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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Astorga, Soria, Logrono lui demeuraient fidèles.
    Il écrivit alors au prince de Galles et au roi de Navarre pour leur demander des secours. Fernand de Castro se rangea à ses côtés avec tous les riches hommes galiciens, cinq cents cavaliers, deux mille piétons. Martin Lôpez de Cordoba, maître d’Alcantara, suggéra que l’on reprît l’offensive. On avait le terrain pour soi : d’âpres montagnes que jamais un cheval de Castille n’avait franchies sans dommage. N’était-ce pas une opinion populaire en Espagne qu’aucun cheval étranger ne pouvait vivre en Galice au-delà de quelques jours ?
    Mateo Fernandez, chancelier du sceau privé, trouva qu’on allait aventurer la vie du roi. Il redoutait des lâchetés, voire des trahisons. Il comptait sur la venue du prince de Galles, l’épée du plus grand capitaine de son siècle. Pèdre, entouré de ses filles, ne se sentait plus le courage d’affronter de nouvelles embûches. De plus, il craignait que le roi de Navarre ne lui fît défection. La réponse qu’il en reçut le  conforta dans cette idée. Il fut donc décidé que le roi s’embarquerait à La Corogne afin de se rendre à Bordeaux. Pe ndant qu’il négocierait avec l’Anglais, don Fernand de Castro, promu adelentado (Gouverneur) des royaumes de Galice et de Leôn, préparerait les provinces du nord à une guerre contre l’usurpateur. Avant de le quitter, Pèdre lui donna les titres de comte de Lemos, de Trastamare et de Sarria (27 juin 1366) qui avaient appartenu à don Henri.
    Le sang de Compostelle
    Quittant Monterey, don Pèdre passa par Compostelle. L’archevêque de Saint-Jacques, don Suero, vint à sa rencontre avec 200 cavaliers. Son accueil fut glacé. Le lendemain, mandé par Pèdre, il quitta son château de la Rocha pour se rendre au rendez-vous accompagné d’une suite composée presque exclus ivement d’ecclésiastiques. Alors que le prélat mettait pied à terre devant la cathédrale, un écuyer galicien, Perez Churrichao, et quelques estafiers leur fondirent sus, la lance au poing. Même ceux qui avaient cherché refuge dans l’église y moururent percés de coups, jusqu’au pied de l’autel. Tout l’avoir de don Suero fut dispersé. Dans la peur, les instincts sauvages du monarque détrôné s’étaient à nouveau déchaînés. Ces abjections eurent pour conséquence de faire perdre au roi plusieurs de ses partisans. Alvar de Castro, qui se rendait à Saint-Jacques pour lui offrir ses services, rebroussa chemin en apprenant ces crimes et se déclara pour Henri. Plusieurs ricos hombres  galiciens l’imitèrent.
    À La Corogne, un émissaire du prince de Galles attendait don Pèdre. Il s’embarqua pour la Guyenne avec ses filles et ce qui lui restait d’or et de joyaux : trente mille doubles et une fortune en pierreries.
    À peine le prince de Galles eût-il été informé de la venue de Pèdre à Bayonne qu’il partit à sa rencontre. Ils se virent au Cap-Breton. Pèdre fut accueilli comme un roi, nullement comme un fugitif. Ses malheurs et surtout la présence des trois jouvencelles qui avaient traversé tant de périls touchèrent Édouard : il se prévalait (à tort) d’observer tous les commandements de la Chevalerie. Il promit à Pèdre la protection d’Édouard III, son père et son soutien. Il logea l’ancien roi de Castille à Bayonne où bientôt Charles de Navarre vint les rejoindre. Le Mauvais voulait savoir s’il devait tenir ou violer les engagements qu’il avait pris avec le roi d’Aragon et Henri de Trastamare. Les cols par lesquels une armée pouvait se répandre en Espagne lui appartenaient. Pour passer, il suffirait de payer.
    L’aide du prince de Galles n’était pas désintéressée. Il y avait longtemps que les Anglais convoitaient les ports de la Biscaïe. L’occasion était favorable de négocier le transfert de cette province à l’Angleterre. Elle n’avait d’ailleurs rien d’espagnol : ni la langue ni les institutions ni les coutumes. La Guyenne avait ses Basques. Elle pouvait en englober d’autres.
    Stimulé par le désir de vengeance, Pèdre accepta les transactions qui lui étaient offertes. Le prince d’Aquitaine et lui se sentaient non seulement solidaires, mais capables de renverser Henri sans trop de difficultés. De plus, Édouard, homme de guerre, tenait enfin le dérivatif qui lui ferait oublier le délabrement de sa santé.
    L’or que Pèdre avait amené avec lui disparut en hâte dans des fêtes et des

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