Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
regards.
    — Avant d’expirer, il m’a fait don de son cheval et de ses armes… Hé oui, nous nous connaissions !… Quant à la façon dont il a quitté cette terre, votre Leignes n’a pu vous la raconter tout entière, puisqu’il s’est enfui dès que l’infortuné Breton s’est effondré. Mes compagnons l’ont vu courir comme un coupable. Et pour qu’il vous ait annoncé cette mort sans y avoir assisté – car Kergœt a expiré en ma seule présence –, c’est qu’il savait le coup porté fatal… or donc, qu’il l’avait donné !
    Ogier affronta le regard larmoyant soudain tendu vers le sien.
    — Je m’en veux à présent d’avoir laissé dans le dos de ce mort la lame avec laquelle il a péri… Vous auriez pu la reconnaître !
    Négligeant la baronne attentive, il fit un pas vers Isabelle :
    — Votre sergent devait avoir Kergœt en haine. Et si je vous trouve en un tel état d’affliction, c’est que vous le connaissiez, sans quoi, le fait que j’aie occis un homme, même d’une aussi honteuse manière, ne vous aurait guère destourbée… Quant au reproche sur la truandaille, outre que je n’en ai cure, dois-je vous dire que Kergœt la côtoyait volontiers… et que parmi celle de l’Âne d’Or, votre Leignes se sentait à l’aise ?… Au reste, cette hôtellerie qui m’a fait l’effet d’un coupe-gorge…
    Il s’interrompit : le souvenir d’Adelis flamboyait dans sa mémoire. Aussitôt, la colère le prit :
    — Damoiselle, ce dont je suis sûr à présent, c’est que Kergœt comptait dans votre vie !
    À nouveau, Isabelle baissa la tête. Sa confusion valait un aveu. Elle avait autrefois fréquenté le Breton. Où et comment ? S’en était-elle éprise ? Après tout, ces sortes d’amours existaient : certaines jeunettes s’éprenaient volontiers d’hommes d’âge mûr qu’elles paraient souventefois de vertus imaginaires. Et Kergœt ? La rumeur le disait amoureux de Jeanne de Montfort…
    — Damoiselle, hier, je vous délivrais ; ce soir vous vous êtes engrinée et enflambée à mon égard pour une vilenie dont vous auriez dû accuser celui qui vous l’a rapportée. Je ne vous reconnais plus… Sans trop savoir pourquoi, j’hésitais à porter vos couleurs. Cette fois, fermement, je puis vous dire que j’y renonce.
    — Oh ! s’exclama la baronne. Isabelle m’a dit que vous aviez accepté.
    — Vraiment ?
    — Leignes l’a abusée. Il faut…
    Après un geste cassant à la tante, Ogier se tourna vers la nièce suffoquée :
    — Si vous êtes élue reine de ces liesses, vous aurez à vos pieds une cour de chevaliers… C’est le bonheur que je vous souhaite !
    Pressé, soudain, de saluer le baron, il poussa la porte de la salle.
    « Sang-Dieu, Adelis était pleine de bon sens à côté de ces femelles ! »
    Adelis… Il se sentit seul, soudain, et le remords le prit, assorti d’une rage stérile : qui avait commis ce forfait ?
     
    *
     
    Guy II sommeillait près de l’âtre, ses lévriers à ses pieds. Il s’anima entre les accoudoirs de sa cathèdre :
    — Ah ! vous voilà, Fenouillet.
    Tout comme le visage un instant défripé, la voix exprimait la bienveillance. Ogier s’en trouva soulagé.
    — Leignes m’a rapporté qu’on s’était battu à l’Âne d’Or… à cause d’une ribaude.
    — Une bateleuse, messire… Et votre sergent vous a dit que j’avais percé un homme dans le dos… Il est vrai que j’ai meurtri un malandrin. Il m’avait assailli. C’était Ramonnet.
    — Le sergent de Richard de Blainville !… Hier, il était encore parmi nous…
    La baronne et sa nièce s’étaient approchées. Statues du recueillement et de l’attente, elles faisaient face au feu.
    — Ramonnet m’a contraint à me défendre. C’est pendant que je l’affrontais que l’autre est mort d’un coup de traîtrise.
    — Leignes m’a dit ignorer son nom. N’est-ce pas, Isabelle ?
    Ogier ne se détourna pas. Les yeux fixés sur ce baron impotent dont la curiosité devenait exigeante, il révéla :
    — Cet homme était un Breton : Jaquelin de Kergœt.
    — Kergœt !
    Ogier surprit le regard que Guy II, sous l’ombre du chaperon, reportait promptement sur sa nièce. Leignes, il en fut certain, connaissait Kergœt.
    — Je ne l’ai jamais vu. Ce que j’en ai appris pendant la guerre de Bretagne est bien maigre… Quand Montfort est allé quérir le trésor de famille à Limoges, Kergœt

Weitere Kostenlose Bücher