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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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a enfumé la dépouille en faisant brûler de la sauge et de l’herbe sainte (ce qui n’a pas vraiment masqué les odeurs, hélas, mais, au moins, la fumée a étendu un voile bienvenu sur les aspects les plus horribles de la situation) et a tourné longuement autour de lui en chantant. J’aurais aimé que Ian me traduise ce qu’il disait mais, pour des raisons fâcheuses que je ne développerai pas ici, il n’assistait pas à la cérémonie.
    Je t’expliquerai pourquoi dans une autre lettre. C’est plutôt compliqué et je dois achever nos préparatifs avant le départ. Les points principaux concernant Ian sont qu’il est amoureux de Rachel Hunter (une ravissante quaker, ce qui n’est pas sans poser quelques difficultés) ; il est techniquement un meurtrier et ne peut donc apparaître en public dans le voisinage de l’armée continentale ; un des effets collatéraux dudit meurtre (celui d’un personnage très antipathique dont la disparition ne représente pas une grande perte pour l’humanité, crois-moi) est que Rollo a été blessé (une balle lui a brisé une omoplate. Il devrait se remettre mais ne peut être déplacé facilement. Rachel veillera sur lui pendant que Ian est en Ecosse).
    Le fait que le brigadier-général était vénéré par ses amis indiens est bien connu. Le capitaine de l’ Ariadne a donc été surpris mais pas troublé outre mesure d’apprendre que le corps serait accompagné, en plus du cousin du défunt (et de son épouse), par un Mohawk qui parle très peu d’anglais (je serais très surprise que quelqu’un dans la marine royale sache distinguer l’iroquois du gaélique).
    J’espère que ce voyage sera un peu moins mouvementé que notre dernière traversée. Si tout se passe bien, ma prochaine lettre devrait être écrite d’Ecosse. Croise les doigts.
    Avec toute mon affection,
    Maman
     
    P-S : Ton père insiste pour ajouter quelques mots. Ce sera la première fois qu’il essaie d’écrire avec sa nouvelle main. J’aimerais rester pour voir comment il s’en sort mais il me rétorque qu’il a besoin d’intimité. J’ignore si c’est en raison de ce dont il veut te parler ou parce qu’il ne veut pas qu’on le voie peiner. Un peu des deux, sans doute.
     
    La troisième page était très différente. L’écriture était beaucoup plus grande qu’à l’accoutumée et plus étalée. Elle reconnut la patte de son père mais les lettres étaient plus détachées, moins irrégulières. Son cœur se serra, non seulement parce qu’elle imaginait sa main mutilée traçant minutieusement chaque lettre mais également à cause de l’effort qu’il avait déployé pour lui écrire.
     
    Ma très chère,
     
    Ton frère est en vie et indemne. Je l’ai vu défiler hors de Saratoga avec ses troupes, en route pour Boston puis l’Angleterre. Il ne combattra pas à nouveau dans cette guerre. Deo gratias.
    Ton père qui t’aime,
    JF
     
    Post-scriptum : C’est le jour de la Toussaint. Prie pour moi.
     
    Les sœurs le leur avaient toujours répété… et elle l’avait dit à son père. En récitant un Notre Père , un Je vous salue Marie et un Gloria le jour de la Toussaint, vous pouviez libérer une âme du purgatoire.
    Elle renifla et chercha un mouchoir en papier sur son bureau en marmonnant :
    — C’est malin ! Je savais bien que tu allais me faire pleurer. Une fois de plus.
     
    — Brianna ?
    Elle sursauta. Elle ne s’était pas attendue à ce que Roger redescende de la chapelle en ruine avant une heure ou deux. Elle se moucha rapidement et, espérant qu’il n’entendrait pas à sa voix qu’elle avait pleuré, lança :
    — J’arrive !
    Ce ne fut qu’une fois dans le couloir et en le voyant tenir la porte de la cuisine entrouverte qu’elle se rendit compte qu’il y avait eu une note étrange dans sa voix à lui aussi. Elle hâta le pas.
    — Que se passe-t-il ? Les enfants… ?
    — Ils vont bien, l’interrompit-il. J’ai demandé à Annie de les emmener au village manger une glace.
    Il s’écarta de la porte et lui fit signe d’entrer.
    Elle s’arrêta net sur le seuil. Un homme était appuyé contre l’évier, les bras croisés. En l’apercevant, il se redressa et inclina la tête d’une manière qui lui parut terriblement étrange et singulière à la fois. Avant qu’elle n’ait eu le temps de se demander pourquoi, il déclara avec doux accent écossais :
    — Votre serviteur, madame.
    Elle regarda médusée ces yeux verts qui

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