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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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dévastée.
    William se trouvait avec Sandy Lindsay, discutant de la meilleure façon de cuisiner une dinde (l’un des éclaireurs de Lindsay venait d’en apporter une), quand arriva la lettre. Sans doute était-ce un effet de son imagination s’il eut l’impression qu’un silence de mort s’était subitement abattu sur le camp, que la terre tremblait et que le voile du temple venait de se déchirer. Quoi qu’il en soit, il s’était passé quelque chose.
    Il y avait un changement dans l’air, une anomalie dans le rythme des conversations et des mouvements des hommes alentour. Balcarres le sentit aussi. Il interrompit son examen de l’aile déployée de la dinde et regarda William en haussant les sourcils.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda William.
    — Je l’ignore mais ça ne me dit rien qui vaille.
    Balcarres fourra le volatile dans les mains de son ordonnance, coiffa son chapeau et se dirigea vers la tente de Burgoyne, William sur les talons.
    Ils trouvèrent le général blême de rage et les lèvres pincées. Ses officiers regroupés autour de lui échangeaient des messes basses d’un air affligé.
    Le capitaine sir Francis Clerke, l’aide de camp de Burgoyne, se détacha du groupe et se dirigea vers la sortie de la tente, tête baissée et visage dans l’ombre. Balcarres le retint par le coude.
    — Francis… que se passe-t-il ?
    Le capitaine Clerke paraissait très agité. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule puis entraîna Balcarres et William à l’écart.
    — C’est Howe. Il ne vient plus.
    — Comment ça ? fit William, ahuri. Il a décidé de rester à New York ?
    — Non, il veut envahir la Pennsylvanie.
    Clerke avait la mâchoire si crispée qu’on se demandait comment il parvenait encore à parler.
    Balcarres lança un regard atterré vers l’entrée de la tente puis se tourna à nouveau vers Clerke.
    — Mais…
    — Exactement.
    William commençait juste à entrevoir toute l’étendue du désastre. Le général Howe ne se contentait pas de faire la nique à Burgoyne en ignorant son plan, ce qui aurait déjà été un camouflet. En choisissant de marcher sur Philadelphie au lieu de remonter l’Hudson pour lui prêter main-forte, il le laissait livré à lui-même, sans approvisionnement ni renforts.
    Autrement dit, ils étaient désormais seuls, coupés de leurs convois de ravitaillement, avec le choix peu enviable de poursuivre les Américains à travers une campagne dépouillée de toutes ses ressources, ou de faire demi-tour et de rentrer au Canada la queue entre les jambes… en traversant une campagne dépouillée de toutes ses ressources.
    C’était ce que Balcarres était en train d’expliquer à sir Francis, qui secoua la tête en se passant une main lasse sur le visage.
    — Je sais. Si vous voulez bien m’excuser, milords…
    — Où allez-vous ? lui demanda William.
    — En informer Mme Lind. Je crois que je ferais mieux de la prévenir.
    Mme Lind était l’épouse du premier officier d’intendance. C’était également la maîtresse de Burgoyne.
     
    Que Mme Lind ait exercé ses indéniables talents à bon escient ou que la faculté de récupération du général ait pris le dessus, le coup dur de la lettre de Howe fut rapidement oublié. Dans sa lettre hebdomadaire à lord John, William écrivit :
     
    On pourra dire ce que l’on voudra sur lui, c’est un homme d’action et de décision. Nous avons repris notre traque du corps principal des insurgés, redoublant nos efforts. La plupart de nos chevaux ont été abandonnés, volés ou mangés. J’ai déjà usé les semelles d’une paire de bottes neuves.
    Nous avons appris par un de nos éclaireurs que la ville de Bennington, qui ne se trouve pas très loin d’ici, sert de lieu de rassemblement aux intendants américains. Apparemment, la ville n’est que peu défendue. Le général y envoie donc le colonel Baum, l’un des Hessiens, avec environ cinq cents hommes afin de s’approprier ces fournitures dont nous avons tant besoin. Nous partons à l’aube.
     
    William ne sut jamais si c’était à cause de sa conversation d’ivrogne avec Balcarres, mais il avait acquis la réputation d’être « doué avec les Indiens ». Que ce soit en raison de ce talent douteux ou du fait qu’il baragouinait l’allemand, le matin du 12 août, il se retrouva chargé d’accompagner l’expédition de ravitaillement du colonel Baum. Celle-ci incluait un certain nombre de cavaliers du

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