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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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omnipotenti et vobis fratres quia peccavi nimis cogitatione ...
    Le dauphin Henri avait conservé, de ses années passées comme otage dans les geôles impériales, une aversion quasi physique pour les Espagnols en général, et l’entourage dévot de l’empereur en particulier. Mais il avait déjà revu Charles Quint à Aigues-Mortes ; et se trouver dans la situation de l’accueillir, au nom du roi son père, sur des terres où il sollicitait le passage, n’était pas pour déplaire au jeune prince.
    — Sire, lui dit-il après les phrases d’usage, j’ai à vous transmettre, par avance, les chaleureuses embrassades de la reine Éléonore, votre sœur.
    — Alors embrassez-moi ! dit l’empereur en français.
    Le dauphin, non sans se forcer sans doute, s’exécuta sans manières... C’était une entorse considérable aux façons de Tolède, et le connétable ne manqua pas d’en apprécier toute la valeur. Pour lui, ce long voyage qu’entamait l’empereur à travers la France était un peu le couronnement d’années d’efforts, tant diplomatiques que militaires – car ses victoires sur l’Empire, Montmorency les avait toujours regardées comme des moyens de revenir plus vite à la paix. Charles Quint connaissait ses alliés véritables. Et dès ce premier jour, il ne manqua aucune occasion de mettre en avant le connétable, lui octroyant même le traitement réservé d’habitude aux seuls chefs d’État.
    — Mon cousin, lui disait-il de manière bien audible en s’effaçant devant chaque porte, me ferez-vous l’honneur ?
    — Sire, enchérissait Montmorency, vous obéir fait toute ma joie !
    Derrière ces politesses se cachaient pourtant d’innombrables points de conflit ; notamment, Charles n’avait pas davantage renoncé à conquérir un jour la Bourgogne que François n’avait fait une croix sur son cher Milanais. De part et d’autre, personne n’ignorait que d’épineuses questions territoriales demeuraient sans règlement.

De Lyon à Saint-Vallier.
    P endant que l’empereur remontait vers le Val de Loire, la grande sénéchale, partie de Fontainebleau, avait, de son côté, pris la route du Valentinois : son père venait de rendre l’âme en son château de Pisançon. La famille l’avait enterré dans la chapelle des Saint-Vallier, à Saint-Vallier... Louise, la fille cadette de Diane, accompagnait sa mère sans trop se plaindre. L’aînée, Françoise, n’était plus aussi libre depuis son mariage.
    Le « gentil seigneur » Jean de Saint-Vallier, jadis condamné à mort 2 pour avoir pris part à la trahison du connétable de Bourbon, puis gracié sur intervention de sa fille et de son gendre, était devenu de ce fait un poids pour Diane, et un danger. Sa position à la Cour et l’avenir de ses filles avaient justifié, pensait-elle, un éloignement complet. Sans appel.
    Mais à présent que ce père si peu commun était mort – mort loin d’elle et, disait-on, en implorant une fois encore son pardon – elle ne pouvait se défendre d’un reflux de sentiments enfouis, d’une remontée de souvenirs d’enfance. Parce qu’elle avait très peu connu sa mère, Diane s’était, petite, raccrochée de force à ce père amusant et léger ; et lui-même, plus attaché, sans aucun doute, à cette fillette étonnante qu’à ses quatre frères et sœurs, avait su tisser avec elle des liens que même le temps, même les graves soubresauts de la vie, n’avaient pu détruire tout à fait. Diane se revoyait chevauchant avec lui, intrépide, sur leurs terres accidentées du beau pays diois ; elle le voyait encore lui rendant visite à Chantelle, chez Madame la Grande 3 – à la main une cage contenant un couple d’inséparables ; il lui semblait l’entendre, à côté d’elle, pérorer sur ses procès contre Madame, tandis qu’ils assistaient, à Rouen, à quelque grand-messe...
    Diane se complaisait à ces évocations, et l’intimité de sa litière cachait des sourires plus que des pleurs qui ne vinrent pas. C’est tout juste si elle regrettait de n’avoir pas été présente lorsque son père, remarié, rangé, avait – jusqu’à ces derniers temps – exprimé l’espérance de la revoir. En revanche elle se promettait de lui rendre justice auprès de ses filles et de leur propre descendance. Plus tard...

    À Lyon, Diane et Louise se reposèrent à l’abbaye de Saint-Just, pleine encore du souvenir de la mère du roi quand, après le désastre de Pavie et la

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