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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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une excellente sélection de scalpels. Je serais très honoré si…
    — Oh.
    C’était une offre d’une grande générosité et mon embarras céda aussitôt le pas à une fringale d’acquisitions.
    — Vous n’auriez pas une pince fine de trop ? De petits forceps ?
    — Mais si, bien sûr.
    Il ouvrit le tiroir du bas et écarta un fouillis de petits instruments à la recherche de pinces. J’aperçus un étrange outil et le pointai du doigt.
    — Qu’est-ce que ça peut bien être ?
    Le docteur Rawlings rosit.
    — On appelle ça un jugum pénien.
    — Ça ressemble à un piège à taupe. A quoi sert-il ? Ce n’est quand même pas pour les circoncisions… ?
    Je saisis l’objet sous les yeux horrifiés du docteur et l’examinai attentivement.
    — C’est… euh… Je vous en prie, madame.
    Il me l’arracha quasiment des mains et le remit dans le tiroir.
    Plus amusée qu’offensée par sa réaction, j’insistai :
    — Mais à quoi peut-il bien servir ? Etant donné le nom, naturellement…
    — Il empêche les… les tumescences nocturnes.
    Cette fois, il était rouge vif et évitait de croiser mon regard.
    — Effectivement, ce doit être efficace.
    L’objet en question consistait en deux cercles en métal concentriques avec des extrémités se chevauchant. Celui à l’extérieur était flexible. Une sorte de clef permettait de les resserrer. Le cercle intérieur était hérissé de dents de scie, un peu comme un piège. De toute évidence, on le posait sur un pénis flasque, qui avait tout intérêt à le rester.
    — Mais en quoi prévenir les « tumescences nocturnes » est-il souhaitable ?
    Il sembla choqué.
    — Mais… parce que… la… la perte de la semence masculine est très débilitante. Elle draine la vitalité et expose l’homme à toutes sortes de maladies ; sans compter qu’elle détériore considérablement ses facultés mentales et spirituelles.
    — Heureusement que personne n’en a jamais parlé à mon mari.
    Rawlings me dévisagea d’un air scandalisé mais, avant que la discussion ne prenne des proportions plus scabreuses encore, nous fûmes interrompus par des bruits à l’extérieur. Il en profita pour refermer son coffret et le glisser sous son bras avant de venir me rejoindre sur le pas de la tente.
    Une petite procession traversait le camp à une centaine de mètres. Un major britannique en uniforme d’apparat, les yeux bandés et le visage si rouge qu’il semblait sur le point d’exploser, était conduit par deux soldats continentaux. Un fifre les suivait à une distance en jouant Yankee Doodle Dandy . Me souvenant de la remarque de Jamie à propos d’apoplexie, je ne doutais pas qu’il s’agissait du malheureux major Kingston, l’officier chargé de porter les propositions de reddition de Burgoyne.
    — Seigneur ! gémit le docteur Rawlings à mes côtés. J’ai bien peur que les négociations ne durent un certain temps.
     
    Il avait vu juste. Une semaine plus tard, nous en étions toujours au même point, les lettres s’échangeant entre les deux camps une ou deux fois par jour, toujours selon le même cérémonial. Dans le camp américain, l’ambiance générale était détendue. Elle l’était sûrement un peu moins côté britannique mais le docteur Rawlings n’était pas revenu et les commérages étaient le seul moyen de juger si les négociations avançaient ou pas. Apparemment, Gates avait bel et bien bluffé et Burgoyne avait été assez malin pour s’en rendre compte.
    J’étais contente de pouvoir rester au même endroit suffisamment longtemps pour faire une lessive sans risquer d’être abattue, scalpée ou agressée d’une manière ou d’une autre. Cela mis à part, il restait encore bon nombre de blessés des deux batailles nécessitant mes soins.
    Depuis quelque temps, j’étais vaguement consciente de la présence d’un homme rôdant autour de notre campement. Je l’avais aperçu plusieurs fois et m’étais dit qu’il devait souffrir d’un mal embarrassant comme une chaude-pisse ou des hémorroïdes. Il fallait souvent à ces hommes un bon moment pour rassembler leur courage ou être désespérés au point de devoir demander de l’aide. Et même quand ils s’étaient enfin décidés, ils attendaient de pouvoir me parler en privé.
    La troisième ou quatrième fois que je le vis, je tentai de croiser son regard afin de l’inciter à approcher. Mais, chaque fois, il baissait les yeux et s’éloignait, se perdant

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