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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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dans la foule des miliciens, continentaux et suiveurs de camp.
    Il réapparut sans crier gare le lendemain au crépuscule, alors que je préparais une soupe avec deux patates douces flétries, une poignée de blé, une autre de haricots, un peu de pain rassis et un os offert par un de mes patients. Je n’aurais su dire à quel animal il avait appartenu mais il était raisonnablement frais et portait encore quelques lambeaux de viande.
    — Vous êtes madame Fraser ? demanda-t-il.
    Il s’exprimait avec un accent éduqué des Lowlands écossaises. Peut-être d’Edimbourg. Avec une pointe de tristesse, je pensai à Tom Christie qui parlait avec le même ton sec et formel. Ce rapprochement se dissipa l’instant suivant.
    — C’est bien vous qu’on appelle la sorcière blanche, n’est-ce pas ?
    Il sourit mais cela n’avait rien d’une expression plaisante.
    — C’est possible. Et alors ?
    Je saisis fermement ma spatule et lui adressai mon regard intimidant. Il était grand et mince, avec un visage étroit au teint bistre. Il portait un uniforme de continental. Pourquoi s’adressait-il à une sorcière plutôt qu’au médecin de son régiment ? Voulait-il un philtre d’amour ? Ça n’était pas son genre, selon toute apparence
    Il émit un petit ricanement et pencha la tête de côté.
    — Je voulais juste m’assurer que j’étais au bon endroit. Je ne voulais pas vous offenser.
    — Ce n’est rien.
    Il ne faisait rien de menaçant, mis à part, peut-être, se tenir un peu trop près de moi. Quoi qu’il en soit, il ne me plaisait pas. En outre, mon cœur s’était mis à battre plus vite qu’il ne l’aurait dû. Je m’efforçai de paraître détachée.
    — Vous connaissez mon nom. Mais quel est le vôtre ?
    Il sourit à nouveau, me dévisageant avec un air étudié qui frôlait l’insolence.
    — Mon nom importe peu. James Fraser est votre mari ?
    L’envie me prit de lui taper sur la tête avec ma spatule mais je n’en fis rien. Cela l’agacerait sans pour autant le faire partir. Je ne voulais rien admettre au sujet de Jamie. Je répondis simplement :
    — Excusez-moi.
    Je soulevai ma marmite du feu, la déposai sur le sol puis m’éloignai.
    Il ne s’était pas attendu à cela et ne m’emboîta pas le pas. Je marchai vite, contournai une petite tente appartenant à la milice du New Hampshire puis traversai un groupe de personnes rassemblées autour d’un feu. C’étaient des miliciens et quelques-unes de leurs femmes. Ma brusque apparition attira quelques regards surpris mais tous me connaissaient et s’écartèrent courtoisement pour me laisser passer en me saluant.
    En me retournant, je le vis, sa silhouette se détachant sur le soleil couchant. Il se tenait près de mon feu abandonné, le vent du soir ébouriffant ses cheveux. Ce devait être mon imagination qui me le faisait paraître sinistre.
    — Qui c’est, tante Claire ? Un de vos amoureux éconduits ?
    Ian venait d’apparaître à mes côtés, un sourire dans la voix.
    — Totalement éconduit, répliquai-je sans cesser de surveiller l’inconnu.
    J’avais cru qu’il me suivrait mais il ne bougeait pas, le visage tourné dans ma direction. Sa tête n’était qu’un ovale sombre mais je savais qu’il me regardait.
    — Tu sais où est ton oncle ?
    — Oui. Il est en train de plumer le colonel Martin au whist avec cousin Hamish.
    Il pointa le menton en direction du campement de la milice du Vermont. La tente du colonel Martin était aisément reconnaissable à la grande déchirure sur son toit, rapiécée avec du calicot jaune.
    — Hamish joue bien aux cartes ?
    — Non, mais oncle Jamie oui. Il sait quand Hamish va commettre une erreur, ce qui revient au même que s’il jouait bien, non ?
    — Je te crois sur parole. Dis-moi, tu connais cet homme ? Celui qui se tient près de mon feu ?
    Ian mit une main en visière et fronça les sourcils.
    — Non, mais il vient de cracher dans votre soupe.
    — Quoi ?
    Je me retournai juste à temps pour voir l’homme se redresser, le dos bien droit.
    — Oh, le salaud ! Le sale rat !
    Ian me donna un petit coup de coude, m’indiquant l’épouse d’un des miliciens qui me regardait avec réprobation. Je ravalai le chapelet d’injures qui me brûlait la gorge et lui adressai un sourire contrit. Après tout, nous allions probablement être obligés de lui demander l’hospitalité maintenant que notre dîner était fichu.
    Quand je regardai à nouveau vers mon

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