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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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direction.
    — Je me fiche qu’on m’entende ! Si tu n’étais pas déjà blessé, je te… je te…
    — Fais attention, Sassenach , m’interrompit-il sans cesser de sourire. Si tu me coupes d’autres morceaux, il faudra bien que tu les recolles ensuite.
    — Ne me tente pas !
    Je lançai un regard vers l’épée que j’avais laissée tomber. Il la vit également et chercha vainement à l’atteindre. Avec un soupir explosif, je me penchai au-dessus de lui, la saisis et plaçai la garde dans sa main. J’entendis les hommes plus haut crier et, me tournant, agitai les bras pour leur faire signe. Je l’entendis dire derrière moi :
    — Quelqu’un qui t’écouterait en ce moment pourrait croire que tu ne me portes pas dans ton cœur, Sassenach .
    Je fis volte-face. Son air effronté avait disparu mais le sourire était toujours là.
    — Tu as la langue de vipère d’une mégère mais tu fais un très charmant tableau quand tu manies l’épée, Sassenach .
    J’ouvris la bouche mais le torrent de mots qui s’était déversé avec une telle fluidité quelques instants plus tôt s’évapora comme les derniers lambeaux de brume.
    Il posa sa main valide sur mon bras.
    — Pour le moment, a nighean donn … je te remercie de m’avoir sauvé la vie.
    Je refermai la bouche. Les hommes nous avaient presque rejoints, leurs exclamations et leur bavardage étouffant les gémissements toujours plus faibles des blessés.
    — De rien.
     
    — Un vrai steak tartare, marmonnai-je entre mes dents.
    Le voyant arquer un sourcil, je clarifiai :
    — De la viande hachée menu.
    — Oui. J’ai arrêté l’épée avec ma main. Dommage que je n’aie pas eu de targe, je l’aurais fait dévier.
    — En effet.
    Ce n’était pas la pire des plaies que j’avais vues, et de loin, mais elle me retournait le cœur. Le bout de l’annulaire avait été sectionné de biais juste sous l’ongle. Le coup avait entaillé une bande de chair à l’intérieur du doigt et s’était enfoncé entre l’annulaire et le majeur. M’efforçant de parler calmement, j’expliquai :
    — Tu as dû saisir la lame près de la garde, autrement tu aurais eu toute la moitié droite de la main arrachée.
    — Mmphm…
    Il ne faisait pas un mouvement tandis que je palpais et manipulais sa main mais son visage luisait de transpiration et il ne pouvait retenir quelques grognements de douleur.
    — Excuse-moi, dis-je machinalement.
    — Il n’y a pas de quoi, répondit-il aussi machinalement.
    Il ferma les yeux, les rouvrit, puis déclara :
    — Coupe-le.
    — Quoi ?
    — Ce doigt, ampute-le, Sassenach .
    — Mais je ne peux pas faire ça !
    Je savais qu’il avait raison. Au-delà de l’état du doigt lui-même, le tendon était sévèrement endommagé. Les chances qu’il puisse à nouveau le remuer un jour, sans parler de le remuer sans douleur, étaient infinitésimales.
    — Il ne m’a pas servi à grand-chose au cours de ces vingt dernières années et ça ne va pas s’arranger. Raide comme il est, je l’ai déjà brisé une demi-douzaine de fois. Il ne me gênera plus une fois qu’il ne sera plus là.
    J’aurais voulu en discuter mais le temps pressait. Les blessés commençaient à affluer de partout. Tous des miliciens et non des soldats réguliers. S’il y avait eu un régiment dans les parages, un médecin militaire aurait pu les soigner mais j’étais plus près.
    — Foutu héros un jour, foutu héros toujours, bougonnai-je.
    Je plaquai une compresse en tissu ouaté sur sa paume sanglante avant de lui bander la main.
    — Oui, il va falloir que je l’ampute mais pas tout de suite. Arrête de bouger.
    — Aïe ! gémit-il. Je t’ai dit que je n’étais pas un héros.
    — Ce n’est pas faute d’essayer ! rétorquai-je avant de serrer le nœud du bandage avec mes dents. Je m’en occuperai quand j’aurai le temps.
    Je lui saisis le poignet et plongeai sa main dans une bassine remplie d’eau et d’alcool.
    Quand l’alcool traversa le tissu et entra en contact avec la chair à vif, il devint blanc comme un linge et inspira entre ses dents. Je pointai un doigt péremptoire vers la couverture que j’avais étalée sur le sol et il alla docilement s’allonger, recroquevillé sous la carriole, la main plaquée contre son cœur.
    Je me relevai et hésitai. Puis je m’agenouillai à nouveau et, écartant sa queue de cheval maculée de boue sèche et de fragments de feuilles mortes, déposai un baiser sur sa nuque. Je

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