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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’homme qui, sans être l’auteur du double crime, l’avait laissé commettre et approuvé. Ses regards se posaient souvent sur ce meneur abominable, et le côtoyait-il à son corps défendant qu’il l’ignorait, provoquant ainsi des grommellements intraduisibles.
    Il était comme assujetti à deux tentations : revenir en France en passant par Castelreng ou continuer de suivre l’armée pour trouver l’occasion de compléter sa vengeance. Lorsque la Grande Truanderie fit halte à Carmona, il s’aperçut non seulement qu’elle semblait en partie reconstituée, mais encore qu’il n’avait rien vu, rien éprouvé d’autre qu’une mélancolie discontinue, tantôt douce, tantôt âpre sur le chemin qui avait succédé au sentier de la forêt maudite (417) .
    Au terme du jour suivant, les hordes furent en vue de Séville. Un commandement circula, provoquant des mouvements diffluents parmi les routiers impatients de donner l’assaut et dont on bridait l’ardeur :
    –  Halte ! Pied à terre. Débâtez les sommiers !
    On allait demeurer en arrêt jusqu’à l’apparition de sire Enrique, manger, boire, fourbir les armes et recomposer les Compagnies 76 . Des protestations s’élevèrent et Guesclin dut galoper parmi les mécontents, l’épée haute, pour les contraindre à l’obéissance.
    On était le samedi 16 mai, selon Paindorge. Le bruit circula que le Breton et les prud’hommes de France avaient décidé d’ouïr la messe du lendemain au cœur de la cité. Cette rumeur contredisait la raison de l’immobilité des troupes car le Trastamare était encore à plusieurs journées de cheval de Séville.
    –  L’envie semble démanger Guesclin d’entrer dans les murs sans attendre le roi, dit Calveley dont les hommes avoisinaient ceux de Tristan.
    –  S’il y parvenait, cela n’ajouterait qu’un peu plus de ténèbres à sa renommée.
    –  Un peu plus de sang, messire, corrigea Shirton.
    Il ne quittait jamais son arc et son carquois, à croire qu’il couchait avec eux, mais il était sans maille ni coiffette de fer, de sorte qu’il semblait un huron bruni par le soleil, ni plus ni moins pareil à tous ceux de cette contrée où poussaient d’étranges plantes plus hautes que les hommes, hérissées de piquants, aux fruits défendus par quantité d’épingles.
    –  Guesclin a réuni son conseil, dit Calveley. Je n’y suis plus convié. Nous ne tarderons pas à connaître ses décisions.
    –  Bien parlé ! dit Tristan. Voyez qui vient vers nous.
    C’était Couzic.
    Si Shirton n’avait sur la peau que ses heuses, ses hauts-de-chausses et un flotternel de lin blanc, le Breton, lui, suait sous un camail de mailles, un haubergeon et des jambières de fer. Nul doute que, sachant sa vie menacée, il se prémunissait contre un assaut inattendu.
    –  Bertrand te demande.
    Tristan sourcilla :
    –  Moi ?
    –  Il commande. Tu te dois de lui obéir.
    –  Allons-y, dit Calveley.
    Couzic tendit ses deux mains en avant, paumes ouvertes, comme pour refouler le géant d’Angleterre.
    –  Non, pas vous.
    Cette exclusion suscita un grand rire. Shirton, lui, ne riait pas comme son seigneur et ami. Il tendit son poing au Breton :
    –  Fasse le ciel que nous ne changions pas de camp, l’homme, car il en irait de ta vie. Toi et ton maître créez autour de vous l’unanimité de la malédiction.
    –  Va te faire foutre par le roi d’Angleterre, Goddon, ou par son fils si sa dame lui a laissé des réserves !
    En souriant Tristan suivit son ennemi. Un autre l’attendait qu’il craignait davantage.
    *
    Il allait et venait au milieu des prud’hommes de France réunis en cercle et sur lesquels il jouissait d’exercer un pouvoir accordé par délégation, que nul d’entre eux n’eût osé ouvertement contester de crainte de représailles sourdes ou violentes. Tristan salua. Seuls Arnoul d’Audrehem, le Bègue de Villaines et Kerlouet, un Breton dont on disait qu’il conseillait Bertrand, le saluèrent. Il ne fut pas surpris de revoir, assis dans l’herbe, Naudon de Bagerant, Espiote et le bourc Camus. Apparemment, ils avaient échoué dans le pourchas du meurtrier de la reine Blanche. Ils étaient vêtus en bourgeois, l’armure de fer paraissant à tous, par ce temps, une espèce de lourde chaudière.
    –  Ah ! Te voilà.
    « Le prince de l’Olympe », songea Tristan. « Bertrand le Grand. »
    Le roi Charles l’avait gâté dans tous les sens du verbe. Depuis qu’il

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