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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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lecteur d’Amadis de Gaule 15 .
    — Alors que cette campagne-ci, Henri – c’était la première fois qu’il l’appelait « Henri » – cette guerre était une affaire de Romains. Me comprenez-vous ?
    Le jeune prince sourit.
    — Mouais, bougonna le maréchal. Vous gagneriez peut-être à réformer vos lectures, et à fréquenter davantage les grands Anciens...
    Il pérorait volontiers.
    — On m’objecte toujours l’honneur. Mais qu’est-ce que l’honneur, quand il ne sert que de consolation aux perdants ? Pardonnez-moi, mais je préfère, pour ma part, être vainqueur par l’application méthodique de principes plus modestes, plus concrets – mais tellement plus efficaces !
    Le dauphin songea, tout à part lui, que l’honneur était une notion bien trop précieuse pour que l’on se permît de la mettre en balance avec une efficacité quelconque.

Palais de Lyon.
    R esté à Lyon avec le gros de la Cour, Simon de Coisay avait appris, affligé, la nouvelle de la mort du dauphin François. Il y était d’autant plus sensible que les circonstances, depuis quelques semaines, l’avaient amené à fréquenter le prince défunt. Des rumeurs de poison circulaient à propos de cette mort surprenante ; et l’écuyer s’émut d’apprendre que – « par mesure conservatoire » – on avait arrêté plusieurs officiers du défunt, dont son échanson, Montecucculi.
    — Ils ne croient tout de même pas que Sébastien aurait tué son protecteur !
    L’incrédulité de Simon fit bientôt place à de l’inquiétude, avant de se muer en colère ; la ville bruissait en effet des soupçons que « la Cour » – pour ne pas citer le roi – nourrissait contre le Ferrarais, suspect pour avoir servi, jadis, l’empereur Charles Quint en personne. Pis : il se disait qu’à la faveur d’une perquisition, l’on avait retrouvé chez le jeune homme une sorte de traité des poisons. Les éléments, dès lors, se trouvaient réunis pour établir un doute sérieux. Sébastien devait être interrogé « dans les formes ». Cela signifiait que les enquêteurs allaient le soumettre aux diverses tortures en usage – et c’est peu dire qu’il en existait d’efficaces...
    — C’est un mauvais rêve ! Mais il faut faire quelque chose, se répétait Simon.
    N’écoutant pas les voix de prudence qui, du plus profond de lui-même, lui conseillaient de disparaître, le « chevalier » de Coisay reprit donc le chemin de la Cour, dans l’espoir d’être reçu par la duchesse d’Étampes. Au nom de certains souvenirs encore frais, il espérait la convaincre d’intercéder en faveur de leur ami commun.
    Seulement la favorite était, ce jour-là, « sortie » – et c’est la grande sénéchale que l’écuyer croisa sur son chemin.
    — Coisay ! dit-elle sans buter un instant sur son nom. Mais quelle surprise !
    Ils ne s’étaient pas vus depuis près de dix ans.
    — Madame, laissez-moi vous présenter mes hommages, fit un Simon pressé de prendre la tangente.
    Diane ne l’entendait pas ainsi.
    — Mais dites-moi, mon ami, seriez-vous ici en mission ?
    — Oui, madame, ou plutôt... non. J’espérais être reçu par... quelqu’un.
    Simon s’était rappelé à temps cette histoire de haine recuite entre la sénéchale et la favorite.
    — Quelqu’un... Et qui cela ?
    — Je... Je venais voir notre nouveau dauphin, mentit l’écuyer.
    — Mais le dauphin est pour l’heure aux armées ! s’exclama Diane de Brézé. L’on voit bien que vous n’êtes plus de ce pays.
    La grande sénéchale ne lui laissa pas le temps de trouver une échappatoire.
    — Coisay, poursuivit-elle, c’est un hasard heureux qui vous a conduit jusqu’à moi. Figurez-vous... Mais accompagnez-moi plutôt, s’il vous plaît. Je m’en vais louer le Seigneur du retrait miraculeux de l’empereur. Car le siège de Marseille est levé, le saviez-vous ?
    Furieux de s’être fait piéger, l’écuyer suivit la dame jusqu’à l’entrée d’une chapelle.
    — Vous n’êtes pas l’un de ces réformés, au moins ?
    — Je suis fort bon chrétien, madame.
    — Allons, tant mieux. Entrons !
    Elle s’agenouilla sur un prie-Dieu et convia Coisay à faire de même. À son habitude, elle ne s’embarrassa d’aucun détour.
    — Si j’en crois le cardinal Le Veneur, se lança-t-elle, votre frère est, depuis peu, rentré des Indes 4 . Il aurait débarqué à Saint-Malo en juillet. Il se trouve que le grand maître et

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