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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Que voulez-vous ? demanda-t-il calmement.
    Il saisit sa tasse en fer-blanc enveloppée dans un chiffon. L’homme se renversa en arrière, l’air satisfait de lui.
    — Je sais que vous êtes un homme raisonnable. Pour ma part, je ne suis pas un rapiat… Disons, cent dollars ? Histoire de montrer votre bonne volonté.
    Il sourit, dévoilant des dents écartées décolorées par la chique, puis reprit :
    — Ne vous donnez pas la peine de protester, je sais exactement ce que vous avez dans votre poche. J’ai eu le plaisir de bavarder avec le gentleman à qui vous les avez pris au jeu cet après-midi.
    Décidément, Jamie semblait avoir été en veine aujourd’hui, du moins aux cartes.
    — « Pour montrer ma bonne volonté », répéta-t-il.
    Il regarda le fond de sa tasse puis releva les yeux vers M. X mais décida apparemment qu’il était trop loin pour lui jeter son café au visage.
    — Et ensuite ?
    — Ah, ensuite… Nous en discuterons en temps voulu, monsieur Fraser. Je sais que vous avez des moyens considérables, colonel.
    — Et vous comptez vous accrocher à moi comme une sangsue ?
    — Bah, une petite saignée de temps à autre ne fait pas de mal. Ça rééquilibre les humeurs. Votre petite femme pourra vous le confirmer, pas vrai ?
    Je me levai.
    — Et qu’est-ce que vous voulez dire par là, espèce de sale petit ver de terre ?
    Jamie avait peut-être décidé de ne pas lui lancer son café à la figure mais je n’étais pas contre lui balancer toute la cafetière.
    — Du calme, la mégère !
    Il me jeta un regard méprisant et se tourna à nouveau vers Jamie.
    — Vous devriez la battre plus souvent.
    Je vis la tension dans le corps de Jamie se déplacer subtilement. Il était prêt à décocher sa flèche.
    — Ne le fais…
    Je n’achevai pas ma phrase. L’expression sur le visage de Jamie changea subitement et il bondit. Je me retournai pile à temps pour voir Ian surgir de la nuit juste derrière notre maître chanteur et glisser un bras autour de son cou.
    Je ne vis pas le couteau mais n’en eus pas besoin. L’expression de Ian était bien assez éloquente, si concentrée qu’il semblait impavide. L’ancien surveillant de plantation ouvrit grand la bouche et écarquilla les yeux, dos cambré dans une vaine tentative de fuite.
    Puis Ian le lâcha et il bascula en avant, le corps soudain horriblement mou. Jamie le rattrapa avant qu’il ne s’effondre sur le sol.
    — Oh mon Dieu !
    L’exclamation avait jailli dans mon dos. Je pivotai à nouveau et vis le colonel Martin avec deux de ses aides de camp, tous trois aussi abasourdis que M. X quelques instants plus tôt.
    Jamie releva des yeux surpris, puis se tourna et déclara calmement :
    — Ruith. « Cours. »
    L’un des aides de camp se mit à hurler :
    — Hé ! Au meurtre ! Arrête-toi, assassin !
    Ian n’avait pas attendu le conseil de son oncle et détalait déjà vers la forêt lointaine. Malheureusement, les nombreux feux de camp donnaient assez de lumière pour qu’on le voie ; les cris de Martin et de ses hommes commençaient à alerter tout le monde à la ronde. Des gens se redressaient et scrutaient l’obscurité, lançant des questions. Jamie laissa tomber le corps de M. X et s’élança derrière son neveu.
    Le plus jeune des aides de camp fila à leur poursuite. Le colonel Martin prit son élan à son tour et j’eus juste le temps d’avancer un pied pour le faire trébucher. Il s’étala de tout son long en travers de notre feu, soulevant un nuage d’étincelles et de cendres.
    Laissant le second assistant étouffer les flammes, je soulevai le bas de ma chemise et courus à toutes jambes dans la direction qu’avaient prise Ian et Jamie.
    La camp semblait tout droit sorti de L’Enfer de Dante, des silhouettes noires gesticulant devant la lueur des flammes, se bousculant dans la fumée et la confusion, des cris « Au meurtre ! Au meurtre ! » s’élevant de toutes parts.
    J’avais un point de côté mais je courais toujours, me tordant les chevilles dans des trous et glissant sur des cailloux. J’entendis des cris plus forts sur ma gauche et m’arrêtai, le souffle court. J’aperçus la haute silhouette de Jamie qui se libérait d’un groupe de poursuivants. Il cherchait sans doute à les détourner de Ian. Ce qui voulait dire… Je repris ma course dans l’autre direction.
    Je l’aperçus bientôt. Il avait ralenti l’allure dès qu’il avait vu Jamie partir en flèche

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