Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
seulement avec Jamie et Claire mais également avec la vie que leur famille avait construite. Avec la conscience qu’il avait eue de lui-même en tant que protecteur, de chef de famille. Pourtant, c’était ce même besoin profond de protéger qui lui avait fait abandonner tous ses principes chrétiens – à la veille même de son ordination ! – pour s’élancer aux trousses de Stephen Bonnet.
    — J’essaie… de trouver un sens à… tout ça, dit-il avec un sourire amer. Comment réconcilier ce que je croyais connaître avec ce que je crois être aujourd’hui ?
    — Il n’est donc pas chrétien de vouloir éviter à ta femme d’être violée et vendue comme esclave ? demanda-t-elle. Parce que si ça ne l’est pas, j’emmène les enfants se convertir au judaïsme, au shinto ou à je ne sais quoi.
    Il sourit tout en cherchant ses mots.
    — J’ai trouvé quelque chose, là-bas.
    — Tu y as aussi perdu quelque chose.
    Sans le quitter des yeux, elle effleura la marque sur son cou. Il sentit ses doigts frais sur sa gorge. La trace de la corde s’était estompée mais était toujours visible, formant une ligne sombre. Il ne faisait aucun effort pour la cacher. Parfois, quand il parlait aux gens, il pouvait voir leur regard inexorablement attiré vers elle. Compte tenu de sa grande taille, il lui arrivait souvent d’avoir l’impression que ses interlocuteurs parlaient à sa cicatrice plutôt qu’à lui.
    Là-bas, il avait trouvé une conscience en tant qu’homme, ce qu’il pensait être sa vocation.
    C’était sans doute ce qu’il cherchait à présent, sous ces murs effondrés, ces amoncellements de pierres, sous le regard aveugle d’une sainte.
    Dieu lui ouvrait-Il une porte, lui montrant qu’il pouvait désormais être professeur ? L’enseignement du gaélique, était-ce là sa nouvelle vocation ? Sur sa colline, il avait quantité d’espace pour poser des questions. De l’espace, du temps et du silence. Les réponses étaient rares. Il avait travaillé la majeure partie de l’après-midi. Il avait chaud, était fatigué et avait envie d’une bonne bière.
    Son regard fut attiré par une ombre près de la porte et il se retourna, pensant que Jem ou Brianna était venu le chercher pour le thé. Ce n’était ni l’un ni l’autre.
    Un instant, il dévisagea le nouveau venu, fouillant sa mémoire. Un jean déchiré, un sweat-shirt, des cheveux blonds sales, mal coupés et ébouriffés. Il connaissait cet homme : ce beau visage large lui était familier, même sous le chaume épais de la chevelure.
    — Je peux vous aider ? demanda-t-il.
    Il serra le manche de sa pelle. L’inconnu n’était pas menaçant mais il était dépenaillé et crasseux. C’était sans doute unsans-abri et il dégageait quelque chose d’indéfinissable qui le mettait mal à l’aise.
    — C’est bien une église ici, un sanctuaire ?
    L’homme sourit mais il n’y avait aucune chaleur dans son regard.
    — … Je suis venu demander asile.
    Il s’avança dans la lumière et Roger vit ses yeux plus distinctement. Ils étaient froids, d’un vert profond et frappant.
    — Asile, répéta William Buccleigh MacKenzie. Et ensuite, mon cher révérend, je voudrais que vous m’expliquiez qui vous êtes, qui je suis et, au nom du Dieu tout-puissant, ce que nous sommes.

DEUXIÈME PARTIE
    Le retour

30
    Dilemme
    10 septembre 1777
    Si résoudre un dilemme nécessitait de prendre le taureau par les cornes, John Grey se demandait combien de cornes il devait saisir pour affronter son dilemme actuel. Le nombre habituel était de deux mais il était sans doute théoriquement possible de rencontrer des formes de dilemme plus exotiques… comme le bouc à quatre cornes qu’il avait vu un jour en Espagne.
    Pour le moment, la question la plus urgente concernait Henry.
    Il avait écrit à James Fraser, lui expliquant l’état de son neveu et demandant si Mme Fraser accepterait de faire le déplacement. Usant de toute sa diplomatie, il avait assuré qu’il prendrait en charge les dépenses du voyage, qu’il proposait de la faire venir par bateau (avec la protection de la marine royale si celle-ci était en état de l’assurer) et qu’il lui fournirait tous les matériaux et instruments dont elle aurait besoin. Il s’était même procuré du vitriol, se souvenant qu’elle en avait besoin dans sa fabrication de l’éther.
    Il avait passé un certain temps la plume en suspens au-dessus du papier à se demander

Weitere Kostenlose Bücher