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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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le mort. Quand je l’ai enjambé, il a ressuscité d’un coup et s’est redressé comme un serpent à sonnette, la baïonnette à la main.
    Un ami qui était étendu non loin plaisanta :
    — Tu veux plutôt dire « la baïonnette dans ta main » !
    — Non, ça, c’était un autre, répondit Shoreditch avec un coup d’œil à sa main bandée.
    Il m’avait raconté plus tôt qu’un Hessien lui avait cloué la main au sol avec sa baïonnette. Shoreditch avait alors ramassé son couteau de sa main libre et tailladé les mollets de son assaillant, le faisant tomber. Après quoi, il lui avait tranché la gorge tout en tentant de repousser les assauts d’un troisième agresseur qui était parvenu à lui sectionner le haut de l’oreille gauche.
    — Dieu merci, il a été abattu avant de pouvoir m’achever. En parlant de main, m’dame, comment va celle du colonel ?
    A la lueur de la lanterne, son front luisait de transpiration et il était tellement crispé que les tendons de son avant-bras saillaient. Il parvenait néanmoins à conserver son sang-froid et un ton courtois.
    — Il faut croire qu’elle va bien, répondis-je. Il joue aux cartes avec le colonel Martin depuis cet après-midi. Si sa main était mauvaise, il serait déjà rentré.
    Mon piètre jeu de mots fit ricaner Shoreditch et son camarade. Il poussa un long soupir quand j’achevai enfin son nouveau bandage et resta un moment le front pressé contre sa paillasse avant de rouler sur le côté. Je le vis observer d’un air faussement détaché les silhouettes sombres qui allaient et venaient sous la tente.
    — Merci beaucoup, m’dame. Si vous croisez par hasard l’Ami Hunter ou le docteur Tolliver, vous pourriez leur demander de passer me voir ?
    Légèrement surprise, je n’en acquiesçai pas moins avant de lui remplir une chope de bière. Maintenant que les convois de ravitaillement venant du sud pouvaient à nouveau passer, nous n’en manquions pas et cela ne pouvait pas lui faire de mal. J’en donnai également à son camarade, un homme de Pennsylvanie appelé Neph Brewster. Il souffrait de dysenterie et j’ajoutai au breuvage une pincée de la mixture constipante de Daniel Rawlings.
    Tout en prenant sa chope, Neph se pencha vers moi et me glissa :
    — Jeb n’a pas voulu vous manquer de respect, m’dame, mais c’est qu’il peut pas chier sans aide et qu’il n’ose pas en demander à une dame. M. Denzell ou le docteur ne sont pas près de passer. Vous en faites pas, je suis là.
    — Voulez-vous que j’aille chercher l’un des aides-soignants ? Ils sont juste là, dehors.
    — Oh non, m’dame. Une fois que le soleil est couché, ils considèrent qu’ils ont fini leur service. Ils n’entrent pas, à moins qu’il y ait une bagarre ou qu’une tente prenne feu.
    — Mmm…
    De toute évidence, l’attitude des aides-soignants ne variait pas beaucoup d’une époque à l’autre.
    — Je vais en parler à l’un des médecins, lui assurai-je.
    M. Brewster était maigre et jaunâtre. Sa main tremblait tant que je dus la lui tenir pendant qu’il buvait. Je doutais qu’il puisse tenir debout suffisamment longtemps pour aller faire ses propres besoins et le voyais mal assistant le caporal Shoreditch malgré sa bonne volonté.
    — Pour ce qui est d’aller au petit coin, je m’y connais à présent, reprit-il avec un sourire.
    Il s’interrompait entre deux gorgées pour reprendre son souffle. Il s’essuya le menton d’une main avant de reprendre :
    — Au fait, m’dame… vous n’auriez pas un peu de graisse de cuisine sur vous ? J’ai le trou de balle à vif, on dirait un lapin fraîchement écorché. Je me la mettrai moi-même, sauf si vous avez envie de me donner un coup de main, bien sûr.
    — J’en parlerai au docteur Hunter, rétorquai-je sèchement. Je suis sûre qu’il sera ravi.
    J’achevai rapidement ma ronde – la plupart des hommes dormaient – puis me mis en quête de Denny Hunter. Je le trouvai dans sa tente, un cache-col remonté jusque sur le nez, écoutant d’un air songeur une ballade que chantait quelqu’un devant un feu de camp non loin.
    Il s’extirpa de sa transe en m’apercevant mais il lui fallut quelques minutes pour revenir sur terre.
    — Qui ça ? Ah, l’Ami Jebediah, bien sûr ! Bien sûr. J’y vais de ce pas.
    — Vous n’auriez pas un peu de graisse d’oie ou d’ours ?
    Denny cala plus fermement ses lunettes sur son nez et m’observa d’un air

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