Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
pression. Elle formait une mince courbe lisse se terminant par un fin bourgeon entouré de feuilles délicates. Le contraste entre les lames menaçantes d’un côté et ce charmant ornement de l’autre me faisait toujours sourire quand je sortais mon instrument de sa boîte.
    Des bandes de gaze de coton et de lin épais, des tampons de tissu ouaté, des pansements enduits de sang-de-dragon rouge pour les rendre adhésifs. Des flacons de quinquina, de pâte d’ail et d’achillée pour les onguents.
    — Nous y sommes, dis-je avec satisfaction.
    Comme j’œuvrais seule, il me fallait redoubler de vigilance. Si j’oubliais quelque chose, il n’y aurait personne pour aller me le chercher.
    — Ça fait beaucoup de préparatifs pour un petit doigt de rien du tout.
    En me retournant, je le découvris redressé sur un coude, sa tasse de laudanum intacte.
    — Tu ne pourrais pas me le trancher d’un coup avec ton petit couteau puis refermer la plaie au fer rouge comme le font les médecins de régiment ?
    — Si, je le pourrais, répliquai-je, acerbe. Heureusement pour toi, ce n’est pas nécessaire. Nous avons suffisamment de temps pour travailler proprement. C’est pourquoi je t’ai fait attendre.
    — Mmphm.
    Il examina la rangée d’instruments étincelants sans grand enthousiasme. Il était clair qu’il aurait préféré que le problème soit résolu le plus rapidement possible. Je me rendis compte qu’à ses yeux cela ressemblait à une lente torture ritualisée plutôt qu’à de la chirurgie sophistiquée.
    — Je tiens à ce que tu conserves une main en état de fonctionner, lui expliquai-je. Pas d’infections, pas de moignon qui suppure, pas de mutilation bâclée et, je l’espère, pas de douleur une fois que la plaie aura cicatrisé.
    Il parut surpris. Il n’en avait jamais parlé mais j’étais consciente que sa main droite le gênait et que son annulaire raide lui faisait régulièrement mal depuis qu’il avait été écrasé dans la prison de Wentworth avant le Soulèvement jacobite.
    Je lui indiquai la tasse.
    — Un marché est un marché. Bois.
    Il porta la tasse à ses lèvres à contrecœur, les narines frémissant devant l’odeur doucereuse. Il toucha le liquide brun du bout de la langue et fit la grimace.
    — Il va me faire vomir.
    — Il va te faire dormir.
    — Je vais faire d’horribles cauchemars.
    — Tant que tu ne pourchasses pas des lapins dans tes rêves, ça ira.
    Il rit malgré lui mais fit une dernière tentative.
    — Ça a le même goût que la matière qu’on enlève en raclant les sabots d’un cheval.
    — Quand as-tu léché le sabot d’un cheval pour la dernière fois ?
    Les mains sur mes hanches, je lui adressai un regard à la noirceur travaillée, celui qui était efficace sur les bureaucrates mesquins et les officiers peu gradés.
    Il poussa un soupir.
    — Il le faut vraiment, hein ?
    — Oui.
    — Soit.
    Après un dernier regard chargé de reproches, il fit une moue résignée, renversa la tête en arrière et but la tasse d’un trait.
    Un frisson convulsif le parcourut et il faillit s’étrangler.
    — Je t’avais dit de boire lentement ! Si tu vomis, je te ferai lécher par terre.
    Compte tenu du sol en terre couvert d’herbes piétinées, c’était une menace en l’air. Néanmoins, il pinça les lèvres, ferma les yeux et s’allongea sur son oreiller en soufflant bruyamment. J’approchai un tabouret et m’assis à son chevet. Quelques minutes plus tard, je demandai :
    — Comment te sens-tu ?
    — Etourdi.
    Il entrouvrit un œil et m’observa à travers une fente bleue.
    — C’est comme si je tombais d’une falaise. C’est une sensation très désagréable.
    — Essaie de penser à autre chose. A quelque chose d’agréable.
    Il plissa le front quelques instants, puis se détendit.
    — Lève-toi un instant, Sassenach .
    Je m’exécutai en me demandant ce qu’il voulait. Il rouvrit les yeux et, de sa main valide, saisit fermement mes fesses.
    — Voilà. Je ne vois rien de plus agréable. Te peloter le cul me remet toujours d’aplomb.
    Je me mis à rire et m’approchai de lui de sorte que ma cuisse touchait son front.
    — Au moins, c’est un remède qui est toujours à portée de main.
    Il referma les yeux sans me lâcher et se mit à respirer lentement et profondément. Les sillons de fatigue et de douleur sur son visage s’adoucissaient peu à peu sous l’effet de la drogue.
    Au bout d’une minute, je murmurai :
    —

Weitere Kostenlose Bücher