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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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confiture qui diminuait à vue d’œil.
    — Comment vous êtes-vous nourri jusqu’à présent ?
    — Au début, j’ai volé dans des fermes, avoua-t-il. Puis je suis arrivé à Inverness et j’ai mendié sur le trottoir. J’étais étourdi par ces grosses choses rugissantes qui passaient sous mon nez. J’avais déjà vu des voitures sur la route du Nord, bien sûr, mais ce n’est pas la même chose quand elles filent à quelques centimètres de vos pieds. Je me suis installé devant High Street Church parce que c’est un des rares endroits que je reconnaissais. J’avais l’intention d’y entrer et de demander au pasteur un peu de pain mais il fallait d’abord que je me ressaisisse. C’est que j’étais un peu perdu, au début.
    — On le comprend, murmura Brianna.
    — Et finalement, vous avez parlé au pasteur ? Le révérend Weatherspoon ?
    Buccleigh hocha la tête, la bouche pleine.
    — Il m’a vu assis sur le trottoir et est venu me trouver, le brave homme. Il m’a demandé si j’étais dans le besoin, ce que j’ai confirmé, puis il m’a dit où aller pour trouver un repas et un lit. C’était un lieu tenu par des âmes charitables, une association d’entraide, ils appellent ça.
    Les responsables de l’association lui avaient donné des vêtements car il n’avait sur le dos « que des haillons » et l’avaientaidé à trouver un travail de journalier dans une laiterie à l’extérieur de la ville.
    — Pourquoi vous n’y êtes plus ? demanda Roger.
    Au même moment, Brianna disait :
    — Mais comment vous êtes-vous retrouvé en Ecosse ?
    Leurs deux phrases se chevauchèrent et ils s’interrompirent, chacun faisant signe à l’autre de continuer. William Buccleigh les arrêta d’un geste, mâchouilla rapidement pour terminer sa bouchée et la fit descendre d’une nouvelle gorgée de café.
    — Mmm, c’est bon ce truc mais ça vous colle aux dents, commenta-t-il. Vous voulez savoir ce que je fais ici à manger vos provisions dans votre cuisine au lieu d’être mort dans un torrent en Caroline du Nord, c’est ça ?
    Roger se cala contre le dossier de sa chaise.
    — Effectivement, la question se pose. Pourquoi ne commencez-vous pas par la Caroline du Nord ?
    Buccleigh acquiesça, croisa les mains sur son estomac, repu, et raconta.
     
    Comme tant d’autres après Culloden, il avait été chassé d’Ecosse par la famine et, ayant réuni suffisamment d’argent, avait émigré avec sa femme et leur fils nouveau-né.
    — Je sais, dit Roger. C’est à moi que vous avez demandé de les sauver la nuit où le capitaine balançait les malades par-dessus bord.
    Buccleigh détourna les yeux.
    — C’est que… entre l’obscurité et mon état de désespoir, je n’ai pas vu votre visage. Si j’avais su…
    Il s’interrompit, puis secoua la tête.
    — Enfin, ce qui est fait est fait.
    — Je ne vous ai pas vu non plus dans le noir, déclara Roger. Je n’ai su que c’était vous que plus tard, quand j’ai rencontré à nouveau votre femme et votre fils à Alama-ak.
    Le dernier son se bloqua dans sa gorge avec un clic guttural. Agacé, il s’éclaircit la voix et reprit calmement :
    — A Alamance.
    Buccleigh acquiesça lentement, les yeux fixés sur sa gorge. Y avait-il du regret dans son regard ? Probablement pas, se ditRoger. Il ne l’avait même pas remercié pour avoir sauvé sa femme et son fils.
    — J’avais songé à m’installer sur un lopin de terre et le cultiver, reprit Buccleigh, mais… au bout du compte, je ne suis pas vraiment un fermier. Pas plus qu’un bâtisseur. Je ne connais rien à la terre, sans parler de cultures. Je ne suis pas un bon chasseur non plus. On serait morts de faim si je n’avais emmené Morag et Jem – c’est aussi le nom de mon fils, c’est étrange, non ? – dans la vallée où j’ai trouvé du travail dans une fabrique de térébenthine.
    — C’est encore plus étrange que vous ne le pensez, répondit Brianna d’une petite voix. Et ensuite ?
    — Mon patron a décidé de se joindre aux régulateurs et ceux qui travaillaient pour lui ont dû le suivre. J’aurais pu laisser Morag à la fabrique mais il y avait un type qui en pinçait pour elle. C’était le forgeron et, comme il n’avait qu’une jambe, on ne lui demandait pas de se battre. Je ne pouvais pas la laisser avec lui, alors elle m’a accompagné avec le petit. Et là, sur qui elle tombe ? Vous !
    — Elle ne vous a pas dit qui j’étais ?

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