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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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superbe manteau écarlate tressé d’or et un chapeau à plumes, comme put le voir William en se rendant dans sa tente avec les autres officiers pour leur ultime et pénible réunion d’état-major.
    Le baron von Riedesel fit lui aussi un discours. Il collecta tous les fanions de régiment en leur expliquant qu’il les donnerait à sa femme afin qu’ils soient cousus à l’intérieur d’un coussin pour être rapportés en secret au Brunswick.
    William avait la tête ailleurs. Il ressentait une profonde tristesse car il n’avait encore jamais abandonné de camarades sur un champ de bataille. Il éprouvait également un peu de honte mais seulement un peu… Le général avait raison en disant qu’ils ne pouvaient lancer une autre attaque sans perdre la moitié de l’armée tant son état était piteux.
    Ils avaient effectivement l’air pitoyables, alignés en silence. Pourtant, quand le fifre et le tambour commencèrent à jouer, chaque régiment suivit l’étendard claquant au vent, les hommes portant la tête droite dans leurs uniformes en lambeaux, ou ce qu’il leur restait de vêtements. Le général leuravait assuré que l’ennemi s’était retiré sur ordre du général Gates : les Américains n’assisteraient pas à leur humiliation.
    Les Anglais en redingote rouge passèrent les premiers. Puis vinrent les régiments allemands : les dragons et les grenadiers en bleu, l’infanterie et l’artillerie de Hesse-Cassel en vert.
    Le bord du fleuve était jonché de cadavres de chevaux, la puanteur ajoutant encore à l’horreur du moment. L’artillerie y poussa d’abord son canon, puis les fantassins, rang après rang, vidèrent leurs cartouchières et empilèrent leurs fusils. Certains étaient assez furieux pour briser la crosse avant de jeter leur arme sur le tas. William vit même un tambour crever son instrument d’un coup de pied rageur. Il n’était ni scandalisé ni horrifié.
    Tout ce qu’il voulait à présent c’était revoir son père.
     
    Les troupes continentales et les miliciens marchèrent jusqu’au lieu de rendez-vous à Saratoga et s’alignèrent des deux côtés de la route qui menait au fleuve. Certaines femmes étaient venues aussi et regardaient de loin. J’aurais pu rester au camp pour voir la cérémonie de reddition historique entre deux généraux mais je décidai de suivre les soldats.
    Le soleil s’était levé et le brouillard s’était dissipé, comme chaque jour depuis plusieurs semaines. Une odeur de fumée flottait dans l’air et le ciel d’octobre était d’un bleu profond et infini.
    Les artilleurs et les fantassins se tenaient sur les bas-côtés à intervalles réguliers. Cet intervalle était tout ce qu’ils avaient en commun. Chaque homme portait ses propres habits et son équipement de fortune. Il y en avait de toutes les sortes, mais chaque homme tenait son mousquet ou son fusil, ou se tenait près de son canon.
    Ils formaient un spectacle bigarré, harnachés de cornes à poudre et de gibernes, certains coiffés de vieilles perruques extravagantes. Ils se tenaient dans un silence grave, le pied droit en avant, la main droite sur leur arme, pour regarder l’ennemi s’en aller avec les honneurs de la guerre.
    J’étais dans la forêt, légèrement derrière Jamie. Je vis ses épaules se raidir. William passa devant nous, grand et droit,l’air absent. Jamie ne baissa pas la tête et ne fit aucun effort pour ne pas être vu, mais il suivit son fils des yeux jusqu’à ce qu’il soit hors de portée de son regard. Puis il se détendit, juste un peu, comme s’il venait de se décharger d’un fardeau.
    Sain et sauf, disait son geste, même s’il se tenait aussi droit que son fusil à côté de lui. Dieu merci, il est sain et sauf.

29
    L’asile
    Lallybroch
    Roger n’aurait su dire ce qui l’avait incité à le faire, mis à part l’impression de paix que dégageait l’endroit, mais il avait commencé à rebâtir la vieille chapelle. A la main et seul, une pierre après l’autre.
    Il tenta de l’expliquer à Brianna quand elle l’interrogea.
    — C’est pour eux , lâcha-t-il enfin. C’est comme si… J’ai besoin d’établir un lien avec eux, là-bas.
    Elle prit ses mains dans les siennes et les massa tendrement, sentant les cals et les écorchures, touchant l’ongle noirci qui avait été écrasé sous une pierre.
    — « Eux », répéta-t-elle doucement. Tu veux dire mes parents ?
    — Oui, entre autres.
    Ce n’était pas

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