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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Uniquement le vent.
    Celui-ci accompagnait la procession depuis le début, son gémissement couvrant la voix du vieil homme qui récitait le coronach devant le cercueil. Dès que nous atteignîmes la lande dégagée, il s’intensifia et devint plus bruyant. Il faisait claquer les capes et les houppelandes comme des ailes de corbeau.
    Je surveillais attentivement les pierres mais ne perçus rien d’inhabituel. Nous nous arrêtâmes devant le cairn. C’était une tombe à couloir, du type standard appelé clava . J’ignorais ce que cela signifiait mais oncle Lamb avait possédé de nombreuses photographies de sites de ce genre. Le couloir était censé être orienté de façon à s’aligner sur une configuration céleste quelconque à une date particulière. Je levai les yeux vers le ciel de plomb et décidai que ce ne devait pas être le bon jour.
    La veille, Hugh nous avait expliqué :
    « On ne sait pas qui était enterré là-bas, mais ce devait sûrement être un grand chef de clan pour qu’on se soit donné le mal de construire un tel cairn ! »
    Jamie avait hoché la tête puis demandé avec tact :
    « Et ce grand chef n’y repose plus ?
    — Oh non, nous avait assuré Hugh. La terre l’a englouti il y a longtemps. Il ne reste plus qu’une petite ombre laissée par ses os. Et nous n’avons pas à nous inquiéter que le lieu soit maudit.
    — Ah, tant mieux, avais-je marmonné.
    — Des curieux ont ouvert la tombe il y a plus d’un siècle. Si elle recelait une malédiction, ils l’ont emportée avec eux. »
    C’était réconfortant et le fait était que personne, parmi ceux qui se tenaient autour de nous, ne semblait intimidé ou effrayé par le cairn. Peut-être était-ce simplement parce qu’à force de vivre près de lui depuis si longtemps il était devenu un trait du paysage parmi tant d’autres.
    Les hommes semblaient plongés dans une discussion pratique, contemplant le cairn en secouant la tête d’un air dubitatif. Certains pointaient un doigt vers le couloir ouvert menant à la chambre funéraire, puis vers le sommet de la structure où des pierres étaient tombées ou avaient été ôtées. Les femmes se tenaient serrées les unes contre les autres, attendant. Nous étions arrivés la veille dans une brume de fatigue et j’avais du mal à me souvenir des noms de chacun. En vérité, ils me paraissaient se ressembler tous, avec des figures émaciées et pâles, marquées par une lassitude que la veillée funèbre à elle seule ne pouvait expliquer.
    Je me souvins tout à coup de l’enterrement improvisé de Mme Bug, précipité mais célébré dignement et avec un chagrin sincère par les participants. Il était clair que les gens ici n’avaient pratiquement pas connu Simon Fraser.
    N’aurait-il pas mieux valu le laisser sur le champ de bataille avec ses camarades morts au combat ? Celui qui avait dit que les enterrements étaient faits pour les vivants ne s’était pas trompé.
    Le sentiment d’échec et de futilité qui avait suivi la défaite de Saratoga avait convaincu ses officiers qu’ils devaient faire un geste envers un homme qu’ils avaient aimé et un soldatqu’ils respectaient. Il se pouvait aussi qu’ils aient voulu le renvoyer chez lui parce que leurs propres foyers leur manquaient.
    Un même sentiment d’échec, auquel s’ajoutait une puissante propension au romantisme, avait sans doute incité le général Burgoyne à soutenir ce geste. Peut-être estimait-il que son propre honneur en dépendait. Quant à Hugh Fraser, réduit à une vie au jour le jour depuis Culloden, subitement confronté au retour inattendu de son petit frère, incapable de lui offrir des funérailles dignes de ce nom mais lui-même animé de grandes idées romantiques… il n’avait rien trouvé de mieux que cette étrange procession, ramenant Simon Fraser à une maison qui n’était plus la sienne et à une femme devenue pour lui une inconnue.
    Et le lieu qu’il habitait ne le connaîtra plus . Ce verset du Livre de Job me revint en mémoire tandis que les hommes prenaient enfin une décision et commençaient à soulever le cercueil hors de ses roues. Avec les femmes, je m’étais approchée et m’aperçus soudain que je me tenais à quelques dizaines de centimètres de l’une des pierres dressées qui encerclaient le cairn. Elles étaient plus petites que celles de Craigh na Dun, mesurant moins d’un mètre de haut. Prise d’une impulsion, je posai une main dessus.
    Je

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