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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’occire.
    Pèdre se mit à marcher dans la grande pièce, lentement, comme quelqu’un qui ne craint rien et ménage son temps avant de prendre la fuite. Tristan, cependant, ne fut point dupe de cette sérénité. Il avait vu des chariots dans la cour. Nul doute qu’un trésor y était partagé. Pèdre l’allait suivre. Pour aller où, sinon en Portugal.
    Il n’y avait céans que quatre faudesteuils et deux tables sans rien dessus. Outre que la sévérité des lieux démontrait la taci turnité de l’ancien maître de l’Espagne, elle prouvait l’imminence d’un départ certainement astucieux.
    –  Un astronomien m’a prédit que Guesclin me tuerait, messires. Or, le moment n’en est pas encore venu 87 .
    Pèdre était brun, les cheveux bouclés, le teint mat, assez sombre, – ce qui semblait confirmer ce que prétendaient les méchantes langues, à savoir que sa mère avait forniqué avec un Juif. Les yeux très noirs, étirés vers les tempes, les oreilles longues, aux lobes proéminents, le nez robuste et busqué, la bouche mince, le menton lourd, il portait haut sur le front un serre-tête composé de fils d’or et d’argent tressés. C’était un substitut de couronne, celle-ci ayant été remisée dans un chariot en attendant des jours meilleurs de cela, au moins, Pèdre était certain. La moustache mince poussait depuis peu ainsi que la barbe afin de n’être point  reconnu en chemin.
    –  Messires, je n’irai pas me rendre à ce Guesclin ni à qui que ce soit. J’ai perdu quelques batailles, j’en gagnerai quelques autres. Le bâtard vous paye et vous nourrit ; les gens viennent à moi simplement, sans rien me demander en échange de leur fidélité…
    Tristan s’aperçut qu’une migraine indésirable s’insinuait dans sa nuque. Une intuition l’avertissait qu’il reverrait cet homme et qu’il serait redevenu roi.
    –  Bertrand vous accordait… commença Couzic.
    Tristan le considéra froidement. L’abjection l’avait griffé mieux qu’un chat l’eût pu faire. Chaque ride correspondait à l’assouvissement d’une inconstance mortelle, chacun des bourrelets de son front à une jubilation profonde. Il avait dû l’admonester pour qu’il ôtât son bassinet en présence du souverain déchu.
    –  Senores, nous nous sommes tout dit. Je n’ai nul besoin que messire Guesclin m’accorde quoi que ce soit ou pourfile, à mon intention, un essaim de belles paroles. Je le vaincrai, soyez-en assurés… Oh ! Vous pouvez vous ébaudir, vous qui tenez sa ban nière et que je pourrais faire crucifier pour une irrévérence qui préjudicie votre maître avant même qu’elle vous desserve… Je vous retrouverai. Vos cris se feront ouïr jusqu’à Paris !
    La colère grondait tout à coup chez cet homme dont les courtisans s’approchaient, menaçants. Il se domina.
    –  Dites à vos maréchaux – s’il y en a – ou à vos capitaines qu’ils ont fait un mauvais choix et qu’ils ne tarderont point à en éprouver du regret. L’Espagne est grande et je la connais mieux qu’ils ne la connaissent. Mieux que ne la connaît Henri… Et c’est pourquoi vous verserez tous, bientôt, des larmes de douleur et de honte… J’ai dit !
    Tristan s’inclina. Et Paindorge. Couzic, lui, prétendit défier Pèdre d’un regard. Plutôt qu’une réciprocité dans la détestation, la hautaineté du Breton suscita un rire auquel s’associèrent ceux des courtisans.
    Tristan fit demi-tour. Ses compagnons le suivirent. Il fut heureux d’entendre les bruissements des fers de son armure. Si on leur décochait, sitôt dehors, une sagette dans le dos, son picot d’acier ne serait pas mortel. C’était, en l’occurrence, tout ce qui importait.
    *
    Avec une mauvaise volonté manifeste, Couzic attesta que Pèdre n’avait cessé de regimber à chaque phrase, chaque mot de Castelreng, et qu’il se préparait à quitter Séville. Pour s’assurer de sa personne, il fallait sans tarder assaillir la cité.
    –  Qu’en penses-tu, Sang-Bouillant ? interrogea Naudon de Bagerant.
    Il était dans l’ombre de Calveley, loin de Guesclin contrairement à l’ordinaire. Sa question avait devancé celle du Breton dont la fureur était tout aussi patente que l’abomination de Couzic envers ce routier qui traitait le Sang-Bouillant détesté avec une sorte d’amitié sinon d’admiration moqueuse.
    –  Je n’ai pas à penser, Naudon. J’obéis même si c’est avec déplaisance.
    – 

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