.
    Brusquement ce fut le galop et les cris : «  Castille  ! Castille ! » qui ne cessaient de se multiplier tandis que les sabots grondaient comme un orage.
    Debout sur ses étriers, Tristan aperçut les Anglais sur la rive d’une rivière au seul lieu, sans doute, où il était possible de mener boire leur cavalerie : la berge, doucement inclinée, y était plate, herbue et dix ou douze roncins sans harnois s’y abreuvaient. Les deux hommes affectés à leur surveillance et qui tentaient de fuir s’affalèrent touchés par une volée de carreaux décidée par les ballesîeros.
    Don Tello et ses hommes liges poussèrent leurs chevaux dans le courant et parvinrent sur la rive opposée, effrayant les roncins, cependant qu’on sonnait du cor entre les arbres.
    Dans un bouillonnement d’écume et des cris de triomphe, la moitié de la compagnie passa la rivière. Elle se désépaissit, renversa les tentes, abattit ses lames sur quelques têtes et quelques épaules. Un seul mot : « Castille ! » se mêlait au choc des armes, aux hurlements des assaillants et des Anglais. On se poussait ici et là pour abattre un homme ou le culebuter et piétiner. On hurlait toujours et toujours «  Castille  » et renversait tout ce qui tenait encore debout : râteliers d’armes, chenets de bois dressés sur des feux faméliques, troncs de baliveaux soutenant des selleries et lormeries.
    –  Lancastre ! Lancastre ! Montre-toi ! enjoignit don Tello à l’Anglais.
    Pas un mot en écho dans les vociférations et le vacarme des aciers frappant d’estoc et de taille. Mais un cri retentit, entre deux mugissements de cor. Un cri qui valait son pesant de force et de hardiesse :
    –  Chandos au prince Édouard !
    Tello et ses compagnons immédiats refluèrent sous une poussée vigoureuse. Une cinquantaine de chevaliers dont les che vaux, les armes et les harnois avaient été apprêtés en hâte, dans le secret des fourrés lointains, se précipitèrent dans la mêlée, la disloquèrent, la rejetèrent, contraignant Tello à repasser vélocement la rivière – ce qu’il fit si hâtivement que des huées s’élevèrent chez les ennemis. Des sagettes jaillirent des long- bows gallois. Des Castillans et des Français commencèrent à tomber de leurs montures épouvantées.
    –  Retraite ! Retraite !
    Était-ce Audrehem qui hurlait ainsi ?
    –  Retraite ! Retraite ! hurlèrent des hommes contaminés par cette épidémie de frayeur mortelle.
    Un cri domina le tumulte joyeux des Anglais, un cri de chef, sans nul doute. Et celui qui le poussa certainement dans ses mains jointes en cornet ne pouvait être que Lancastre :
    –  Good work, what do you think of it 240  ?
    S’il s’adressait à Tello que voulait-il lui dire ?
    L’arrière-garde à laquelle appartenaient Tristan et son écuyer tourna bride dans la rivière, heurtée de front par les fuyards, et s’éloigna au grand galop, piteuse et soulagée. Se retournant, Paindorge s’écria :
    –  Messire ! Messire ! Il semble que ce soient les hommes de Calveley qui accourent, sur la butte, à la rescousse de Lancastre et de Chandos !
    –  Ils ont mieux à faire qu’à nous poursuivre.
    –  Tello voulait un grand treu 241 de Goddons. C’est l’échec.
    –  Il se retourne pour voir s’il n’est pas pourchassé !… Nos gens ont abattu plus de tentes et de feuillées que d’Anglais… Tello s’est effrayé quand il a vu Chandos… C’était lui : son pennoncier tenait bien haut sa bannière : d’argent à une pile de gueules. La pile, il nous l’a mise !
    Tello revenait au galop. Dans son sillage, quelque cent hommes, – des Castillans – semblaient aussi inquiets que leur prince.
    « Nous sommes deux cents, peut-être davantage, qui n’avons pas fourni un coup d’épée tant la berge où nous pouvions passer était étroite et encombrée par une cohue de guerriers de chez-nous qui hésitaient à se

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