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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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monde, il s’était entaillé le pouce en déclarant :
    « Je serai ton frère. »
    Il avait tendu le couteau à Jamie qui en avait fait autant, surpris que cela fasse si mal. Ils avaient serré leurs pouces l’un contre l’autre et avaient juré d’être frères pour toujours. Promesse tenue.
    Revenu au moment présent, il avait rassemblé ses forces, se préparant à la proximité de la mort, à l’irrévocabilité noire.
    « Ian. Veux-tu que je… »
    En entendant l’hésitation dans sa voix, Ian avait rouvert les paupières. Jamie avait eu envie de détourner le regard pour ne pas voir ses yeux doux et interrogateurs mais s’était retenu, devinant confusément la lâcheté qu’il y aurait à le faire.
    « Veux-tu que je hâte ta fin ? »
    Tout en parlant, la partie froide de son cerveau cherchait déjà un moyen. Pas avec un couteau, non. Ce serait rapide et propre, un départ digne, mais cela choquerait sa sœur et les enfants. Ni Ian ni lui n’avaient le droit de laisser un dernier souvenir souillé de sang.
    Il avait baissé la tête pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux.
    Claire… Elle saurait comment faire, mais il ne pouvait pas le lui demander. Cela irait à l’encontre de son propre serment de médecin.
    « Non, avait répondu Ian. En tout cas, pas encore. Mais je suis heureux de savoir que je peux compter sur toi, mo brathair . »
     
    Un mouvement furtif l’arracha à ses pensées.
    Le chevreuil ne l’avait pas vu, bien qu’il soit proche. Le vent était contre lui mais l’animal était occupé à fouiller parmi les bruyères desséchées en quête de plaques d’herbes et de plantes plus tendres. Il attendit, écoutant le vent. Seules la tête et les épaules du cerf étaient visibles derrière les ajoncs.
    Il se concentra, laissant l’esprit de la chasse le pénétrer à nouveau. Chasser le gros gibier dans les Highlands était très différent de la chasse dans les forêts de Caroline du Nord. Le rythme était plus lent. Le chevreuil avança de quelques pas, sortant de derrière les ajoncs, toujours broutant. Jamie commença, centimètre par centimètre, à lever son fusil. Il avait fait redresser son canon par un armurier à Edimbourg mais ne l’avait pas utilisé depuis. Il espérait que le guidon était juste.
    La dernière fois qu’il s’en était servi, c’était pour assommer le Hessien dans la redoute à Saratoga. Il revit Claire laissant tomber dans une soucoupe la balle qui avait mortellement blessé Simon Fraser. Le cliquetis métallique contre la porcelaine résonnait dans son sang.
    Encore un pas, puis deux. L’animal avait trouvé une plante savoureuse et mastiquait avec application. La ligne de mire se posa lentement sur sa cible. C’était un beau brocard, à moins d’une centaine de mètres de là. Il sentait le gros cœur solide battant sous ses propres côtes, palpitant au bout de ses doigtsposés sur le métal. La crosse était confortablement nichée dans le creux de son épaule.
    Il entendit les cris dans le bois derrière lui au moment même où il pressait la détente. Le coup partit, ratant sa cible. Le chevreuil bondit et disparut dans un craquement de branches sèches.
    Jamie pivota sur ses talons et courut vers la forêt. Qui avait crié ? C’était une voix de femme, mais qui ?
    Il trouva Jenny sans grande difficulté, dans une clairière où ils étaient souvent venus enfants, elle, Ian et lui, pour échanger des secrets et jouer aux chevaliers et aux soldats.
    Elle avait été un bon soldat.
    Peut-être l’attendait-elle après l’avoir entendu tirer, à moins qu’elle ne soit tout bonnement incapable de bouger. Elle se tenait le dos droit mais le regard vide, son châle enroulé autour d’elle telle une armure rouillée.
    Il mit son arme près du grand pin sous lequel elle leur avait fait la lecture, à Ian et lui, durant les longs soirs d’été où le soleil effleurait à peine la ligne d’horizon avant de se relever.
    — Tout va bien, Jenny ?
    — Oui, répondit-elle platement.
    Il s’approcha et lui tendit la main. Elle ne lui donna pas la sienne mais ne résista pas quand il la prit quand même.
    — Je t’ai entendue crier.
    — Je ne l’ai pas fait exprès.
    Il hésita. Il savait très bien pourquoi elle ressentait le besoin de venir crier dans la forêt là où personne ne l’entendrait. Il aurait été stupide d’insister et de lui demander ce qui n’allait pas.
    — Tu préfères que je te

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