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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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grand-chose du thé pourtant délicieux. J’avais encore une odeur de putréfaction dans le fond de la gorge, en dépit de la térébenthine et de l’alcool dont je m’étais badigeonnée avant de m’immerger dans la baignoire de l’hôtel avec du savon et de l’eau aussi chaude que j’avais pu le supporter.
    Pour changer de sujet, je demandai :
    — Alors, comment se porte madame Jeanne ?
    Jamie s’arracha à la contemplation de la balle et son visage s’illumina.
    — Elle était très en beauté. Elle avait pas mal de choses à dire sur la situation en France, ainsi que sur un certain Percival Beauchamp.
    Je tressaillis.
    — Elle le connaît ?
    — Il lui rend visite de temps à autre dans son établissement mais pas pour la bagatelle ; il s’intéresse plutôt aux autres facettes de son commerce.
    — Laquelle ? demandai-je. L’espionnage ou la contrebande ?
    — Sans doute les deux. Mais s’il s’agit surtout du premier, elle ne m’en a pas parlé. Il lui apporte de la marchandise de France. Je me demandais si Ian et moi n’irions pas jeter un coup d’œil de l’autre côté de la Manche pendant que le brigadier-général se remet en état. Il faudra combien de temps pour le rendre transportable ?
    — Cela pourrait prendre de trois à quatre jours à une semaine, tout dépend de… euh… l’appétit des asticots.
    Voyant Ian et Jamie frissonner, j’ajoutai :
    — Il se passe exactement la même chose sous terre, vous savez. Nous passerons tous par là, tôt ou tard.
    Jamie saisit un autre scone et le tartina d’une généreuse couche de crème.
    — Peut-être, convint-il. Mais cela se passe généralement dignement, à l’abri des regards, afin que nous n’ayons pas à y penser.
    — Oh, le brigadier-général est à l’abri des regards, le rassurai-je. Il est recouvert d’une bonne épaisseur de son. Personne ne verra rien, à moins d’aller fouiller dans le cercueil.
    Ian plongea un doigt dans la confiture tout en déclarant :
    — Cela n’aurait rien d’étonnant. Nous sommes à Edimbourg où les vols de cadavres sont monnaie courante, à cause de tous ces médecins qui veulent les découper pour les étudier. Vous feriez mieux de mettre un garde à la porte de la cave, histoire d’être sûrs que le brigadier-général arrive dans les Highlands tout d’une pièce.
    Il enfonça son doigt dans sa bouche en me regardant.
    — C’est fait, répondis-je fièrement. Andy Bell y a pensé, exactement pour les mêmes raisons.
    J’omis d’ajouter qu’Andy Bell m’avait fait une offre pour le cadavre et que je lui avais expliqué en termes dénués d’équivoque ce qui lui arriverait au cas où le brigadier-général viendrait à disparaître.
    — Tu dis qu’Andy t’a aidée ? demanda Jamie surpris.
    — Oui. Nous nous sommes entendus comme larrons en foire. D’ailleurs…
    J’avais eu l’intention d’attendre que Jamie ait sifflé une pinte ou deux de whisky avant d’aborder le sujet mais le moment semblait opportun. Je me lançai :
    — Pendant que nous œuvrions, je lui ai décrit un peu mon travail. Je lui ai parlé de mes opérations, de cas pathologiques intéressants et de diverses broutilles médicales, tu vois ce que je veux dire.
    J’entendis Ian murmurer « Qui se ressemble s’assemble » mais je ne relevai pas.
    — Oui, et alors ?
    Jamie paraissait sur ses gardes. Il flairait anguille sous roche.
    Je pris une grande inspiration.
    — Eh bien… pour résumer, il a suggéré que j’écrive un livre. Un manuel médical.
    Jamie se contenta de hocher la tête, m’encourageant à continuer.
    — Ce serait un manuel pour monsieur Tout-le-monde, pas un livre pour les médecins. Avec des principes d’hygiène et de nutrition, des conseils pour les maladies les plus communes, des recettes de remèdes simples, des instructions pour soigner les plaies et les dents gâtées, ce genre de choses.
    Il continuait de hocher la tête. Il engloutit le dernier scone puis déclara :
    — En effet, ce serait un livre très utile et tu es la personne tout indiquée pour l’écrire. A-t-il « suggéré » combien cela coûterait de l’imprimer et de le relier ?
    — Ah. Le livre ne devra pas dépasser cent cinquante pages. Il en tirera trois cents exemplaires, reliés en bougran, et les distribuera dans son échoppe. Tout ça en échange des douze ans de loyer qu’il te doit pour ta presse.
    Jamie devint rouge vif et ses yeux saillirent de leurs orbites.
    Je

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