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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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d’une manière ou d’une autre, le moral était bon et l’ambiance générale marquée par le soulagement et l’exultation. Plus bas dans la vallée, là où la brume persistait au-dessus de la rivière, j’entendais des cris de victoire et un vacarme de coups de feu et de roulements de tambour.
    Une voix transperça le raffut ; c’était celle d’un officier en uniforme perché sur un cheval bai.
    — Quelqu’un a vu le grand rouquin qui a brisé la charge ?
    Il y eut des murmures et des échanges de regards mais personne ne répondit. Le cavalier descendit de selle et, nouant ses rênes autour d’une branche, se dirigea vers moi en sefaufilant entre les blessés. L’homme dont j’étais en train de recoudre la joue marmonna :
    — Je sais pas qui c’était mais il a des couilles de la taille d’un boulet de dix livres.
    — Et une tête tout aussi dure, marmonnai-je.
    — Hein ? fit-il, surpris.
    — Rien. Ne bougez pas, j’ai presque fini.
     
    Ce fut une nuit d’horreur. Certains des blessés gisaient encore dans les ravines et les creux parmi les morts. Les loups qui s’avancèrent silencieusement hors des bois ne faisaient pas de distinction entre les deux, à en juger par les hurlements lointains.
    L’aube pointait déjà quand je rejoignis la tente où dormait Jamie. J’entrai silencieusement mais il était réveillé. Il était couché en chien de fusil face à l’entrée, sa main posée sur une couverture pliée.
    Il me sourit faiblement et demanda d’une voix légèrement éraillée :
    — La nuit a été dure, Sassenach  ?
    La brume qui s’infiltrait sous la tente était jaunie par la lumière de la lanterne.
    — J’ai vu pire, répondis-je.
    J’écartai les cheveux de son visage et l’examinai. Il était pâle mais pas moite. Ses traits étaient tirés par la souffrance mais sa peau était fraîche au toucher. Pas trace de fièvre.
    — Tu n’as pas fermé l’œil de la nuit, n’est-ce pas ? Comment te sens-tu ?
    — Un peu effrayé et légèrement nauséeux mais ça va mieux maintenant que tu es là.
    Il m’adressa une petite grimace tendue qui était presque un sourire.
    Je glissai une main sous sa mâchoire, cherchant le pouls. Les battements de son cœur étaient réguliers. Un frisson me parcourut au souvenir de la pilleuse de cadavres.
    — Tu es glacée, Sassenach . Tu dois être morte de fatigue, toi aussi. Dors un peu. Je peux encore attendre.
    J’étais effectivement épuisée. L’adrénaline de la bataille et du travail de la nuit refluait rapidement. La fatigue rampait le long de ma colonne vertébrale et alourdissait mes articulations. Mais je savais aussi à quel point les longues heures d’attente l’avaient fait souffrir.
    — Ça ne prendra pas longtemps. Il vaut mieux en finir une fois pour toutes ; ensuite, tu dormiras plus facilement.
    Il acquiesça sans être très rassuré pour autant. Je dépliai le petit plan de travail que j’avais apporté de la carriole et disposai mes instruments autour de moi. Puis je sortis mon précieux flacon de laudanum et versai un peu du liquide sombre et odorant dans une tasse que je mis dans sa main gauche.
    — Bois doucement.
    Je vérifiai à nouveau que tout ce dont j’aurais besoin était à ma portée. J’avais envisagé de demander à Lester de m’assister mais le pauvre dormait debout, sous les lanternes sourdes de la tente où j’avais opéré les blessés. Je l’avais envoyé se trouver une couverture et un coin auprès d’un feu.
    Un scalpel, fraîchement affûté. Un bocal rempli d’alcool et contenant des sutures enroulées telles de minuscules vipères, chacune enfilée dans une petite aiguille courbe. Un autre bocal avec des sutures sèches et cirées pour la compression artérielle. Un bouquet de sondes, pointes trempant dans l’alcool. Des forceps. Un rétracteur à long manche. Une érigne pour retenir les extrémités des artères sectionnées.
    Les ciseaux chirurgicaux avec leurs courtes lames incurvées et leurs anneaux façonnés sur mesure pour ma main par l’orfèvre Stephen Moray. Enfin, presque sur mesure. Je les avais demandés sans fioritures afin qu’ils soient le plus faciles possible à nettoyer et désinfecter. Stephen avait effectivement opté pour une ligne épurée mais n’avait pu s’empêcher d’ajouter un détail décoratif. L’un des anneaux possédait une extension en crochet contre laquelle je pouvais caler mon petit doigt afin d’exercer davantage de

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