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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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épaule ; il tressaillit, cherchant d’instinct l’archer embusqué. Aussitôt, un des malandrins jeta sa torche dans sa direction ; l’autre lança la sienne sur Champartel qui, ébloui, sursauta. Déjouant l’arme de l’écuyer, le chef de bande se rua sur sa captive afin de se protéger de son corps. Avant qu’il l’eût atteinte, Ogier lui porta une estocade aussi prompte que violente. La pointe de Confiance pénétra dans le cuir du pourpoint et heurta du métal.
    — Ah ! maudit… Tu portes un jaseron de mailles.
    Deux sagettes effleurèrent, l’une sa joue, l’autre son chaperon.
    — Couzic, à l’aide !
    Le fossoyeur s’était emparé de sa bêche. Il l’abattit sur Raymond, habile à la parade. Et comme le combat entre eux s’engageait, Thierry renversa un larron, et se porta, l’épée haute, au secours du sergent.
    — Dieu nous trahit ! grogna-t-il en trébuchant sur le tas de terre, à proximité de la fosse.
    Saladin bondit sur le fossoyeur dont il happa l’avant-bras dans sa gueule. La prise du chien sur le cuir étant faible, l’homme parvint à se dégager pour disparaître en hurlant :
    — Tous aux chevaux !
    Sauf au ras du sol où grésillaient les torches, les ténèbres enveloppaient les adversaires.
    — Éclaire-nous, Thierry ! enragea Ogier.
    L’écuyer releva un flambeau. À sa lueur. Raymond lança son poignard sur une ombre. Il y eut un cri. Touché. En jappant, Saladin s’élança ; Ogier le siffla. Le chien renonça, la queue basse.
    — On les suit ? demanda Champartel.
    — Nous risquerions trop… D’ailleurs, les voilà qui partent au galop !
    — Ils sont six ou sept, dit Raymond. Nous aurions dû d’abord éloigner leurs chevaux.
    — Nous avons bien agi, au contraire : ces bêtes étaient gardées… Ah ! maugrebleu, Thierry, tu aurais dû occire ce Charlot !
    — Messire, mon épée touchait du fer.
    — Rengaine-la ainsi que tes lamentations !
    — Il vaut mieux que tout finisse ainsi, dit Adelis. Point de morts ni chez eux ni chez nous, adonques point de haine.
    Ogier l’approuva et se radoucit : cet échec n’était dû qu’à la fatigue. Lui-même, ses jambes le portaient à peine. D’ailleurs, à quoi bon se plaindre puisque pour l’essentiel ils avaient réussi : la captive était sauve.
    — J’aurais voulu en savoir plus sur ces Bretons… Mais nous les reverrons.
    Il se tourna :
    — Dommage, damoiselle, que nous n’ayons pu les livrer à votre oncle !
    Des frissons agitaient l’inconnue. Elle claquait des dents. Bien que sa robe de lin brochée d’or à l’encolure et à l’extrémité des manches révélât sa haute naissance, elle avait un air misérable. Comme elle vacillait, Adelis la soutint :
    — Apaisez-vous… Vous êtes en sûreté, désormais.
    — Quelle nuit ! soupira Ogier. Si j’ai bien compris, damoiselle, nous sommes loin du chemin de Chauvigny ?
    — Oui, messire. Vous avez dû vous égarer après Poitiers. Il vous fallait passer par Saint-Julien-de-l’Ars. Vous en êtes à deux lieues en dessous.
    Saisissant la torche dans le poing de Raymond, Ogier vit les pieds de la jouvencelle enfoncés dans une mare d’eau crémeuse.
    — Éloignons-nous… Pensez-vous que nous puissions retrouver votre litière ?
    — Non… Mon oncle enverra quérir les corps des deux sergents et du palefrenier. Quant aux mulets et à la basterne [244] , ils auront disparu, sans doute… Le Poitou n’est guère plus sûr que la Bretagne.
    De longues tresses brunes effilochées. Un nez petit, retroussé, au bout duquel perlait une goutte. Des yeux clairs formés en amande. Un menton ferme. « Il est des êtres que la frayeur défigure… enlaidit… Pas elle ! » Et tout au fond d’Ogier, un sentiment naissait.
    Thierry et Raymond ramassèrent et dégainèrent les épées abandonnées. Les prises en étaient lourdes, les quillons courbés ; quant au poignard, sa lame large, triangulaire, indiquant elle aussi une origine étrangère :
    — Ce couteau a l’amure [245] d’un rasoir. Nous n’avons pas de fourreau vide.
    — Si, dit Thierry. Il suffit de raccourcir celui d’une épée.
    Ce fut fait en hâte par Raymond qui, avec l’assentiment d’Ogier, coinça l’arme dans sa ceinture.
    — Les épées sont anglaises, dit-il. Tout cela sent l’armement de rapine.
    — Avec de tels malandrins, Charles de Blois est bien soutenu ! dit la jouvencelle.
    À la clarté du flambeau, son visage

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