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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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ne m’étais pas attendue à ce qu’il se passe quelque chose et, fort heureusement, j’avais vu juste. D’un autre côté, si j’avais subitement disparu en plein milieu de la cérémonie, cela aurait sûrement mis un peu d’animation.
    Aucun bourdonnement, aucun cri. Je ne ressentis rien. Ce n’était qu’une pierre. Après tout, rien ne disait que tous les cercles de menhirs étaient des portails temporels. Les anciens bâtisseurs s’en servaient pour marquer des lieux importants et ce cairn en était un. Je me demandai quelle sorte d’homme (ou de femme ?) y avait été déposé, ne laissant que l’ombre de ses os, tellement plus fragiles que les pierres qui avaient abrité sa dépouille.
    Le cercueil fut déposé à terre et poussé dans le couloir jusqu’à la chambre funéraire, accompagné par les grognements et les ahans des hommes. Une large dalle creusée d’étranges marques circulaires était posée contre le cairn.Quatre des hommes les plus costauds la hissèrent au sommet du dôme, scellant l’orifice au-dessus de la chambre funéraire. Elle tomba en place, délogeant quelques galets qui roulèrent sur les flancs de la structure. Puis les hommes redescendirent et nous nous tînmes tous en rond, l’air gênés, ne sachant que faire.
    Il n’y avait pas de prêtre avec nous. La messe pour Simon avait été dite plus tôt, dans une petite église dépouillée, avant le départ de la procession. Apparemment, les recherches de Hugh ne lui avaient pas permis de trouver un rite païen adapté à ces circonstances.
    Au moment où il semblait que nous allions devoir nous contenter de faire le chemin en sens inverse, Ian toussa bruyamment et s’avança d’un pas.
    L’assemblée était on ne peut plus terne. Il n’y avait aucun des tartans vivement colorés qui rendaient si pittoresques les cérémonies d’antan. Même Jamie était sobrement vêtu, portant une cape sombre et ses cheveux cachés sous un chapeau mou noir. La seule exception à cette morne austérité était Ian.
    Quand il était descendu de sa chambre le matin, il s’était attiré des regards stupéfaits et ces derniers n’avaient pas cessé. On le comprenait aisément. Il s’était rasé le crâne en ne laissant qu’une raie centrale qu’il avait hérissée en une crête. Il y avait attaché un ornement fait de plumes de dindon passées dans une pièce de six pence trouée. Il portait lui aussi une cape mais, dessous, avait enfilé sa tenue en daim et le brassard en perles bleues et blanches que lui avait confectionné sa femme Emily.
    Jamie l’avait détaillé de la tête aux pieds avec un sourire ironique, puis lui avait glissé discrètement tandis qu’ils se dirigeaient vers la porte :
    « Cela ne changera rien. Ils te reconnaîtront pour ce que tu es.
    — Tu crois vraiment ? » lui avait répondu Ian.
    Puis il était sorti sous la pluie diluvienne sans attendre sa réponse.
    Jamie avait raison. Cette tenue indienne était une répétition générale de son arrivée à Lallybroch. Nous devions nousy rendre directement une fois la cérémonie terminée et après avoir bu le whisky d’adieu.
    Ian ôta lentement sa cape et la confia à Jamie. Puis il marcha vers l’entrée du couloir et se retourna face au groupe qui regardait cette apparition avec des yeux exorbités. Il tendit les mains, paumes vers le ciel, ferma les yeux, renversa la tête en arrière en laissant la pluie ruisseler sur son visage, et se mit à chanter en iroquois. Ce n’était pas un chanteur et sa voix était si éraillée par le froid que ses paroles se brisaient ou étaient ravalées. Néanmoins, je reconnus le nom de Simon au début. C’était le chant de mort du brigadier-général. Cela ne dura pas longtemps mais, quand il eut fini, la congrégation laissa échapper un soupir collectif.
    Ian s’éloigna sans un regard en arrière et, sans échanger un mot, nous lui emboîtâmes tous le pas.
    C’était terminé.

35
    Par le vent tourmentée
    Il continua de faire un temps épouvantable, avec des rafales de neige qui s’ajoutaient désormais à la pluie. Hugh insistait pour que nous restions chez lui au moins quelques jours encore, jusqu’à ce que le ciel soit dégagé.
    — Dans ce cas, on risque d’attendre jusqu’à la Saint-Michel, lui répondit gentiment Jamie. Non, mon cousin, nous devons repartir.
    Nous reprîmes donc la route, engoncés dans tous les vêtements que nous possédions. Atteindre Lallybroch nous prendrait au

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