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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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vis sa joue se contracter quand il sourit, puis il se détendit.
    Le bruit s’était répandu que la carriole médicale se trouvait dans le coin. Un petit groupe d’hommes attendait déjà mes soins. D’autres arrivaient, soutenus ou traînés par des camarades, comme attirés par ma lanterne. La soirée allait être longue.
    Le colonel Everett m’avait promis deux assistants mais Dieu seul savait où il était passé. Je pris le temps d’inspecter la petite foule assemblée et portai mon choix sur un jeune homme qui venait de déposer un camarade blessé au pied d’un arbre. Je le tirai par la manche.
    — Vous. Vous avez peur du sang ?
    Il resta perplexe un instant puis me sourit derrière un masque de boue et de suie. Mesurant à peu près ma taille, ilétait râblé, avec un visage qui aurait pu être qualifié de chérubin s’il n’avait été aussi sale.
    — Uniquement si c’est le mien, m’dame, et, jusqu’à présent, Dieu soit loué, ce n’est pas le cas.
    — Alors venez avec moi. Vous êtes désormais assistant de triage.
    — Assistant de quoi ? Hé, Harry ! cria-t-il à un ami. J’ai été promu ! La prochaine fois que tu écriras à ta mère, dis-lui bien que Lester n’est pas un bon à rien, finalement !
    Puis il m’emboîta le pas, ravi.
    Son sourire disparut rapidement derrière un air de profonde concentration tandis que je le guidais parmi les blessés, lui indiquant les divers degrés de gravité.
    — Ceux qui pissent le sang sont prioritaires, lui expliquai-je en lui fourrant une brassée de bandages en lin et un sac de tissu ouaté dans les bras. Donnez-leur-en. Dites à leurs amis de presser fort le tissu ouaté sur les plaies ou de placer un garrot autour du membre en amont de la blessure. Vous savez ce qu’est un garrot ?
    — Oh oui, m’dame. J’en ai déjà mis à mon cousin Jess qui s’était fait attaquer par une panthère, chez nous en Caroline.
    — Parfait. Ne perdez pas de temps à en placer vous-même à moins d’y être obligé. Laissez faire leurs camarades. Ensuite, les os brisés. Ils peuvent attendre un peu. Faites-les installer sous ce grand bouleau. Les plaies à la tête et les blessures internes qui ne saignent pas vont là-bas, près du châtaignier. S’ils peuvent bouger. Autrement, c’est moi qui irai à eux.
    Je décrivis un demi-cercle, examinant le terrain.
    — Si vous trouvez un ou deux hommes valides, demandez-leur de monter la tente d’infirmerie. Il faut un endroit plat… Là-bas ce sera parfait. Il en faudrait deux autres pour creuser une fosse d’aisances… Là-bas.
    — Oui, chef ! Pardon, je veux dire m’dame !
    Il inclina la tête et serra contre lui son sac de tissu ouaté.
    — Je m’en occupe tout de suite. Cela dit, à votre place je ne m’inquiéterais pas pour les latrines pour le moment. La plupart des garçons ont eu une telle frousse qu’ils se sont déjà chié dessus.
    Il inclina à nouveau la tête puis partit commencer sa ronde.
    Il avait dit juste. Une vague odeur de fèces flottait dans l’air, comme toujours sur les champs de bataille, formant une note sourde sous la puanteur du sang et de la poudre.
    Pendant que Lester triait les blessés, je m’installai avec mon coffre de remèdes, mon sac de sutures et un bol d’alcool à l’arrière de la carriole. J’avais retourné un tonnelet pour faire asseoir les patients, du moins ceux qui en étaient capables.
    Les pires blessures étaient celles infligées par des baïonnettes. Heureusement, il n’y avait pas eu de grenaille. Quant aux hommes touchés par des boulets de canon, ils avaient depuis longtemps atteint le stade où je ne pouvais plus rien pour eux. Tout en travaillant, j’écoutais d’une oreille distraite les conversations des soldats. L’un d’eux demanda à son voisin :
    — T’as déjà vu une chose pareille ? Ils étaient combien, ces bougres ?
    — J’en sais foutre rien. Pendant un moment, je ne voyais plus que du rouge partout. Puis un canon est parti tout à côté de moi et je n’ai plus vu que du noir.
    Il se frotta le visage. Les larmes de ses yeux piqués par la fumée avaient laissé de longues rigoles claires dans la suie qui le couvrait de la tête aux pieds.
    Je lançai un regard vers la carriole mais ne pus voir ce qu’il y avait dessous. J’espérais que le choc et la fatigue avaient eu raison de Jamie et qu’il dormait en dépit de sa main, mais j’en doutais.
    Bien que tous autour de moi soient blessés

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