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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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plaquai sur mes narines. En haut d’un mur, un soupirail laissait filtrer une faible lumière sale dans la cave. Dessous se trouvait une goulotte et, plus bas, un monticule de charbon.
    Le cercueil de Simon Fraser était installé à l’écart, drapé d’une toile et illuminé par un faisceau de lumière solennel tombant du soupirail. Un faisceau qui faisait miroiter la petite flaque sous le cercueil. Le brigadier-général fuyait.
     
    Nouant un chiffon imbibé de térébenthine autour de ma tête et le remontant juste sous mon nez, je citai :
    — Et vit le crâne sous la peau, et des créatures sans seins sous terre se penchèrent en arrière avec un sourire sans lèvres.
    Andy Bell me lança un regard de biais.
    — Je n’aurais su le dire mieux. C’est de vous ?
    — Non, d’un certain Eliot.
    Devant l’agitation du personnel de l’hôtel, j’avais préféré ne pas attendre le retour de Jamie et de Ian, et, après réflexion, avais envoyé le cireur de chaussures demander à M. Bell s’il souhaitait venir observer un cas médical intéressant.
    Il se dressa sur la pointe des pieds pour regarder à l’intérieur du cercueil.
    — On n’y voit pas grand-chose.
    — J’ai demandé qu’on nous apporte des lanternes. Et des seaux.
    — Ah oui, des seaux, dit-il songeur. Mais que pensez-vous faire pour ce qu’on pourrait appeler « le long terme » ? Il vous faudra des jours pour l’emmener dans les Highlands, des semaines même, à cette saison.
    — Je pense d’abord le nettoyer un peu et ensuite… vous connaissez peut-être un forgeron qui accepterait de venir colmater les fissures ?
    Une des sutures de l’enveloppe en plomb s’était ouverte, sans doute à cause des secousses lors du chargement sur lenavire. La réparation semblait facile, à condition de trouver un forgeron au cœur bien accroché et pas trop superstitieux.
    — Mmm…
    Il avait sorti un carnet d’esquisses et réalisait des dessins préliminaires en dépit de la mauvaise lumière. Il gratta son appendice gigantesque du bout de son crayon tout en méditant à voix haute.
    — Oui, c’est une possibilité. Mais il y a d’autres solutions.
    — On pourrait le mettre à bouillir jusqu’à ce qu’il ne reste que les os, plaisantai-je. Mais je n’ose imaginer la réaction de l’hôtel si je leur demande leurs chaudrons de blanchisserie.
    Il éclata de rire, achevant de terrifier le valet qui venait d’apparaître avec deux lanternes.
    — Ne crains rien, mon garçon, lui dit-il. Il n’y a personne d’autre ici que nous autres mangeurs de cadavres.
    Il s’esclaffa encore en entendant le malheureux jeune homme remonter l’escalier quatre à quatre puis se tourna vers moi, retrouvant son sérieux.
    — C’est une idée. Je pourrais l’emmener dans mon atelier. Vous en seriez débarrassés et personne n’en saurait rien. Votre coffre est tellement lourd qu’on ne sentira pas la différence. Après tout, personne ne demandera à voir le visage du cher défunt une fois qu’il sera arrivé à destination, n’est-ce pas ?
    — C’est impossible. Outre le fait que nous risquons d’être arrêtés comme profanateurs de sépulture, ce pauvre homme est un parent de mon mari, et il a donné sa parole.
    — Je comprends. Dans ce cas, je ne vois que deux solutions : colmater la fuite puis remplir le cercueil d’un gin bon marché. Ou alors… Combien de temps restez-vous à Edimbourg ?
    — Nous ne comptions rester qu’une semaine mais nous pouvons reporter notre départ d’un jour ou deux. Pourquoi ?
    Il inclina la tête d’un côté puis de l’autre, contemplant les restes à la lumière de la lanterne. « Restes » était le mot juste.
    — Des asticots, répondit-il succinctement. Ils vous nettoieront tout ça bien proprement mais cela prendra du temps. Toutefois, si nous ne parvenons pas à retirer toute la chair… Hmm. Vous avez un couteau ?
    J’acquiesçai et glissai une main dans ma poche. Après tout, Jamie m’avait donné ce couteau parce qu’il pensait que j’en aurais besoin.
    — Vous avez des asticots ? demandai-je.
     
    Je laissai tomber la petite balle de plomb difforme dans une soucoupe. Elle tinta contre la porcelaine et nous la regardâmes en silence rouler jusqu’à son arrêt final.
    — Voici ce qui l’a tué, déclarai-je enfin.
    Jamie se signa et murmura quelque chose en gaélique. L’air grave, Ian hocha la tête.
    — Qu’il repose en paix.
    Je n’avais pas avalé

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