Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
moi-même avons quelque raison de lui en vouloir ; je vous dirai seulement qu’il a rendu naguère, à mon détriment, un douteux service à l’amiral de Brion.
    — Il faut vous dire, madame, que je n’entretiens plus aucun lien avec mon frère.
    Diane avait mieux à faire qu’entrer dans les querelles de famille de deux écuyers ; et d’autant plus qu’elle se rappelait vaguement n’être pas tout à fait étrangère à leur brouille... Elle alla droit au but.
    — Je désirerais que vous rentriez en contact avec lui, que vous désarmiez ses préventions éventuelles et que, tablant sur votre parenté, vous regagniez rapidement sa confiance.
    Simon ne promit rien. Il était venu pour tout autre chose.
    — Un officier de bouche des Fils de France est actuellement suspecté, ce qui paraît incroyable, d’avoir empoisonné le pauvre dauphin François (Dieu ait son âme).
    — Vous voulez parler de cet Italien. Vous le connaissez donc ?
    — Un peu, madame ; très peu, en fait...
    — Tant mieux. Car je crains fort de ne rien pouvoir en sa faveur.
    — C’est qu’il a grand besoin, madame, que quelqu’un ouvre les yeux du roi, et fasse comprendre à Sa Majesté combien cette idée d’empoisonnement est absurde.
    — Le fait est que les médecins n’ont relevé aucune trace de poison... Seulement des lésions pulmonaires.
    — Et pour cause !
    La grande sénéchale se remit en position de prière.
    — Je regrette, monsieur, mais ce sont là des matières qui m’échappent. Si cet Italien est l’assassin du ci-devant dauphin, il faudra qu’il paie pour son crime. Sinon, la justice du roi le disculpera.
    — Cependant...
    — J’aimerais prier en paix, à présent.
    Simon se releva et salua comme un automate. Il se demandait vaguement si cette femme, une fois dans sa vie, avait éprouvé des sentiments vraiment humains... Il allait quitter la chapelle quand une voix impérieuse – une voix qui n’était pas sans rappeler celle de la défunte régente – le figea sur place.
    — J’espère, en tout cas, pouvoir compter sur la réconciliation des frères de Coisay ! Mon mari vous appelait « les Dioscures »...
    Simon sortit sans répondre ; ce rappel d’une complicité perdue venait de lui briser le cœur.

    Trois jours plus tard, Simon fut enfin admis chez la duchesse d’Étampes. Inconséquente ou bien perverse, elle le reçut dans la chambre même où ils avaient, quelques semaines plus tôt, connu des émois de tous ordres... La favorite, au reste, ne se montra guère chaleureuse ; elle lui fit remarquer d’emblée quel risque elle prenait en le recevant, et quelle imprudence il commettait lui-même en revenant sur les lieux de leurs licences.
    — Vous imaginez sans doute, madame, ce qui motive ma venue...
    — Je n’en ai, pour tout vous dire, aucune idée. Clémence !
    Une jeune soubrette apparut dans l’instant, fine et rapide comme une petite souris. Anne de Pisseleu lui tendit un important joyau de perles montées en or blanc – apparemment un serre-tête – qu’elle avait trituré en tous sens.
    — Clémence, voulez-vous me trouver un orfèvre capable de réparer ceci. Faites vite, j’en aurai besoin demain soir.
    La soubrette prit le bijou avec beaucoup de soin, fit une petite révérence et ressortit aussi vite qu’elle était entrée.
    — Parlez, monsieur, dit la duchesse à Simon – mais du ton que l’on réserve aux importuns.
    Il songea que l’heure était passée, des rires et des privautés.
    — Je voulais vous parler du comte de Montecucculi, madame.
    — Taisez-vous donc, malheureux !
    Anne bondit de son siège, se précipita vers la porte et, vérifiant qu’on n’avait pu les entendre, revint vers Simon qu’elle prit par le bras.
    — Êtes-vous donc mal intentionné, que vous prononciez chez moi de tels noms ?
    — Mais...
    — Il faut que vous oubliiez ce garçon, Simon. Il était charmant, beau même, je vous l’accorde ; mais considérez-le comme un homme mort ou pire : comme un dangereux cadavre !
    L’écuyer ne chercha pas à cacher son désarroi. La favorite reprit, parlant tout bas.
    — Ne savez-vous pas que, sous la torture, votre ami a fini par avouer tout ce qu’on a voulu ? Il a reconnu son crime, et dénoncé maints complices... Louez le Seigneur de n’être pas du nombre !
    — Mais ce sont des aveux extorqués !
    — Bien sûr, et après ? Cela change-t-il en rien le résultat ? Il faut au roi un coupable, Simon, et

Weitere Kostenlose Bücher