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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Percy avait toujours su à qui il avait affaire, contrairement à lui.
    — En effet. Il était mort, assassiné. Trucidé une nuit en pleine rue alors qu’il courait au chevet d’un malade pour luiadministrer l’extrême-onction. Une triste affaire, en vérité. Cela s’est produit une semaine après la disparition d’Amélie.
    Même s’il restait sur ses gardes, cette histoire excitait la curiosité professionnelle de Grey.
    — La suite logique aurait été d’aller trouver le comte, déclara-t-il. Mais s’il était capable de faire assassiner un prêtre pour conserver ses secrets, il était dangereux de l’aborder directement. Par l’intermédiaire de ses domestiques, peut-être ?
    Percy acquiesça, saluant au passage la perspicacité de Grey.
    — Le comte n’était plus de ce monde… ou, du moins, il avait disparu. Le bruit court qu’il était sorcier. Il est officiellement mort une dizaine d’années après Amélie. J’ai cherché ses anciens domestiques et j’en ai retrouvé quelques-uns. Pour certaines personnes, tout est effectivement une question d’argent. L’assistant cocher en fait partie. Deux jours après la disparition d’Amélie, il a livré un tapis dans un bordel rue du Faubourg-Saint-Denis. Un tapis très lourd qui sentait l’opium. Il a reconnu l’odeur car il avait autrefois transporté une troupe d’acrobates chinois venus pour une fête dans l’hôtel particulier de son maître.
    — Tu t’es donc rendu au bordel en question, où l’argent…
    — On dit que l’eau est le solvant universel mais c’est faux. Tu pourrais plonger un homme dans un tonneau rempli d’eau glacée pendant une semaine sans en obtenir grand-chose, alors qu’avec une poignée de pièces d’or…
    Grey nota mentalement l’adjectif « glacé » et fit signe à Percy de poursuivre.
    — Il m’a fallu du temps, plusieurs visites, différentes tentatives… La mère maquerelle était une vraie professionnelle, ce qui signifie que celui qui avait payé celle qui l’avait précédée s’était montré très généreux. Son portier, bien qu’assez âgé pour avoir assisté à la scène, avait eu la langue coupée très jeune, si bien qu’il ne pouvait m’aider. Naturellement, aucune des putains ne travaillait là quand le fameux tapis a été livré.
    Il avait patiemment recherché les familles des jeunes prostituées, certains métiers se transmettant de mère en fille, et, après des mois d’efforts, avait retrouvé une vieille femme qui avait été employée dans le bordel à l’époque. Elle avaitreconnu la miniature d’Amélie qu’il avait apportée des Trois Flèches.
    La jeune fille avait effectivement été amenée dans l’établissement alors qu’elle était enceinte de plusieurs mois. Cela n’avait pas posé de problème ; il y avait toujours des amateurs pour ce genre de chose. Quelque temps plus tard, elle avait accouché d’un fils. Elle avait survécu à ses couches mais était morte un an après, emportée par une épidémie de grippe.
    Percy soupira et s’essuya à nouveau avec son mouchoir.
    — Tu n’imagines pas les difficultés pour retrouver un enfant né dans un bordel parisien il y a une quarantaine d’années, mon cher.
    — Mais tu ne t’appelles pas Perseverance pour rien.
    Percy se tourna brusquement vers lui.
    — Sais-tu que tu es la seule personne au monde à connaître mon vrai prénom ?
    A son expression, il était clair que c’était une personne de trop.
    — Ne n’inquiète pas, ton secret est à l’abri avec moi, celui-ci, du moins. Qu’en est-il de Denys Randall-Isaacs ?
    Sa stratégie fonctionna. Le visage de Percy miroita telle une flaque de mercure au soleil. Une fraction de seconde plus tard, il avait retrouvé son air impassible mais il était trop tard.
    Grey émit un petit rire dépourvu de joie puis se leva.
    — Merci, Perseverance.
    Là-dessus, il s’éloigna, marchant entre les tombes herbeuses d’indigents anonymes.
    Cette nuit-là, une fois la maisonnée endormie, il prit sa plume pour rédiger des lettres à Arthur Norrington, à Harry Quarry et à son frère. Peu avant l’aube, il se mit également à écrire, pour la première fois depuis deux ans, à Jamie Fraser.

18
    La bataille de Bennington
    Camp du général Burgoyne, 11 septembre 1777
    La fumée des champs brûlés flottait depuis des jours au-dessus du camp. Les Américains poursuivaient leur retraite, ne laissant dans leur sillage qu’une campagne

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