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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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chez-nous.
    –  Vous m’en informerez si vous le voulez bien. Mais venez, messire… Venez tous.
    Le court jardin traversé, Tristan, Teresa et Simon, Paindorge et Lebaudy pénétrèrent dans un corridor plafonné de caissons de bois sombre et dont les niches murales abritaient des armures, les plus belles que les hommes eussent vues. Ils furent introduits dans une salle vaste, claire, qui leur fit l’effet d’un palais après tant de jours d’errances pénibles, de sommeils dans des grottes ou sous des appentis. Une femme était là, attablée à des travaux de couture. Blonde, le teint de lait, assez forte sans être grosse, elle était vêtue de rouge. Distraite, rêveuse, absorbée par son ouvrage, elle eut un tressaillement en voyant tant d’hommes envahir son sanctuaire, se leva, se pencha. La simplicité de cet accueil muet produisit chez Tristan une impression de sérieux, de grandeur. Leurs saluts échangés, il dut parler de son beau-père, décrire les circonstances de sa mort, présenter Teresa et Simon comme des orphelins de Burgos qu’il devait confier à des parents avant que les Compagnies ne fussent devant Tolède.
    –  Savez-vous, messire, ce qu’est devenu mon père ? Vit-il encore, grâce à Dieu ?
    Une vieille femme, – peut-être l’épouse du serviteur contrefait – apporta des rafraîchissements. Les Lemosquet et Serrano se présentèrent, puis Petiton. Ils prirent place sur un banc, virent leurs compères décoiffés et les imitèrent.
    –  Hélas ! Dame Claresme, dit Tristan, sire Guillaume est mat. Voici ce que je sais : après votre départ de Rechignac pour l’Espagne, votre père est parti au siège d’Auberoche. Il y est tombé au pouvoir des Goddons et fut mené en Angleterre où il refusa d’acquitter sa rançon… Votre cousin, Ogier, captif lui aussi, le retrouva à Ashby, en novembre 1347. Ils furent contraints de combattre trois champions du roi Édouard. Votre père périt très glorieusement.
    Tristan vit s’embuer les yeux de son hôtesse. Afin d’amoindrir son chagrin, il s’était exprimé aussi brièvement que possible, balançant parfois entre la tristesse et l’ardeur. Dame Claresme, frissonnante et pâle, se signa. Pedro del Valle s’approcha d’elle, la contourna et posa ses mains sur ses épaules tandis qu’il baisait le dessus de sa tête.
    –  Et ma sœur ? dit-elle en regardant son ouvrage pour dissimuler ses pleurs.
    –  Tout ce qu’Ogier d’Argouges m’en a dit, c’est qu’elle a pour nom Tancrède, qu’elle était à Ashby et qu’elle a rendu paisibles les derniers moments de votre père.
    Un silence tomba. Il se serait certainement prolongé si une jouvencelle n’était apparue.
    –  Notre fille Cristina, dit Pedro del Valle.
    Elle était brune, altière et pourtant avenante ; enjouée, sans doute, bien que voyant sa mère en larmes une inquiétude lui fut venue, immédiate, dont elle sut dissimuler les effets sur son visage soudain pâli. Son front pur s’était froncé. Ses yeux noirs, fendus en amande, s’écarquillèrent lorsqu’elle eut dévisagé les inconnus marqués par un pénible randon auxquels son père semblait vouloir accorder l’hospitalité. Son sourire un peu contraint révéla un trouble indécis, peut-être une crainte. Tristan, le cœur plein de cendre, fut ému qu’elle l’eût distingué comme un chef sinon un chevalier.
    –  Messires, dit-elle en s’inclinant.
    Rien, apparemment, n’avait jusqu’ici ulcéré cette âme, et c’était ce qui rendait Cristina plus belle. On la sentait incapable du moindre enivrement vulgaire, timide, sans doute, et réservée de caractère et d’attitude. Tous ne pouvaient qu’admirer son profil pur rehaussé par une tresse dont l’onde noire, lisse, semblait pailletée d’or au dernier feu du soleil.
    Bien qu’elle eût été éduquée « à l’espagnole », il y avait en elle quelque chose d’autre, songea Tristan alors que la jouvencelle, devinant le sexe de Teresa sous ses vêtements masculins, invitait celle-ci à s’approcher ainsi que Simon, comme pour les soustraire aux regards de ces hommes dont aucun, cependant, ne s’était hasardé au moindre irrespect.
    –  Messires, dit-elle, Père, Mère, je vais offrir mes soins à cette damoiselle et à cet enfant. Ils me paraissent bien las et surtout angoissés.
    La voix était légère, d’une vibration un peu fébrile, mais sa sonorité toucha le cœur de Tristan : Luciane

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