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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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lumière.
    — Vous ne me reconnaissez pas ?
    Elle esquissa un demi-sourire vexé.
    — Laoghaire MacKenzie… Fraser.
    — Oh.
    J’aurais dû la reconnaître sans hésiter mais c’était bien le dernier endroit où je me serais attendue à la voir. Me souvenant de sa dernière visite à Lallybroch, je saisis discrètement le coupe-papier sur le bureau.
    — Vous me cherchiez ? répétai-je. Vous ne vouliez pas plutôt voir Jamie ?
    Elle écarta cette suggestion d’un geste dédaigneux puis ouvrit la poche attachée à sa ceinture et en sortit une lettre.
    — Je suis venue vous demander une faveur. Si vous voulez bien lire ceci…
    Pour la première fois, j’entendis un tremblement dans sa voix.
    Je lançai un regard méfiant vers sa poche mais celle-ci semblait plate. Si elle avait apporté un pistolet, elle le gardait ailleurs. Je pris la lettre et lui fis signe de s’asseoir sur la chaise de l’autre côté du bureau. S’il lui prenait l’envie de m’attaquer, cela me laisserait un peu de temps pour réagir.
    Pourtant, elle ne me faisait pas vraiment peur. Elle était visiblement bouleversée mais maîtresse d’elle-même.
    J’ouvris la lettre et commençai à lire, lui lançant de brefs coups d’œil pour m’assurer qu’elle ne bougeait pas.
    Philadelphie, 15 février 1778
    — Philadelphie ? m’exclamai-je malgré moi.
    Laoghaire hocha la tête.
    — Ils s’y sont installés l’été dernier. Son cher époux a pensé qu’ils y seraient plus en sécurité. Deux mois plus tard, l’armée britannique a envahi la ville et elle l’occupe toujours.
    Je notai au passage qu’elle semblait s’être réconciliée avec le mari de sa fille aînée car elle avait prononcé « son cher époux » sans aucune ironie.
     
    Ma chère maman,
    Pour l’amour que tu me portes ainsi qu’à mes enfants, je dois te demander une immense faveur. Il s’agit d’Henri-Christian. Du fait de sa difformité, il a toujours eu du mal à respirer, surtout quand il souffre du catarrhe. En outre, il ronfle comme un sonneur depuis sa naissance. Voici qu’à présent il s’est mis à ne plus respirer pendant son sommeil, à moins d’être calé dans une position particulière à l’aide de coussins. Mère Claire l’a examiné lorsque père et elle étaient à New Bern. Elle a déclaré que ses végétations adénoïdes (cela se trouve dans sa gorge) étaient trop grosses et qu’elles pourraient lui causer du souci à l’avenir. (Germain a le même problème et respire la bouche ouverte la plupart du temps, mais cela ne met pas sa vie en danger.)
    Je vis dans la terreur qu’Henri-Christian cesse de respirer une nuit et que personne ne soit présent pour le sauver. Nous nous relayons à ses côtés pour veiller à ce que sa tête soit toujours dans la bonne position pendant qu’il dort mais je ne sais pas combien de temps encore nous pourrons tenir ce rythme. Fergus est épuisé par son travail à l’atelier et moi par les travaux domestiques. (J’aide également à l’imprimerie, tout comme Germain. Les filles me sont d’un grand secours à la maison, les saintes chéries, et s’occupent à merveille de leur petit frère mais on ne peut les laisser veiller seules à son chevet toute la nuit.)
    J’ai conduit Henri-Christian chez un autre médecin qui a confirmé que le gonflement dans sa gorge obstruait sa respiration. Il l’a saigné et lui a prescrit des remèdes mais ils n’ont servi qu’à le faire pleurer et vomir. Mère Claire (pardonne-moi de te parler d’elle ; je connais tes sentiments) m’a dit qu’il serait sans doute nécessaire un jour ou l’autre de lui extraire ses amygdales et ses végétations et je crains fort que ce moment ne soit arrivé. Elle l’a déjà fait pour les jumeaux Beardsley à Fraser’s Ridge et je n’ai confiance qu’en elle pour pratiquer cette opération.
    Veux-tu bien aller la voir, maman ? Elle doit désormais se trouver à Lallybroch où je lui écrirai pour la supplier de venir vite à Philadelphie. Mais je crains de ne pas savoir lui communiquer l’horreur de notre situation.
    Si tu m’aimes, maman, je t’implore d’aller la trouver et de lui demander de rentrer le plus rapidement possible.
    Ta fille affectionnée,
    Marsali
     
    Je reposai la lettre. Je crains de ne pas savoir lui communiquer l’horreur de notre situation . Non, elle y était fort bien parvenue.
    On appelait cela « l’apnée du sommeil ». C’était un trouble assez fréquent,

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