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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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en particulier chez des sujets atteints de certaines formes de nanisme et chez qui les voies aériennes étaient comprimées par des anomalies du squelette. La plupart des gens qui en souffraient se réveillaient en sursaut, se débattant et grognant lorsqu’ils inspiraient à nouveau. Dans le cas d’Henri-Christian, l’hypertrophie des végétations et des amygdales avait sans doute une origine héréditaire (je l’avais également observée chez Germain et, dans une moindre mesure, chez les filles). Cet état pouvait aggraver son problème car, même si un manque d’oxygène déclenchait un réveil réflexe, Henri-Christian risquait de ne pas pouvoir prendre une inspiration suffisamment profonde pour le réveiller à temps.
    Je me figurai Marsali et Fergus (ainsi que Germain, probablement) se relayant au chevet de l’enfant dans la maison obscure, le regardant dormir, s’assoupissant parfois et se réveillant en sursaut, terrifiés à l’idée qu’il ait bougé et cessé de respirer. En lisant la lettre, un nœud s’était formé sous mes côtes.
    Laoghaire m’observait sous son bonnet. Pour une fois, je ne voyais dans ses yeux bleus aucune trace de la colère, de l’hystérie et de la suspicion qu’elle avait toujours montrées à mon encontre.
    Elle rassembla son courage pour me déclarer :
    — Si vous y allez, je renoncerai à l’argent.
    — Quoi ? Vous croyez que je le ferais par…
    Je m’interrompis. Bien sûr, elle s’imaginait qu’il faudrait me soudoyer. Elle croyait que j’avais abandonné Jamie après Culloden, ne revenant auprès de lui qu’après qu’il était redevenu prospère. Je fus tentée de lui expliquer… mais c’était inutile et cela n’avait rien à voir avec la question. La situation était limpide.
    Elle se pencha soudain vers moi, les deux mains pressées sur le bureau avec une telle force que ses ongles blanchirent.
    — Je vous en prie, dit-elle. Je vous en prie.
    J’étais tiraillée entre deux pulsions contradictoires : l’envie de la gifler et celle de poser une main sur la sienne pour la tranquilliser. Je refoulai les deux et m’efforçai de réfléchir calmement.
    Je devais y aller. Cela n’avait rien à voir avec Laoghaire ni avec notre différend. Si je ne me rendais pas à Philadelphie et qu’Henri-Christian mourait, je ne pourrais vivre avec ce manquement sur la conscience. En arrivant à temps, je pouvais le sauver. Personne d’autre que moi ne le pouvait. C’était aussi simple que ça.
    Mon cœur se serra à l’idée de quitter Lallybroch. Cela signifiait dire définitivement adieu à Ian, ainsi peut-être qu’à tous les autres et au domaine lui-même. Cependant, une partie de mon cerveau était déjà convaincue de la nécessité de partir et réfléchissait au moyen le plus rapide de rejoindre Philadelphie. Le chirurgien en moi évaluait ce dont j’aurais besoin une fois là-bas, les éventuelles complications de l’intervention… analysant comment procéder au mieux.
    Tandis que je réfléchissais à ces questions pratiques, une logique impitoyable l’emportant sur le choc et l’émotion, il me vint à l’esprit que ce nouveau désastre présentait d’autres aspects.
    Laoghaire attendait, les yeux rivés sur moi et les lèvres pincées, m’adjurant intérieurement d’accepter.
    Je m’enfonçai dans ma chaise et la regardai dans le blanc des yeux.
    — Soit, déclarai-je. Si nous discutions de mes conditions ?
     
    Tout en observant un héron gris survolant le loch, j’expliquai à Jamie :
    — Donc j’irai à Philadelphie le plus rapidement possible pour opérer Henri-Christian. De son côté, elle épousera Joey, renoncera à sa pension alimentaire et autorisera Joan à entrer dans les ordres. Cela dit, il vaudrait peut-être mieux lui faire signer un papier, au cas où.
    Jamie me dévisageait bouche bée. Nous étions assis dans l’herbe au bord du loch où je l’avais entraîné pour lui raconter ce qui s’était passé et ce que je comptais faire. Je poursuivis :
    — Laoghaire n’a pas touché à la dot de Joan. Elle la lui donnera afin qu’elle puisse voyager et entrer au couvent.
    Je pris une grande inspiration, espérant que ma voix ne tremblait pas.
    — J’ai pensé que… Michael repartira dans quelques jours. Joan et moi pourrions l’accompagner en France. Je pourrais embarquer là-bas à bord d’un navire français et il l’escortera jusqu’à son couvent.
    — Tu…
    Il s’interrompit. Je lui

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