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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Maître Anseaulme, le bordelier près de Saint-Front [24] .
    — Et alors ?
    — Elle avait pas à faire des façons… même si la seule fois que je l’ai prise, il m’a fallu lui faire violence.
    Ogier considérait cette face glabre aux yeux de rat. « L’infect ! Qu’ai-je été m’en encombrer ! » Son cœur secouait sa poitrine d’où nul cri de dégoût ne parvenait à jaillir. Des misérables. Tous des misérables. Norbert volontairement, Adelis sûrement contre son gré. « Et moi qui me rassasiais de sa nudité et qui… » Non, jamais, bien qu’ayant eu lui aussi envie d’elle, il n’eût agi comme ce rustique !
    — Que ferais-tu dans mon cas ?
    — Je ne peux pas me voir en protecteur de putes !
    — Et en quoi te vois-tu ?
    Norbert ricana ; il avait des dents carrées, rentrées vers le fond de la gorge. Il puait l’ail. « Il a mangé pendant notre sommeil. »
    L’ire du rustaud éclata :
    — Entre nous, si quelqu’un doit défendre cette ribaude, c’est le maçon, pas vous. De plus, des filles follieuses comme ça valent pas la peine qu’on se querelle.
    — Possible… J’ai cessé d’avoir confiance en toi.
    — Pour si peu !
    — Sur l’instance de Raymond, je t’ai pris comme soudoyer. Maintenant, je sais que je ne puis conserver parmi nous un larron de ton espèce…
    Comme Norbert s’ébaudissait une nouvelle fois, Ogier eut le sentiment d’être un béjaune.
    — Il suffit !… Va seller ton cheval et pars où tu voudras… Pour t’épargner les gabois [25] et reproches de nos compagnons, je leur dirai…
    Il vit le geste et pensa qu’il était sans arme.
    Il saisit des deux mains le poignet de Norbert au moment où l’acier dégainé surgissait. Pour éviter le coup dirigé vers son ventre, il bascula en arrière, entraînant son agresseur dans sa chute.
    — Bon Dieu !… Tu t’en tirais à bon compte !
    Immergé, Norbert lâcha son poignard. Il refit surface et, crachant, voulut se revancher d’un coup de poing. Sans peine, Ogier esquiva son attaque.
    — Va-t’en, te dis-je !
    Le malandrin se détourna comme pour obéir ; en fait, il avait pris son élan.
    Atteint au menton, Ogier retomba, toucha les rochers du fond et sentit un pied lui broyer la poitrine. Il l’attrapa et le tordit. Norbert hurla et s’affala.
    Immédiatement, Ogier fut debout. Il suffoquait, moins d’essoufflement que de malerage. « Le falourdeur [26]  ! L’immonde ! » Saisissant le rustre par le collet de son haubergeon, il le contraignit à se relever puis, d’une furieuse poussée, l’abattit au fond.
    Norbert se redressa et s’ébroua. Hoquetant, titubant, il repartit à l’assaut. Touché, Ogier sentit son front se gonfler. D’un brusque frappement du genou, il renversa son adversaire et le maintint sous le courant, jusqu’à ce que celui-ci, de soubresaut en soubresaut, se libérât dans un éclaboussement d’écume.
    — Tu ferais mieux de partir… Éloigne-toi !
    — Je t’aurai, damoiseau !
    Ils s’épiaient, grelottant de froid et de fureur. Pliés en avant, les jambes écartées, les mains prêtes à s’agripper, c’était à qui trouverait une prise. Norbert, un sourire pincé à la bouche, se pencha brusquement et se releva :
    — Prends ça, Normand !
    Il soulevait un rocher.
    Atteint à la poitrine, Ogier bascula, le souffle brisé. Des serres dures, vibrantes, se crispèrent aussitôt sur sa gorge. «  L’immonde ! » Il étouffait, le gosier en feu, les narines piquantes. Il parvint à saisir la ceinture d’armes de son adversaire et l’attira vers le fond.
    Il était au paroxysme de la forcennerie et ce fut à son tour d’étrangler Norbert et de chavirer pour le maintenir, la face en avant, dans un creux d’eau profonde. Il insista jusqu’à le sentir s’angoisser, jusqu’à ce que les bulles qui gargouillaient en surface fussent devenues moins nombreuses.
    — Bois tout ton saoul !… Enivre-toi à la santé d’Adelis !
    Et soudain, écœuré, il relâcha ses doigts. Tuer, toujours tuer, d’une façon ou d’une autre… Non, pas cette fois !
    Les bras du vaincu ondulaient mollement. Il le saisit par un poignet et le traîna jusqu’à la berge.
    — Tu respires un peu… Remets-toi !
    Il gifla Norbert jusqu’à ce qu’il ouvrît les yeux et reprît haleine. Jusqu’à ce qu’il fût secoué d’un spasme et soudain recroquevillé, vomît. Ensuite, il se retint de le frapper encore. À coups

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