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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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moi-même convaincue depuis quelques heures mais la seule solution, hormis ce pénible périple dans la boue, était de se coucher sur le sol et de se laisser mourir. Je n’avais pas encore atteint cette extrémité.
    Le couinement des roues s’interrompit brusquement avec un bruit de succion, nous indiquant qu’elles étaient de nouveau embourbées. Jamie marmonna quelque chose de profondément inapproprié pour des funérailles et Ian étouffa un fou rire sous un toussotement, lequel se transforma en véritable quinte qui rappelait les aboiements d’un grand chien épuisé.
    Je sortis la flasque de whisky de sous ma cape (je ne pensais pas qu’un liquide à si forte teneur en alcool puisse geler mais ne voulais courir aucun risque) et la lui tendis. Il avala unegorgée, inspira dans un râle comme s’il venait d’être percuté par un camion, puis toussa à nouveau. Son nez rouge coulait.
    Tout le monde autour de nous reniflait. Pour certains, c’était peut-être de chagrin mais je soupçonnais surtout un rhume généralisé. Les hommes se rassemblèrent sans un mot autour du cercueil et, d’un commun accord, le hissèrent hors de l’ornière et sur une partie plus ferme de la route, celle-ci étant en grande partie recouverte de cailloux.
    Quand Jamie revint prendre sa place à mes côtés en queue de la procession funéraire, je lui glissai :
    — A ton avis, cela faisait combien de temps que Simon Fraser n’était pas rentré chez lui ?
    Il se moucha dans un mouchoir humide avant de répondre :
    — Des années. Il n’avait pas vraiment de raison de revenir.
    Effectivement. Après la veillée qui s’était tenue la nuit précédente à la ferme – une demeure plus petite que Lallybroch mais construite dans le même esprit –, j’en savais beaucoup plus sur la carrière militaire et les exploits de Simon Fraser. Cependant, son oraison funèbre n’avait pas comporté de chronologie. S’il avait bel et bien participé à toutes les batailles qui avaient été citées, il n’aurait pas eu le temps de changer de chaussettes entre deux campagnes, et encore moins de rentrer en Ecosse. En outre, étant le deuxième de neuf enfants, le domaine familial ne lui appartenait pas. Son épouse, la minuscule bainisq marchant en tête de la procession au bras de son beau-frère Hugh, n’avait pas de toit propre. N’ayant pas d’enfants en vie ou dans la région pour s’occuper d’elle, elle avait été recueillie par la famille de son beau-frère.
    Je me demandais si elle était heureuse que nous ayons ramené son mari. Ne valait-il pas mieux le savoir mort au loin, après avoir rempli son devoir plus qu’honorablement, plutôt que de réceptionner ses pitoyables restes, si bien emballés soient-ils ?
    Néanmoins, à défaut d’être heureuse, elle avait paru très satisfaite de se retrouver soudain entourée d’attentions. Son visage flétri s’était un peu défroissé lors des célébrations de la veille et elle marchait à présent sans fléchir, enjambant adroitement les ornières laissées par le cercueil de son mari.
    C’était la faute de Hugh. Bien plus âgé que Simon et propriétaire de Balnain, c’était un petit vieillard grêle, à peine plus grand que sa belle-sœur, qui se berçait d’idées romantiques. C’était lui qui avait décidé qu’au lieu d’enterrer Simon dans le cimetière familial, le plus brave des Fraser devait reposer dans un lieu plus adapté à son rang et à la révérence qui lui était due.
    Une bainisq , prononcez « bân-ichgue », signifiait une petite vieille dame ; appelait-on un petit vieux simplement un « ichgue » ? Je jugeai préférable d’attendre que nous soyons rentrés à la ferme – pour autant que nous soyons rentrés avant la nuit – pour poser la question.
    Enfin, Corrimony apparut au loin. D’après Jamie, ce nom signifiait « un creux dans la lande », ce qui lui allait comme un gant car il s’agissait d’une cuvette au milieu des herbes et des bruyères. Un dôme se dressait en son centre. En approchant, je me rendis compte qu’il était entièrement construit avec des galets, certains de la taille d’un poing, d’autres aussi gros qu’un crâne humain. Tout autour de ce cairn gris battu par la pluie se trouvait un cercle de pierres dressées.
    J’agrippai le bras de Jamie. Il me lança un regard surpris puis suivit mon regard et fronça les sourcils.
    — Tu entends quelque chose, Sassenach  ?
    —

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