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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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légèrement les sourcils. L’autre reprit.
    — Me croirez-vous, monseigneur, si je vous dis que j’ai revu mademoiselle Duci ? Euh... Filippa, je crois...
    Le jeune prince rougit jusqu’aux oreilles. Désignant Diane d’un regard, il en appela, le plus allusivement possible, à la discrétion de son ami. Mais celui-ci passa outre.
    — Enfin, ne voulez-vous pas savoir comment elle se porte ?
    — Il... Je ne suis pas sûr que cela intéresse Mme la sénéchale...
    — Je suis au courant de tout, dit Diane en souriant si fort qu’elle acheva de déconcerter le jeune homme.
    Le connétable de Montmorency faisait mine de chercher un colimaçon à jeter aux oiseaux.
    — Ces gaillards-là se font rares, dit-il. Que disais-je ? Ah oui : Filippa Duci !
    — Mon cousin...
    — Eh bien j’ai l’honneur, monsieur, de vous apprendre qu’elle est dans une position avantageuse.
    — Tant mieux.
    Diane de Brézé insista.
    — Vous n’avez pas bien entendu, Henri. Votre Filippa est enceinte ! Enceinte de cinq mois maintenant.
    Le dauphin demeura interdit, comme frappé par la foudre. Puis, émergeant peu à peu de son ébahissement, il se mit à sourire et à rire, à rire comme un homme soulagé.
    — Y serais-je pour quelque chose ?
    — C’est en tout cas ce que la demoiselle affirme, confirma Diane, heureuse. Elle porte votre enfant, Henri – votre premier enfant !
    De l’incrédulité à la joie, de la stupéfaction à l’euphorie, le fils aîné du roi de France passa par tous les stades d’une surprise merveilleuse.
    — Alors... Vous voulez dire... Enfin...
    — Oui ! confirma le connétable.
    Et il serra dans ses bras celui qu’il regardait, chaque jour un peu plus, comme son propre fils.

    À Ecouen, la chambre occupée par Diane était bien plus riche, bien plus raffinée, que celles dont elle disposait dans ses propres demeures. Tentures de fils précieux, émaux, verrières peintes de vives couleurs... Cette belle pièce embrassait, par-delà de vastes terrasses, toute une partie de la plaine de France. Parfois le matin, plutôt que de rester assise à sa toilette, la grande sénéchale se faisait coiffer devant une croisée ouverte, pour profiter tout à la fois de cette vue, si prenante, et de la brise matinale.
    — Monseigneur le dauphin de Viennois ! annonça la camériste.
    Diane sourit à Henri. Elle le dévisagea, comme souvent, et lui trouva l’air fatigué ; assez étrangement, sa beauté mâle – quoique juvénile encore – s’en trouvait renforcée.
    — Madame, j’ai cueilli tout cela pour vous !
    Et il posa, de façon un peu brusque, un gros bouquet de fleurs champêtres sur une table, au bout du lit. Une femme de chambre allait s’en emparer quand sa maîtresse intervint.
    — Non ! dit-elle. Cela, je m’en occuperai moi-même. Laissez-nous.
    Les femmes s’égaillèrent aussitôt comme une volée de moineaux. L’adolescent, tout heureux de cette intimité provoquée, s’approcha de Diane et, comme chaque matin, lui baisa la main. Mais cette fois, il en conserva les doigts tout fins, si fragiles, dans les siens. Elle fit mine de n’y attacher aucune importance.
    — Vous, dit-elle, vous me faites l’effet d’un jeune prince qui n’aurait pas fermé l’œil de la nuit.
    — Tout juste, répondit Henri avec, dans le regard, comme un petit éclair de défi.
    — L’effet, aussi, d’un garçon peu sérieux, et qui aurait bu.
    Il rit.
    — Si peu, madame, je vous assure.
    Il la contemplait avec un bonheur plein, naïf, évident – étrangement engageant. Diane retira doucement sa main. Henri lui donnait le sentiment d’avoir mûri de plusieurs années en quelques heures. Elle se leva et ferma la fenêtre.
    — Serait-ce la paternité qui vous confère de l’assurance ?
    L’adolescent ne répondit pas. Mais il saisit le gros bouquet des champs et le jeta, d’un mouvement ample, sur le lit de sa dame.
    — Oh ! fit Diane.
    Elle avait senti que, désormais, tout allait être différent.
    — Que faites-vous ? demanda-t-elle alors qu’il déboutonnait, tranquillement, son pourpoint.
    — C’est vous, dit-il, qui m’avez appris à dédaigner les questions évidentes.
    Il était à présent en chemise, et dégrafait son haut-de-chausse.
    — Henri, vous n’allez pas m’obliger à appeler, n’est-ce pas ?
    — Appelez, madame, si vous l’osez !
    Il y avait, dans son sourire, une part de défi certaine – mais elle n’était rien, comparée à la

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