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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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aurait été grossier de ne pas inviter Rob.
    C’est ainsi que Brianna se retrouva à préparer des œufs brouillés, à réchauffer les haricots et à faire sauter des pommes de terre dans une sorte d’hébétude. Elle ne pouvait oublier leur autre invité caché sous le sol de l’arrière-cuisine. Il devait crever de faim. Que diable allaient-ils faire de lui ?
    Tout au long du repas, tout en participant à la conversation, puis quand elle accompagna les enfants se coucher tandis que Roger et Rob discutaient de pierres pictes et de fouilles archéologiques dans les Orcades, elle ne put s’ôter William Buccleigh MacKenzie de l’esprit.
    Les Orcades… Roger a dit que le Nuckelavee était un monstre des Orcades. S’est-il rendu dans les Orcades ? Et pourquoi traînait-il autour de notre broch pendant tout ce temps ? Quand il a compris ce qui lui était arrivé, pourquoi n’a-t-il pas simplement fait le chemin inverse ? Que fait-il ici ?
    Le temps que Rob prenne congé (ainsi qu’un autre livre) en se confondant en remerciements et en leur rappelant qu’il passerait prendre Jem le vendredi suivant, elle était prête à hisser William Buccleigh hors du trou du curé par la peau du cou, à le conduire droit à Craigh na Dun elle-même et à le pousser à travers les pierres.
    Toutefois, quand il en sortit enfin en rampant, le teint blême et visiblement affamé, elle sentit son agitation retomber. Juste un peu. Elle lui fit des œufs et lui tint compagnie pendant que Roger faisait le tour de la maison, vérifiant portes et fenêtres. Elle observa, caustique :
    — Au fond, ce n’est plus vraiment nécessaire puisque vous êtes à l’intérieur , maintenant.
    Il releva des yeux fatigués.
    — Je me suis excusé. Vous voulez que je m’en aille ?
    — Pour aller où ?
    Il se tourna vers la fenêtre au-dessus de l’évier. Pendant la journée, elle donnait sur un paysage paisible : la cour avec son vieux portail en bois et, au-delà, le grand pré. A présent, on ne voyait que l’obscurité absolue d’une nuit sans lune des Highlands. Le genre de nuit où les chrétiens restaient chez eux et plaçaient de l’eau bénite sur le chambranle des portes. Ce qui marchait la nuit dans la lande et sur les collines n’était pas toujours très catholique.
    Il ne dit rien mais avala sa salive et elle vit les poils blonds sur son avant-bras se dresser.
    — Vous n’avez pas besoin de partir, dit-elle sur un ton bourru. On vous trouvera un lit pour la nuit. Mais demain…
    Il acquiesça sans la regarder et voulut se lever. Elle le retint par le bras.
    — Dites-moi une chose : vous avez envie de rentrer chez vous ?
    — Oh que oui !
    Il détourna les yeux mais sa voix tremblait.
    — Je veux retrouver ma Morag. Je veux mon fils.
    Elle le lâcha et se leva à son tour. Une autre idée lui vint soudain.
    — Quel âge avez-vous ?
    — Trente-huit ans, pourquoi ?
    — Rien… comme ça. Venez avec moi, je vais vous installer un lit dans le petit salon. Demain… nous aviserons.
    Elle diminua le feu de l’Aga qu’elle mit en position de veille puis le conduisit dans le couloir. Son estomac était noué. Ils passèrent devant l’antre de Roger ; l’arbre généalogique était toujours sur le bureau, là où elle l’avait jeté. Avait-il remarqué la date ? Sans doute pas. Les dates de naissance et de décès ne figuraient pas pour tous les membres de la famille mais les siennes y étaient. William Buccleigh MacKenzie était mort dans sa trente-neuvième année.
    Il ne rentrera jamais, pensa-t-elle en sentant son sang se glacer.
     
    Sous le ciel bas, la surface du loch Errochty était aussi terne qu’une plaque d’étain. Ils se tenaient sur la passerelle enjambant le Alt Ruighe nan Saorach, la rivière qui se jetait dans le loch, dominant l’endroit où le lac artificiel s’étirait entre les collines douces. Buck (il avait annoncé que c’était ainsi que le surnommaient les gens en Amérique et qu’il s’y était habitué) était perdu dans sa contemplation, hésitant entre la stupeur et la consternation.
    — Là-bas, dit-il en pointant un doigt. Vous voyez le ruisseau qui se jette dans le loch ? C’est là que se dressait la maison de ma tante Ross. Une trentaine de mètres plus bas.
    Et à présent à une dizaine de mètres sous la surface du lac, remarqua Brianna, peinée pour lui.
    — Ce doit être éprouvant pour vous de voir que tout a tellement changé.
    — Oui, en effet. Mais

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