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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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avait juré de ne pas demander de subsides à ses sujets, «  pas même la valeur d’une ortie  », et que le prince de Galles avait décidé, par précaution, de loger au monastère de Las Huelgas.
    –  Quand Édouard sera loin, dit Tristan à Paindorge, le Castillan s’empressera de ravoirer (525) tout ce qu’il pourra. Puis il pressurera son peuple. Le malheur fondra sur tous ceux qui feront acte de rétivité.
    Pour célébrer leur amitié recouvrée, Pèdre décida d’offrir un festin à son cousin. Cependant, aucun d’eux n’était dupe des amiabletés de l’autre. Devant le palais où le roi avait convié le prince et où les prisonniers avaient reçu des gelines rôties et des pichets de vin, Calveley apparut, toujours impassible. Traversant la cohue des mangeurs, il rejoignit Tristan et son écuyer.
    –  Édouard va tous vous emmener à Las Huelgas. Il veut s’éloigner de Pèdre comme d’une charogne tout en restant à proximité. Ce malebouche vient de regracier le prince pour l’appui qu’il lui a donné mais il s’est plaint de n’avoir aucun argent à sa discrétion. Il lui faut quérir finance on ne sait où !... «  Vous êtes ici grand’foison de gens  », a-t-il dit au prince. «  Le pays est mangé et pillé à l’entour. Vous n’y trouverez ni vivres ni provisions. Si vous vouliez suivre mon conseil, vous épandriez et feriez partir vos gens sans délai, et vous demeureriez où bon vous semblerait. J’irais pourchasser le trésor que je vous ai promis, et je le rassemblerais en telle intention qu’il ne vous en faudra le montant d’un denier. Et nous demeurerons toujours amis et compagnons. » Voilà…
    –  Qu’allez-vous faire ? demanda Paindorge.
    –  Édouard va rassembler son conseil : Lancastre qui voudrait épouser une fille de Pèdre afin de régner sur l’Espagne ; Armagnac, Chandos, le captal de Buch. Pembrocke, Mussidan, Clisson, quelques autres et moi… Et je crois que partir serait une erreur. Loin des yeux, loin du cœur, pour autant que Pèdre en ait un.
    Puis à voix basse, car Audrehem, Neuville et d’autres écoutaient :
    –  N’essayez pas de fuir du moutier où l’on va vous emmener. Nous avons des hommes d’armes partout. J’essaie d’apaiser le courroux d’Édouard à ton égard. Tristan. Je lui ai loué tes mérites. Ne commets rien d’irréparable.
    –  Je te fais confiance et ne bougerai point.
    Et Tristan jeta l’os qu’il venait de ronger.
    *
    Dès le lendemain, à Las Huelgas, des dissentiments se firent jour entre Édouard et Pèdre pour aboutir à une altercation des plus âpre dont les prisonniers perçurent les échos. Pèdre se plaignait que le prince lui réclamât sans relâche les fonds promis pour ses services ; l’héritier d’Angleterre exigeait la prompte exécution des clauses du traité de Libourne et menaçait, en cas de forfaiture, d’exercer des représailles sur les infantes que son royal cousin lui avait confiées 357 .
    Il semblait qu’Édouard éprouvait du mésaise dans ce monastère où, l’année précédente, le rival de Pèdre avait été couronné. Le nouveau roi, quant à lui, s’était établi au château. Il y dominait Burgos et veillait à la fortification des défenses. Témoins des discussions de leurs vainqueurs, les prisonniers de Las Huelgas faisaient contre mauvaise fortune bon cœur. Ils avaient reçu des soins tout aussi attentionnés que les Anglais navrés à la bataille. Après avoir craché son venin à la face d’Édouard, Pèdre ne se fit pas faute de leur rendre visite pour les observer de son œil glacé tout en imaginant comment il les eût fait périr s’ils étaient tombés en son pouvoir.
    Le matin du samedi 10 avril, alors que le prince et le roi discutaient sans aménité, des gardes apparurent à la porte du cloître. Les deux hommes suspendirent leur marche sous les regards de quelques prisonniers que le chaud soleil avait rassemblés sur les bancs du jardin ceint par la galerie.
    –  Le Bègue de Villaines… commença Paindorge.
    – … et Martin Yanez, l’amirante d’Espagne, acheva Tristan.
    Quatre vougiers entouraient les captifs.
    –  Ils n’ont point été meshaignés.
    –  Non, Robert. Et ils n’ont pas quitté leurs plates depuis la bataille.
    Bras croisés l’un et l’autre, le prince de Galles et Pèdre regardaient les deux victimes de la male chance dont l’apparition les réconciliait pour un temps. Villaines avait beau

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