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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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aussi les recommandations des deux Juifs de son conseil secret : Daniel et Turquant -, il se décida à quitter Séville pour se rendre auprès du roi du Portugal, son ancien allié.
    La « perle » du trésor
    Son trésor se trouvait au château d’Almodovar del Rio, proche de Cordoue. Il le fit « trousser » en hâte. Il était si énorme, ce trésor, qu’il emplit une charrette à cinq chevaux. Le joyau en était une table d’or qui se ployait en croix, grâce à des charnières d’or fin. Le plateau en était bordé de pierres précieuses, de perles d’Orient et de diamants d’une taille peu commune. Sur le dessus, Pèdre avait fait graver les images de Roland, d’Olivier et des douze pairs vendus à Marsille et occis à Roncevaux. Au milieu de cette table était enchâssée une escarboucle si claire et si puissante «  qu’elle luisait dans la nuit comme le soleil de midi. Et près de l’escarboucle, il y avait une pierre qui avait tant de vertu qu’aucun homme ne pouvait apporter nul poison que la pierre ne changeât sur l’heure et ne devînt toute noire et semblât se changer en charbon (532) . Don Pèdre la donna plus tard au prince de Galles  ». Il s’enfuit vers Cordoue (…) contraint de traverser une forêt qui avait quinze lieues de large et cent de long 380 . On la disait peuplée de bêtes sauvages : ours, lions, léopards, et de nombreux serpents. En fait, lorsque Guesclin et ses troupes la traversèrent, trois cents hommes moururent, les uns dévorés, les autres victimes de piqûres venimeuses.
    Le trésor de Pèdre fut embarqué sur une galère amarrée à une berge du Guadalquivir. Pèdre chargea Martin Yanez de se rendre à Tavira, en Portugal. Il quitta Séville à la mi-mai 1366, échappant à la foule qui venait de forcer les portes de l’Alcazar. Il emmenait avec lui les deux infantes : Constance et Isabelle, et Léonor, une fille naturelle de Henri qu’il gardait, depuis des années, moins en otage que comme compagne de ses filles.
    Or, pendant que le fugitif s’éloignait en hâte, son amiral, Boccanegra, un Génois, descendait le Guadalquivir à la poursuite de Martin Yanez et du trésor pharamineux. Il commandait à cinq galères. Il aborda le vaisseau de Pèdre dans les eaux de Tavira et s’en rendit maître d’autant plus aisément que Yafiez, paraît-il, se soumit sans combattre.
    Pèdre fit halte au château de Vallada, près de Santarém. À Coruche, sur la rive gauche du Guadiana, il eut la surprise de voir sa fille, dona Beatriz, que lui renvoyait le roi du Portugal, son allié : l’infant don Fernand avait renoncé à l’épouser. Mieux encore : le roi ne voulait pas recevoir Pèdre à Santarém.
    Le fugitif voulut revenir en Castille. Les cités se fermèrent à son approche. Il s’humilia en revenant au Portugal et s’abaissa jusqu’à faire demander au roi un sauf-conduit pour se rendre en Galice. Il espérait y trouver l’aide et la protection de Fernand de Castro qui commandait cette province.
    On se met la ceinture
    Le roi du Portugal lui dépêcha le comte de Barcelos et don Alvar, son favori, frère de la célèbre Inès de Castro. Ils déclarèrent à Pèdre qu’ils encourraient la colère de l’infant s’ils l’accompagnaient. Le roi déchu leur fournit 6 000 doubles, deux épées et deux de ces ceintures d’honneur, richement ouvrées, en usage dans la Chevalerie. Elles consistaient en plaques rectangulaires, d’argent ou d’or, soigneusement réunies et se portaient sur les hanches, sous la ceinture d’armes, toujours avec un poignard orfévré. Ce marchandage lui permit d’être accompagné jusqu’à Lamego. Là, eut lieu un incident : les deux chevaliers exigèrent de Pèdre qu’il leur remît la jeune Léonor, fille d’Enrique, que le roi du Portugal voulait rendre à son père pour lui faire oublier la protection (!) qu’il avait accordée au fugitif.
    On appelait Léonor-aux-Lions cette jouvencelle. On disait que Pèdre l’avait fait jeter dans une fosse aux lions d’où elle était sortie sans une égratignure. En fait, Pèdre l’avait considérée comme une amie de ses filles.
    Entouré de 200 hommes, le roi traversa la province portugaise de Trâs-os-Montes. Il arriva à Monterey au début de juin 1366. Après quelque 20 jours d’attente incertaine, des cavaliers de don Fernand de Castro l’informèrent qu’une armée faisait mouvement vers sa cité-refuge tandis qu’il apprenait également que Zamora,

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