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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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étaient identiques à ceux de Roger, puis regarda ce dernier pour vérifier. Oui, c’était bien les mêmes.
    — Qui… ?
    Roger ne la laissa pas terminer et déclara d’un ton acerbe :
    — Permets-moi de te présenter William Buccleigh MacKenzie. Egalement connu comme le Nuckelavee.
    L’espace d’un instant, Brianna se sentit perdue. Puis les sentiments affluèrent – stupeur, colère, incrédulité – avec une telle rapidité qu’elle resta là, bouche bée, dévisageant le nouveau venu d’un air hébété.
    — Je vous demande pardon si j’ai fait peur à vos enfants, déclara-t-il. J’ignorais qu’ils étaient les vôtres. Mais je connais les enfants et je ne voulais pas qu’on me découvre avant d’avoir compris tout ce qui m’arrivait.
    — Tout… quoi  ? parvint-elle enfin à articuler.
    L’homme sourit.
    — Pour ça… je crois que votre mari et vous-même en savez plus long que moi.
    Brianna attira une chaise et s’assit, lui faisant signe d’en faire autant. Quand il s’avança dans la lumière de la fenêtre, elle remarqua qu’il avait la pommette écorchée. Une pommette saillante qui, avec le modelé de sa tempe et de son arcade sourcilière, lui semblait très familière. Forcément… pensa-t-elle.
    Elle se tourna vers Roger.
    — Sait-il qui il est ?
    Elle s’aperçut qu’il serrait sa main droite contre lui et qu’il avait les articulations en sang. Il acquiesça.
    — Oui, je lui ai dit. Mais je ne suis pas certain qu’il m’ait cru.
    La cuisine, ce lieu d’ordinaire solide, accueillant, paisible dans la lumière automnale, avec ses torchons à carreaux bleus et blancs suspendus à la poignée de la cuisinière Aga, paraissaitsubitement irréelle et inconnue. Quand elle tendit la main vers le sucrier, elle n’aurait pas été surprise que ses doigts passent au travers.
    L’homme déclara avec une ironie amère :
    — Je suis mieux disposé à le croire aujourd’hui qu’il y a trois mois.
    Brianna rassembla ses forces puis demanda poliment sur un ton qui n’aurait pas juré dans un feuilleton télévisé :
    — Vous prendrez bien un peu de café ?
    Le visage de l’homme s’illumina et il sourit. Ses dents étaient tachées et pas tout à fait alignées. Ça n’a rien d’étonnant, pensa-t-elle avec un élan de lucidité. L’orthodontie n’existait pour ainsi dire pas au XVIII e  siècle. L’idée du XVIII e  siècle la fit soudain bondir.
    — Vous ! C’est vous qui avez fait pendre Roger !
    Il n’eut pas l’air perturbé outre mesure.
    — C’est vrai. Ce n’était pas mon intention. Et s’il veut me frapper à nouveau pour ça, je ne me défendrai pas. Mais…
    — C’était pour avoir fait peur aux enfants, rétorqua Roger. Pour ce qui est de ma pendaison… on en reparlera plus tard.
    L’homme parut amusé.
    — Bien dit, de la part d’un homme d’Eglise. Cela dit, tous les hommes d’Eglise n’abusent pas de la femme d’un autre.
    — Je… commença Roger.
    — C’est moi qui vais vous frapper ! le coupa Brianna.
    Pour achever de l’exaspérer, il ferma les yeux et avança le visage, les traits crispés. Il marmonna sans desserrer les dents :
    — Allez-y.
    — Pas au visage, lui conseilla Roger en lui montrant sa main blessée. Demande-lui de se lever et vise ses couilles.
    William Buccleigh rouvrit les yeux et lui adressa un regard réprobateur.
    — Vous croyez vraiment qu’elle a besoin de conseils ?
    — Je ne sais pas ce qui me retient ! répliqua Brianna.
    Elle se rassit lentement, inspira profondément et expira bruyamment.
    — Bon, dit-elle un peu calmée. Racontez-nous.
    Il toucha sa pommette blessée du bout des doigts et grimaça.
    Fils de sorcière, pensa-t-elle tout à coup. Le sait-il seulement ?
    — Vous n’avez pas parlé de café ? demanda-t-il. Voilà des années que je n’en ai pas bu du vrai.
     
    Il était fasciné par la cuisinière Aga et pressa ses fesses contre elle, frissonnant de plaisir.
    — Doux Jésus ! N’est-ce pas épatant ?
    Il trouva le café bon mais plutôt léger. Brianna n’en fut pas étonnée. Le café auquel il était habitué était généralement bouilli au-dessus d’un feu, parfois pendant des heures, plutôt que passé délicatement. Il s’excusa pour ses manières, bien qu’elles soient tout à fait convenables, expliquant qu’il n’avait pas mangé depuis un certain temps.
    Roger lança un regard vers la pile de sandwichs au beurre de cacahuète et à la

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