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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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feu, l’homme avait disparu.
    Ian contempla d’un air songeur les ombres longues sous les arbres.
    — Vous savez quoi, tante Claire ? Il reviendra.
     
    Jamie et Hamish ne rentrèrent pas pour le dîner, ce qui me laissa supposer que tout se passait très bien pour eux. Pour moi et Ian également. Mme Kebbits, l’épouse du milicien, nous accueillit gracieusement autour de son feu, nous servant de croustillants chaussons au maïs et un ragoût de lapin cuit aux petits oignons. Mieux encore, mon sinistre visiteur ne revint pas.
    Ian était parti vaquer à ses occupations, Rollo sur ses talons ; aussi, après avoir couvert mon feu, je me préparai à aller faire mes rondes de nuit dans les tentes hospitalières. La plupart des blessés les plus graves étaient morts dans les deux ou trois jours qui avaient suivi la bataille. Les autres, ceux qui avaient une épouse, des amis ou des parents pour prendre soin d’eux, avaient été transportés dans leurs campements respectifs. Il en restait environ trois douzaines, des hommes seuls, souffrant de blessures qui n’en finissaient pas de cicatriser ou de longues maladies.
    J’enfilai une seconde paire de bas, m’enveloppai dans mon épaisse cape en laine et remerciai le ciel qu’il fasse froid. Depuis la fin septembre, un air frisquet avait embrasé la forêt dans une apothéose de rouge et d’or, tuant par la même occasion les insectes. L’absence de mouches était un merveilleux soulagement. Je comprenais maintenant pourquoi elles avaient constitué l’une des dix plaies d’Egypte. Hélas, les poux, eux, ne nous avaient pas quittés. Néanmoins, en l’absence de mouches, de puces et de moustiques, la menace d’épidémies diminuait considérablement.
    Chaque fois que j’approchais d’une tente hospitalière, je humais l’air, guettant les odeurs fécales révélatrices qui pourraient annoncer une irruption soudaine de choléra, de typhus et, moindre mal, d’une salmonellose. Ce soir-là, je ne sentis rien d’autre que la puanteur habituelle des latrines, des corps sales, des draps crasseux et des effluves tenaces de vieux sang. Tout cela était d’une familiarité rassurante.
    Les aides-soignants jouaient aux cartes sous un auvent en toile près de la tente principale, éclairés par une mèche de jonc dont la flamme s’élevait et dansait dans la brise du soir. Leurs ombres gonflaient et rétrécissaient sur la toile pâle et je lesentendis rire en passant. Cela signifiait qu’aucun des médecins du régiment n’était dans les parages ; ce qui était aussi bien.
    La plupart d’entre eux étaient reconnaissants pour toute aide qu’on pouvait leur apporter et me laissaient donc agir à ma guise. Néanmoins, il y en avait toujours un ou deux pour se draper dans leur dignité et vouloir faire preuve d’autorité. D’ordinaire ce n’était qu’agaçant mais, en cas d’urgence, cela pouvait se révéler dangereux.
    Dieu merci, il n’y avait pas d’urgence ce soir-là. Plusieurs bougeoirs en étain avec des bouts de chandelle de différentes longueurs étaient entassés dans un panier devant l’entrée. J’en pris un, l’allumai et traversai les deux grandes tentes, vérifiant les signes vitaux, discutant avec les hommes qui étaient réveillés et évaluant leur état.
    Il n’y avait rien de très méchant mais j’étais inquiète pour le caporal Jebediah Shoreditch qui avait reçu trois coups de baïonnette lors de l’assaut de la redoute. Par miracle, aucun de ses organes vitaux n’avait été atteint. Il n’était pas dans une position très confortable, une des lames s’étant enfoncée dans sa fesse gauche. Il ne présentait aucun symptôme majeur de fièvre mais je remarquai un début d’infection autour de la plaie.
    — Il va falloir que je l’irrigue, lui expliquai-je.
    Mon flacon de violet de gentiane était presque vide mais, avec un peu de chance, je pourrais m’en passer jusqu’à ce que j’aie le temps d’en préparer à nouveau.
    — Je veux dire par là que je dois la laver et enlever le pus. Comment est-ce arrivé ?
    Ce ne serait pas une partie de plaisir. Autant le distraire en le faisant parler.
    Tandis que je repoussais sa couverture et décollais délicatement les compresses au goudron et à la térébenthine, il s’agrippa aux bords de sa paillasse et me dit :
    — N’allez pas croire que j’étais en train de battre en retraite, m’dame ! Un de ces sournois de Hessiens, le fils de pute, faisait

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