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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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pris la main et la serrai :
    — Tu ne peux pas partir maintenant, Jamie. Je le sais.
    Il fit la grimace et exerça une forte pression sur mes doigts, niant instinctivement l’évidence. Je m’accrochai à sa main, bien que ce soit la mutilée. L’idée d’être séparée de lui me remplissait de désolation et de terreur, d’autant plus si je songeais que nous aurions l’océan Atlantique entre nous et qu’il faudrait sans doute attendre des mois avant de nous revoir.
    Je savais que, si je le lui demandais, il viendrait avec moi. Si je lui laissais ne serait-ce que l’ombre d’un doute sur ce qu’il devait faire… Il ne fallait pas.
    Il avait tant besoin d’être à Lallybroch, de vivre le peu de temps qui lui restait avec Ian, et plus encore d’être présent aux côtés de Jenny quand ce dernier partirait ! Personne, même pas ses enfants, ne pourrait lui apporter un meilleur soutien. S’il avait éprouvé le besoin de voir Laoghaire pour expier sa responsabilité dans l’échec de leur mariage, combien plus puissant serait son sentiment de culpabilité s’il abandonnait à nouveau sa sœur au moment où elle avait le plus désespérément besoin de lui.
    — Tu ne peux pas partir, répétai-je dans un chuchotement. Je le sais, Jamie.
    Il me dévisagea, le regard chargé d’angoisse.
    — Je ne peux pas te laisser partir. Pas sans moi.
    — Ce… ce ne sera pas long. Après tout, je suis déjà partie plus loin toute seule.
    J’avais du mal à parler tant ma gorge était serrée. Il remua les lèvres pour me répondre mais ne parvint pas à prononcer un mot. Je portai sa main à mes lèvres et l’embrassai, puis pressai ma joue contre elle, détournant le visage. Il dut sentir mes larmes couler sur ses doigts car il m’attira à lui et nous restâmes blottis l’un contre l’autre un long moment, écoutant le vent qui agitait les herbes et la surface de l’eau. Le héron s’était posé de l’autre côté du loch et se tenait sur une patte, attendant patiemment.
    — Il nous faut un avocat, dis-je soudain. Ned Gowan vit toujours ?
     
    A ma stupéfaction, il était effectivement toujours de ce monde. Quel âge pouvait-il avoir ? Quatre-vingt-cinq ans ? Quatre-vingt-dix ? Il n’avait plus de dents et était ridé comme un sac en papier froissé mais il était toujours aussi guilleret et son esprit carnassier d’avocat était toujours intact.
    Il avait rédigé le contrat d’annulation de mariage entre Laoghaire et Jamie, réglant joyeusement la question des versements annuels à Laoghaire ainsi que des dots de Marsali et de Joan. Il s’attelait à présent, tout aussi joyeusement, à le résilier.
    Tout en suçotant la pointe de sa plume, il déclara :
    — Venons-en à la question de la dot de la demoiselle Joan. Dans le document original, vous avez spécifié, monsieur, que cette somme, que dis-je, cette somme très généreuse, devait être remise à la jeune dame à l’occasion de son mariage et rester ensuite sa propriété à elle seule, ne pouvant être transmise à son époux.
    — En effet, répondit Jamie sur un ton assez sec.
    Il m’avait dit qu’il préférait être ligoté nu sur une fourmilière plutôt que de devoir supporter un avocat plus de cinq minutes. Nous discutions des complications de ce contrat depuis plus d’une heure.
    — Et alors ?
    Maître Gowan le dévisagea avec l’indulgence due à une personne pas très maligne mais néanmoins digne de respect parce qu’elle payait ses honoraires.
    — Alors elle ne se marie pas, expliqua-t-il patiemment. Dans ce cas, la question se pose de savoir si elle peut toucher sa dot.
    — Mais si, elle se marie avec le Christ, bougre d’ignorant protestant !
    Je lançai un regard surpris vers Ned Gowan, n’ayant jamais entendu dire qu’il était protestant. Toujours aussi vif, il remarqua ma surprise et me sourit, les yeux pétillants.
    — Je n’ai d’autre religion que la loi, chère madame. Que l’on observe un rite ou un autre m’importe peu. Pour moi, Dieu est la Justice personnifiée et c’est ainsi que je le sers.
    — Peuh ! répondit Jamie avec dédain. J’aimerais bien voir la tête de vos clients s’ils apprenaient que vous n’êtes pas papiste !
    Les petits yeux noirs de Ned Gowan se tournèrent vers lui.
    — Je suis sûr que vous ne vous abaisseriez pas à un acte aussi vil que le chantage, cher monsieur ? J’ose à peine mentionner cette honorable institution écossaise, connaissant

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