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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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adoptée : Multi inimici, magnus honor.
    –  Et ça veut dire ?
    –  Que plus on a d’ennemis, plus l’honneur est grand.
    Satisfait, Tristan se jucha en selle et salua le jouvencel.
    –  Viens-tu, Robert ?
    –  Oh ! oui, messire, fit Paindorge.
    Ensemble, ils prirent le galop.

IV
     
     
     
    Lorsqu’ils revinrent, mornes et résignés, à Tolède, Tristan et ses compagnons trouvèrent les prud’hommes et les capitaines en grand émoi. Une douzaine de Bretons supplémentaires venaient d’annoncer la prochaine venue d’Olivier de Mauny, ce cousin bien-aimé dont Guesclin se montrait le plus fier, sans que l’affection dont il le couvait désobligeât les autres membres de sa famille. Mauny était, lui aussi, un routier avéré : un routier de Bretagne. Raison de plus pour que la plupart des prud’hommes de France fussent réjouis (411) .
    –  C’est le monde à l’envers, dit Tristan ahuri par cette liesse lorsqu’il eut mis pied à terre et vérifié, d’un regard, si ses soudoyers, les chevaux et la mule exprimaient ce qu’il attendait d’eux : l’obéissance et la vigueur.
    –  Vous connaissez la… la… Nnounounouvelle ? lui demanda, au passage, le Bègue de Villaines. O… O… livier de de Mauny arrive !
    –  Depuis que nous avons croisé quelques-uns de nos hardis bons chrétiens à l’ombre d’une porte, nous sommes informés, dit Tristan. Cela ne fera qu’un routier de plus et, bien sûr, son herpaille.
    –  Ah ! Ah ! rugit Villaines. Votre ressentiment n’a pas changé.
    Il s’était tourné, clignant de l’œil, vers son compagnon, Adam de Villiers que certains nommaient son frère, et qui était affligé des mêmes difficultés d’élocution que lui. Ils s’éloignèrent en ricanant, cédant la place au Vert Chevalier, qu’on voyait peu car souvent occupé aux arrière-gardes (412) .
    –  Comme vous dites, Castelreng : quelques routiers de plus.
    Il était grand, anguleux, le visage austère comme saupoudré, au menton, d’un soupçon de barbe brune. Tristan ne l’avait ja mais vu autrement qu’affublé d’un chaperon vert, d’un pourpoint et de chausses verts. Il les arborait avec une certaine arrogance car cette couleur était dépréciée par certains chevaliers sous prétexte qu’en été, c’était celle des veneurs à la chasse au cerf 64 .
    Et Hugues de Châlon d’ajouter, maussade :
    –  Manquerait plus que l’Archiprêtre !
    –  J’en doute, dit Tristan. Ou alors ce serait pour nous montrer en pleine bataille ou en pleine défaite, le chemin du retour et du déshonneur.
    –  Certes !… Mais on dit que le roi le tiendrait en disgrâce. On cite certains noms d’hommes susceptibles d’accompagner Mauny : Seguin de Badefol…
    –  J’en doute : on le dit riche (413) . Il n’échangerait pas son sang contre de l’or.
    –  Le Limousin… Mais cela m’étonnerait, moi… Savez-vous qui est sorti vainqueur de cette course à cheval contre Roubaud ? J’en ai ouï parler par mes voisins au festin de Barcelone (414) . C’est loin.
    Tristan ne savait rien au sujet de cette course. Quels qu’ils fussent, les exploits des routiers ne l’intéressaient pas. Quant aux voisins du Vert Chevalier à Barcelone, son regard avait dû glisser sur eux sans s’immobiliser.
    C’est le Limousin qui a gagné, affirma Sylvestre Budes qu’un Breton, Hénaff, suivait de près. Et c’est juste… Ah ! Castelreng, si Roubaud avait chevauché la perle rare que tu possèdes, aucun doute : il aurait gagné !
    Encore un qui rêvait à la possession d’Alcazar. Il fallait feindre d’être sourd et protéger farouchement le blanc coursier. Tel un trésor ou un être cher.
    « J’ai veillé comme un père, un frère, sur Teresa et sur Simon. Vainement ! »
    Le remords et la fureur travaillèrent de nouveau Tristan cependant que Châlon et Budes s’éloignaient chacun de leur côté sans avoir échangé un mot.
    –  Vous en faites pas, messire, dit Paindorge, toujours circonspect. Là où nous allons, vous pourrez sans doute les oublier un tantinet.
    *
    On repartit comme on était venu : en s’éparpillant au gré des accointances.
    –  Où allons-nous, demanda Paindorge, maintenant que le Tristemare nous a rejoints ?
    –  Séville. Guesclin nous a dit de suivre ? Suivons.
    Tristan n’osa se retourner : il ne quittait pas Tolède ;il la perdait.
    Événement attendu sinon espéré par Calveley et redouté par

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