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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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s’il devait ajouter quelques mots concernant l’imprimeur Fergus Fraser et lui faire part de l’invraisemblable histoire que Percy lui avait racontée. D’un côté, cela pouvait inciter Jamie à accourir depuis sa Caroline du Nord pour examiner l’affaire en personne, et comme il sedéplaçait rarement sans épouse, elle viendrait aussi. De l’autre… il était plus que réticent à révéler à James Fraser tout ce qui pouvait avoir trait à Percy Beauchamp, et ce pour un tas de raisons tant personnelles que professionnelles. Pour finir, il avait décidé de ne rien dire.
    Il avait ensuite attendu anxieusement, observant les ravages de la chaleur et de l’inanition sur son neveu. Quatre semaines plus tard, le messager qu’il avait dépêché en Caroline du Nord était revenu, trempé de sueur, couvert de boue, dans son manteau troué par les balles en deux endroits. Il l’informa que les Fraser avaient quitté Fraser’s Ridge afin de se rendre en Ecosse, ajoutant néanmoins que, selon la rumeur, il ne s’agissait pas d’un retour définitif au pays.
    Naturellement, Grey n’avait pas attendu la réponse de Mme Fraser pour consulter la Faculté. Une fois bien introduit auprès de Benjamin Rush, il l’avait convaincu d’examiner Henry. Le docteur Rush s’était montré encourageant. Selon lui, les lésions provoquées par l’une des balles de mousquet avaient cicatrisé en obstruant partiellement les intestins du jeune homme et en favorisant la formation de poches d’infection localisées, d’où sa fièvre persistante. Il avait saigné Henry et lui avait prescrit un fébrifuge. Cependant, il avait clairement fait comprendre à Grey que la situation était délicate et pouvait s’aggraver brusquement. Seule une intervention chirurgicale pourrait éventuellement le guérir.
    Il avait également affirmé que Henry lui paraissait suffisamment robuste pour survivre à une telle opération, même si on ne pouvait jamais promettre une issue heureuse. Grey l’avait remercié mais avait préféré patienter encore un peu dans l’espoir d’avoir des nouvelles de Mme Fraser.
    Il regarda par la fenêtre de la maison qu’il louait sur Chestnut Street, observant les feuilles brunes et jaunes que des bourrasques faisaient danser sur les pavés.
    C’était la mi-septembre. Les derniers navires pour l’Angleterre partiraient à la fin octobre, juste avant les tempêtes sur l’Atlantique. Devait-il proposer la traversée à Henry ?
    Il avait fait la connaissance de l’officier américain chargé des prisonniers de guerre à Philadelphie et avait déposé une demande de mise en liberté conditionnelle pour Henry. Ellelui avait été accordée sans difficulté. Les officiers capturés étaient généralement laissés en liberté à moins qu’ils ne présentent un comportement inhabituel ou dangereux. Dans son état, il était peu probable qu’Henry tente de s’évader, de fomenter une rébellion ou de soutenir l’insurrection.
    Pour autant, il n’était toujours pas parvenu à organiser l’échange de son neveu contre un autre prisonnier, ce qui lui aurait permis de rentrer en Angleterre. Même en présumant qu’il supporte le voyage, encore fallait-il qu’il accepte de partir. Or ce ne serait pas le cas car il était très attaché à Mme Woodcock. Grey était disposé à l’emmener elle aussi mais elle ne voudrait pas en entendre parler, ayant appris que son mari avait été fait prisonnier à New York.
    Grey se massa le front du bout des doigts et soupira. Pouvait-il embarquer Henry sur un vaisseau contre sa volonté ? En le droguant, peut-être ? Cela le ferait manquer à sa parole d’honneur, ruinerait sa carrière et mettrait sa vie en danger. En outre, Grey n’était pas certain de trouver à Londres un chirurgien plus compétent que le docteur Rush. Le mieux à espérer d’un tel geste était qu’Henry survive à la longue traversée le temps de pouvoir faire ses adieux à ses parents.
    Mais s’il ne prenait pas cette mesure radicale, il ne lui restait qu’à contraindre son neveu à subir une intervention abominable qu’il redoutait plus que tout et pouvait le tuer, ou à le regarder mourir à petit feu. Car il dépérissait. Grey le savait. Il ne restait en vie que grâce à son opiniâtreté et aux bons soins de Mme Woodcock.
    La perspective d’écrire à Hal et à Minnie pour leur dire… Non. Il se leva brusquement, incapable de supporter davantage le poids d’une telle

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