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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Cordoue, Séville jusqu’à l’Aragon et de lui rendre Burgos afin qu’il redevienne roi d’Espagne. Il était prêt à verser à Bertrand un million de livres à partager avec l’armée à condition qu’elle revienne en France. Il lui fournirait trente mille Espagnols pour qu’il aille combattre le roi de Grenade puisque c’est sa volonté.
    –  Ton divin maître a refusé.
    –  Comment le sais-tu ?
    –  Le pillage lui procure plus de plaisir et lui rapporte davantage.
    Les mains du Breton se crispèrent sur les rênes qu’il tenait lâches. Le spectre de Teresa revint hanter Tristan. Il se défendit mal de sa présence. Sans doute Couzic avait-il été l’un des premiers à violer la pucelle. Et maintenant, il conversait avec ce meurtrier. Car c’était peut-être lui qui avait décollé l’innocente. « Mordieu ! Je le devrais occire là, tout de suite. » Non : plus lointaine serait sa vengeance, meilleure elle paraîtrait.
    –  Continue, crapuleux, dit-il.
    Couzic obtempéra. L’insulte avait glissé sur lui comme une pluie.
    –  Pour accepter les propositions de Pèdre, Henri a demandé des otages : la fille du roi, Constance, qui a douze ans et qui est bien moulée 83  ; puis Ferrant de Castro et cinquante bourgeois. Puis deux Juifs : Daniel et Turquant, qui sont du conseil secret de Pèdre et ont occis la reine Blanche.
    –  Il faudrait savoir, se permit Paindorge, si c’est eux ou cet arbalétrier : Rebolledo !
    C’était bien dit et c’était pertinent. Couzic eut une sorte de grimace. Elle signifiait qu’il n’entendait rien aux énigmes.
    –  Henri a demandé que si Pedro s’enfuyait avec ses barons, les deux Juifs soient retenus et mis en chartre en attendant sa venue. Aussitôt qu’il apprit la réponse d’Henri, Pedro a quitté Cordoue avec tous ses hommes liges. Et maintenant il est là, dans ces murs… Bertrand prétend que Castro n’y est plus 84 .
    Tristan regarda la cité. Séville avait, disait-on, trois forteresses : l’une aux chevaliers, l’autre aux Juifs, la dernière aux Sarrasins. En France, une telle disposition, eût été impossible.
    –  À la place de Pèdre, dit Paindorge, il me semble que je serais parti depuis longtemps !
    Tristan ne jugea pas utile de répondre qu’un roi ne pouvait penser comme un écuyer. Ses yeux fouillaient les contours et le crénelage des murailles. Plutôt que d’accabler Couzic de sa haine et de sa dérision, mieux valait qu’il essayât de deviner ce qu’il allait voir et peut-être subir une fois dans la cité – si toutefois on leur accordait le passage. L’humiliation, non. C’était au roi Pèdre de se sentir humilié par la venue d’une ambassaderie de ses ennemis dont aucun des composants n’appartenait à l’Espagne.
    –  Nous allons sentir sur nous les feux de la haine et du courroux.
    –  Croyez-vous qu’il nous fasse occire ?
    Paindorge n’échappait pas à l’anxiété commune.
    Couzic pâlissait sous son bassinet. Il n’était que de regarder son long nez pour s’en convaincre.
    –  Allons vélocement, décida Tristan. Avez-vous vu, entre les merlons, au-dessus de cette porte, là-bas ? Il y a au moins vingt regards (421) . Si nous devons conquérir Séville, nous y laisserons des plumes.
    Il y avait, sur le seuil, autant d’archers que de guisarmiers. Moins hostiles que curieux de ces Français dont ils connaissaient les lugubres prouesses. Tout en examinant les deux bannières plus encore que les habits de fer dont ils étaient adoubés, un Sévillan vint à leur rencontre. C’était un rico hombre sans mailles, sans armure et qui se gonflait d’une hautaineté certainement passagère.
    –  Nous sommes là, messire, par délégation…
    La sueur aux tempes, Tristan se demanda s’il avait été compris. Sous la voûte d’entrée où il s’était avancé pour se soustraire aux feux du soleil, l’ombre gênait sa vue. Il ne voyait de l’Espagnol que la lueur de ses yeux et l’éclat d’une bouche jeune et quelque peu moqueuse.
    –  Nous sommes habilités pour traiter avec le roi Pèdre.
    –  Traiter de quoi, messire ?
    L’homme portait un pourpoint rouge, des chausses rouges ; une aumusse rouge le coiffait. Cette couleur que Tristan abhorrait prenait, dans l’espèce de nuit assemblée sous le cintre de pierre, une teinte vineuse plus répugnante encore que celle du sang qui sèche et s’encroûte. Derrière, les soudoyers commençaient à se haier

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