Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
monstre vivace et haineux lança son coup. Tristan sentit passer comme un jet d’eau froide contre sa heuse senestre et fut incapable de porter un taillant à son adversaire : sa peur avait été si violente qu’il en avait oublié son arme. Pourtant, il la tenait à deux mains, solidement.
    Il observa, terrorisé, installé sur le socle de ses orbes musculeux, ce broyeur de vies, cet empoisonneur dont l’œil d’or inexpressif, qui l’observait quiètement, semblait un joyau tout à la fois brillant, visqueux et glacé. L’œil du basilic. L’œil aussi mortel qu’un venin. Ils savaient engager un combat à outrance. Peut-être existait-il un moyen de faire reculer cette « chose » ignoble, mais personne ne le connaissait.
    Python se rétracta. Son corps immense sinua en arrière. Pour frapper. Il évaluait la distance qui le séparait de l’ennemi.
    –  Reculez, messire !
    Impossible. Tristan, fasciné, se sentait asservi à un pouvoir effrayant. Ses mains suaient sur la prise de son épée. Il les savait tout à la fois solides et glissantes. Teresa, son seul recours. Tranchante. Mais lui, vulnérable aux bras, aux épaules, aux jambes.
    Il se préparait au pire. Morsure, enlacement ou taillant mortel de Teresa dont la brillance semblait indigner la malebête plutôt que de l’épouvanter.
    Il n’osait attaquer. En fait, l’abominable regard d’or  gélatineux commençait à le pénétrer, à le paralyser. La bête se ventrouillait, revenait en quelque sorte s’assoit sur ses gros cerceaux de mailles. Se disposait en ressort pour mieux se détendre et frapper.
    –  Voulez-vous mon aide ?
    Paindorge. Il n’eût pas dû parler. Sa voix dérangeait le serpent dans ses méditations mortelles.
    La tête scintilla, partit comme une fronde et le câble vivant, ignoble, se déroula. Tristan exécuta les mouvements qui s’imposaient : Teresa tomba sur le cou du monstre et l’entailla profondément, mais si loin de la tête, que le corps tout entier se rétracta, vibrant, crachant, tortillé de fureur et de malédiction.
    Il fallait déjouer l’autre attaque. Échapper aux anneaux. Paindorge apparut. Sottise : sur cet étroit chemin, le serpent avait l’avantage ; il pouvait encercler deux hommes qui pourraient se blesser l’un l’autre.
    –  Sale bête ! dit Paindorge en s’approchant.
    Prompt et fatal, le serpent plongea en avant, évita le coup de lame de l’écuyer et le fit choir. Paindorge hurla, se sentant saisi, enveloppé. Son épée chut parmi les mousses et les herbes.
    –  Il s’enroule !
    Hé oui ! Plutôt que de mordre, l’immense Python s’enroulait et de sa tête abjecte défiait le second homme.
    –  La cabeza ! hurla Serrano.
    La tête. Il fallait trancher la tête sans toucher à Paindorge, ceinturé, étouffé, et dont une jambe était prise dans un enlacement d’écaillés affreuses.
    Avec une rage folle, Tristan porta un coup. Sa lame trancha des squames jaunâtres et de la chair sans rompre ni la vie ni la force ni la haine de la bête dont un seul soubresaut dénonça la souffrance. Une partie du corps maintenant sanglant s’enroula sur l’autre jambe de Paindorge tout en le frappant de son extrémité.
    –  La tête ! hurla cette fois Serrano.
    Tue ! Tue ! cria Yvain.
    –  Vélocement, messire ! exigea Lebaudy.
    Une forcennerie possédait les hommes, égale sinon pire qu’à la bataille. Les chevaux hennissaient, maintenant. Il fallait s’approcher, tailler. Éviter d’être mordu.
    Paindorge étouffait. Lebaudy apparut, son poignard à la main. Tandis que le serpent et l’écuyer se convulsaient sur le sol et que Tristan frappait l’épaisse et répugnante « chose », le soudoyer, d’un mouvement véloce, saisit la tête du reptile par derrière et trancha le « cou », non sans mal, aspergeant ses mains d’un sang gluant et rosâtre.
    De secousse en secousse le monstre déroula ses torsions funèbres. Paindorge s’en dégagea en hâte. Il vomit. Il ne cessait de trembler. Il examina son corps de bas en haut comme s’il doutait d’être complet. Lebaudy essuyait sa lame dans les herbes. Il en tira l’épée de l’écuyer et la lui remit frémissant, lui aussi, d’une fureur répulsive.
    –  Je te dois la vie, Girard. Je tremble ! Je tremble encore de malepeur…
    –  Moi également, dit Tristan dont les dents s’entrechoquaient.
    Son cerveau demeurait imprégné par la tête du monstre. Il voyait son regard, sa

Weitere Kostenlose Bücher