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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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personnel… poursuivit-il après s’être assuré que personne ne nous entendait… disons que je souhaite, ainsi que les entités que je représente en France, la victoire des rebelles en Amérique.
    Je ne m’étais pas attendue à ça.
    — Vous n’allez pas me faire croire que vous êtes un patriote américain ?
    — En aucune manière. La politique est le cadet de mes soucis. Je suis un homme d’affaires.
    Il me jaugea du regard.
    — Connaissez-vous une compagnie du nom de Hortalez et Cie ?
    — Non.
    — Sur le papier, il s’agit d’une société d’import-export dont le siège se trouve en Espagne. En réalité, elle s’occupe d’acheminer de l’argent destiné aux Américains sans que le gouvernement français paraisse impliqué. Jusqu’à présent, nous avons pu envoyer ainsi des milliers de francs, principalement pour acheter des armes et des munitions. Mme LeGrand a parlé de cette compagnie à votre mari sans pour autant lui révéler la nature exacte de ses activités. Elle m’a laissé le choix de l’en informer ou pas.
    Le déclic se fit enfin dans ma tête.
    — Vous êtes en train de me dire que vous êtes un espion français ?
    Il acquiesça.
    — Mais… vous n’êtes pas vraiment français, n’est-ce pas ? Vous êtes anglais.
    Il détourna les yeux.
    — Je l’étais. Je suis désormais un citoyen français.
    Il se tut. Je m’enfonçai dans mon fauteuil et l’observai attentivement. Je me demandais ce qu’il y avait de vrai dans sonhistoire et, d’une manière plus lointaine, s’il pouvait être un de mes ancêtres. Beauchamp était un patronyme plutôt répandu et nous ne nous ressemblions pas beaucoup. Il avait de longs doigts fins comme les miens mais d’une forme différente. Les oreilles ? Les siennes étaient grandes mais délicatement modelées. Je ne savais pas à quoi ressemblaient les miennes mais, si elles avaient été grandes, Jamie me l’aurait fait remarquer un jour ou l’autre.
    — Que désirez-vous exactement ? demandai-je calmement.
    Cette fois, il prit un air des plus sérieux pour me répondre.
    — Répétez à votre époux ce que je vous ai raconté, madame. Faites-lui comprendre que réclamer son héritage est dans l’intérêt de son fils adoptif mais également dans l’intérêt de l’Amérique.
    — Comment ça ?
    — Le comte de Saint-Germain possède de nombreuses terres dans une région d’Amérique actuellement sous l’autorité de la Grande-Bretagne. Plusieurs prétendants se disputent la partie française de son domaine, qui est extrêmement précieuse. Si nous pouvons prouver que Fergus Fraser est en fait Claudel Rakoczy – Rakoczy étant le véritable nom de naissance du comte – et l’héritier de sa fortune, il sera en mesure d’aider à financer la révolution. D’après ce que je sais de lui et de ses activités – et je commence à en connaître un rayon –, cette perspective le séduira. Si la révolution réussit, ceux qui l’ont soutenue acquerront une influence considérable sur le gouvernement qui sera formé.
    — Et vous pourrez cesser de coucher avec des femmes riches pour leur argent.
    — Exactement.
    Il se leva et s’inclina devant moi.
    — Ce fut un grand plaisir de m’entretenir avec vous, madame.
    Il avait presque atteint la porte quand je le rappelai :
    — Monsieur Beauchamp ?
    Il se retourna. Un homme svelte et ténébreux dont le visage était teinté d’humour mais aussi, me sembla-t-il, d’une certaine souffrance.
    — Oui ?
    — Avez-vous des enfants ?
    Je le pris totalement de court.
    — J’en doute fort.
    — Ah. Je me posais simplement la question. Je vous souhaite une excellente journée, monsieur.
    ----
    4 . Roman épistolaire de Samuel Richardson (1689-1761), l’un des plus longs de la littérature anglaise. (N.d.T.)

34
    Sic transit gloria mundi
    Les Highlands écossaises
    C’était une longue marche depuis la ferme de Balnain. Comme nous étions en Ecosse, ce début janvier était humide et froid. Très humide et très froid. Il ne neigeait pas, ce que je regrettais presque car cela aurait peut-être dissuadé Hugh Fraser de poursuivre sa folle idée. En réalité, il pleuvait depuis des jours, de cette manière lugubre qui faisait fumer les foyers de cheminées et moisir les vêtements même s’ils n’avaient pas été portés à l’extérieur. Le froid s’infiltrait dans vos os, vous donnant la sensation que vous n’auriez plus jamais chaud.
    J’en étais

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