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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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mettrai le temps qu’il faudra.
    Une sorte de torpeur le prit à travers laquelle flottaient des images fumeuses. Teresa, Luciane. Ogier d’Argouges, Naudon de Bagerant qu’il eût peut-être accusé de ce double crime s’il avait été présent. Il fut tenté de renverser et de briser d’un coup d’épée toutes ces hampes, puis d’exiger les restes de ses deux protégés.
    –  Mais où sont-ils ?
    La vue de leurs deux corps eût sans doute exaspéré sa fureur.
    Il allait s’en aller quand un cri retentit suivi de plaintes et de pleurs bruyants. «  Teresa ! » Il fut soudain certain qu’elle l’appelait désespérément au-delà de la mort, peut-être au-delà de la terre, et comme un homme nu, le sexe dardé s’extrayait de la tente où il venait de forcer une femme qu’on entendait crier son dégoût et sa haine, il galopa jusqu’à lui l’épée haute et d’un coup lui trancha la tête. Puis, faisant piaffer Alcazar :
    –  Ajoutez cette hure de bon chrétien aux vôtres ! hurla-t-il aux routiers.
    La liesse cessa. Il sut que l’armée s’arrêtait. Il vit les hommes abandonner les futailles et cesser leur danse. Certains, l’épée ou la guisarme au poing, s’approchèrent pour se venger lorsque deux cris retentirent : Guesclin et Calveley.
    –  Tu viens de me priver d’un archer, dit l’Anglais.
    –  Peux-tu imaginer ce qu’il venait de faire ? N’es-tu point las de ces excès ?
    –  Oh ! Je ne te reproche pas de l’avoir occis. Au contraire, je t’en congratule.
    –  Moi, je t’aurais occis, dit Guesclin. Tu ne mérites pas de vivre.
    –  Eux le méritaient !
    Tristan mena son cheval jusque devant Simon et Teresa dont il toucha les fronts que le soleil tiédissait comme leur sang, naguère.
    –  Eux méritaient de vivre ! Ils étaient mes amis ! Ils eussent pu être mes enfants !
    –  Es-tu Juif pour parler ainsi ?
    Toujours cette obsession de la juiverie ! Ce n’était plus de l’aversion ; c’était une maladie l’avertin 66 encore et toujours.
    –  Quand on a comme moi vécu dans un moutier avant d’être admis dans l’Ordène 67 pour servir deux rois très chrétiens, cette question peut soit courroucer soit égayer. Je choisis la seconde en homme de bon sens.
    Les rires qui s’ensuivirent désavantageaient le Breton.
    –  Oh ! Toi, dit-il, le poing levé.
    La captive criait toujours sous le tref dont parfois la toile se boursouflait. Un homme avait donc attendu son tour. Peu importait pour ce fredain 68 ce qui se passait au-dehors. Il voulait forniquer une jouvencelle qui se défendait âprement. On pouvait l’imaginer dans les lambeaux de ses vêtements, repoussant et griffant des mains, heurtant des genoux et des pieds son agresseur, hurlant et gémissant quand la pression de celui-ci devenait plus violente ; tordue, hagarde, échevelée, les reins creusés à se briser, chacun de ses sursauts révélant des contours dont la nudité excitait le soudoyer ou le capitaine qui la voulait soumettre.
    Teresa s’était défendue ainsi. Peut-être avait-elle été violée devant quelques hommes qui, eux aussi, avaient attendu le dénouement d’une étreinte pour se vautrer sur elle. Aucun de ces chrétiens que le Pape avait désexcommunié, ne s’opposait à ces énormités ! Où était Béranger ? Les clercs bretons… et Dieu ?
    –  Et tu ne dis rien ? hurla Tristan à Calveley.
    Le géant s’approcha :
    –  Je n’ai aucun pouvoir contre les Bretons. Si c’était un Anglais, sache qu’il serait trépassé après que je lui ai fait couper le vit et les coulles !
    Couzic se sentit offensé.
    –  Puisqu’il en est ainsi, dit-il après avoir consulté son chef du regard.
    Il marcha vers la tente aussi vivement que ses mailles le lui permettaient. À peine fut-il à l’intérieur que des coups furent échangés entre le violeur et le compère qui venait d’interrompre sa fornication. L’homme se rajusta sitôt dehors et Couzic apparut :
    –  Voilà ! Je l’ai forlancé 69  !
    Il revint sous le tref d’où s’exhala un cri horrible et le Breton sortit tenant par sa longue chevelure blonde une tête décapitée :
    –  C’est ta faute. Castelreng ! C’est toi qui as abrégé sa vie ! Cette enragée pouvait servir encore !
    –  Plante ça sur une guisarme ou un vouge, commanda Guesclin. Et qu’on n’en parle plus !
    Tristan rejoignit ses compères dont le cercle se resserra autour de lui.
    – 

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