Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
inexorablement le regard.
    Une jeune femme devant laquelle il passait sursauta puis se plaqua une main devant la bouche, précaution qui ne suffit pas à masquer son fou rire.
    M. Bell l’entendit et, sans cesser de marcher, sortit de sa poche un immense nez en papier mâché orné d’étoiles violettes. Il le plaqua sur le sien et, avec un regard glacial à l’impudente, poursuivit son chemin.
    Jamie se leva et tendit la main vers le petit imprimeur en me disant :
    — Ma chère, permets-moi de te présenter mon ami, M. Andrew Bell. Voici mon épouse, Andy. Claire.
    — Enchanté, madame.
    Il ôta son faux nez, m’adressa une profonde courbette puis se tourna vers Jamie.
    — Où as-tu déniché cette créature exquise, Jamie ? Et que peut bien faire une si ravissante dame avec une brute de ton espèce ?
    — J’ai réussi à la convaincre de m’épouser en lui vantant les beautés de ma presse d’imprimerie, rétorqua Jamie.
    Il se rassit et fit signe à Andy Bell de se joindre à nous.
    Le ton acerbe de Jamie ne lui avait pas échappé.
    — Ah, fit-il.
    Il aperçut un bout de l’opuscule qui dépassait de mon réticule.
    — Je vois que vous êtes passés à l’imprimerie.
    Je sortis le petit livre du sac. J’espérais que Jamie n’avait pas l’intention d’écraser Andy Bell comme un insecte pour avoir pris des libertés avec sa presse. Je venais juste de prendre conscience de sa relation avec « Bonnie » et j’ignorais jusqu’où allait sa possessivité outragée.
    — C’est un ouvrage remarquable, déclarai-je à M. Bell. Dites-moi, combien de spécimens avez-vous utilisés ?
    Il parut surpris mais répondit volontiers et nous nous lançâmes dans une conversation fort intéressante, quoique plutôt macabre, sur les difficultés de la dissection par temps chaud et la différence entre la préservation dans une solution saline ou un bain d’alcool. Nos voisins de table terminèrent leur repas en hâte et se levèrent avec une mine horrifiée. Jamie, lui, était confortablement enfoncé dans sa chaise, l’air affable mais ne quittant pas Andy Bell de son œil implacable.
    L’imprimeur ne semblait pas gêné outre mesure par ce regard de Gorgone et me raconta la réaction qu’avait provoquée sa publication de l’édition reliée de l’ Encyclopædia . Le roi était tombé sur les planches du chapitre « Matrice » et avait ordonné que ces pages soient arrachées – ce crétin de Teuton inculte ! Quand le serveur vint prendre sa commande, il demanda un vin très cher et une grande bouteille de bon whisky.
    — Comment, du whisky pour accompagner les huîtres ? s’indigna le malheureux.
    Andy Bell repoussa sa perruque sur son front.
    — Non. C’est ce qu’on offre à un homme quand on a loué les services de sa bien-aimée.
    Le serveur tourna son regard offusqué vers moi puis, virant à l’écarlate et s’étranglant quelque peu, battit en retraite.
    Jamie dévisagea son ami d’un air morne.
    — Il faudra plus que du whisky, Andy.
    L’imprimeur cessa de beurrer son morceau de pain, soupira et se gratta le nez.
    — D’accord. Je t’écoute.
     
    Nous retrouvâmes Ian devant notre hôtel. Il bavardait dans la rue avec deux conducteurs de haquets. En nous apercevant, il prit congé, glissa discrètement un petit paquet sous sa veste et entra avec nous. C’était l’heure du thé et Jamie demanda qu’on le monte dans notre chambre afin de pouvoir discuter en privé.
    Nous nous étions permis quelques largesses et avions pris une suite. Le thé fut dressé dans le petit salon. Il se composait d’un assortiment de haddock, d’œufs enrobés de chair à saucisse et panés, de toasts avec de la marmelade, de scones avec de la confiture, de crème fraîche et d’une énorme théière d’un puissant thé noir. J’inhalai la vapeur parfumée et soupirai d’aise.
    Tout en remplissant les tasses, je remarquai :
    — Ce sera dur de s’en passer à notre retour. Il faudra attendre au moins trois ou quatre ans avant de pouvoir se procurer du thé en Amérique.
    — Oh, je ne dirais pas ça, répondit Jamie. Tout dépend de là où nous retournons. On trouve du très bon thé dans des endroits comme Philadelphie ou Boston. Il nous suffira de faire connaissance avec un ou deux bons contrebandiers et, si le capitaine Hickman n’a pas été noyé ou pendu d’ici là…
    Je reposai ma tasse.
    — Tu veux dire que tu ne comptes pas rentrer à la mais… à Fraser’s

Weitere Kostenlose Bücher